A une encablure de la Sicile, Malte égrène son chapelet d’îles en or
À UN JET DE COQUILLAGES DE LA SICILE, MALTE DÉPLOIE UN CHAPELET D’ÎLES EN MÉDITERRANÉE QUI CONJUGUENT SOLEIL, GOURMANDISES ET MERVEILLES HISTORIQUES.
Une mer qui prend des teintes caraïbes ou se pare d’un bleu si profond que l’on ne peut en distinguer le fond. Une végétation rare et un soleil qui se fait écrasant dès le début de l’été. Des tomates juteuses, gorgées de soleil, dont on tire une puissante et délicieuse pâte à tartiner pour l’apéro. Posées au large de la Sicile, ces îles de Méditerranée – qui pourraient nous sembler familières – sont parfaitement originales. La première chose qui frappe, c’est le verbe. Le maltais a ceci de particulier que l’on en reconnaît certains mots, mais absolument pas le sens. Cette langue, qui mêle grammaire arabe sur des sonorités latines, est totalement dépaysante. Pour finir de nous désorienter, on y roule à gauche et tout le monde y parle un anglais parfait, seconde langue du pays.
D’or et de bleu, La Valette
Des églises partout, des saints et des vierges à chaque coin de rue… Il n’y a pas de doute, La Valette, promue cette année Capitale européenne de la culture, garde l’empreinte d’un ordre religieux. Les moines chevaliers, qui avaient dû quitter Rhodes au XVIe siècle, se sont vu offrir ce caillou en Méditerranée et y ont construit une ville forteresse d’une grande modernité pour l’époque, La Valette. Des rues perpendiculaires, plus ou moins étroites, des façades sobres, agrémentées de-ci de-là de fenêtres baleines, dont l’arrondi des barreaux permettait à la maisonnée d’observer la rue sans risque. La cité a beau montrer un visage austère, elle ne peut s’empêcher de s’embraser lorsque sa pierre calcaire est affleurée par les rayons du soleil. Une ville d’or s’offre alors. Et des trésors, il y en a des centaines au détour de ses rues. Le premier, et le plus spectaculaire, est sans doute la Co-Cathédrale Saint-Jean. Sa façade sévère cache des merveilles baroques, des rouges et des ors, du marbre et un Caravage ! Le second, à couper le souffle, est sans conteste la rade des Trois Cités. D’un bateau traditionnel, ou d’un ferry dodu, on s’en prend plein les yeux : remparts, jardins suspendus (Upper Barrakka), forteresse… Le décor qui claque entre ciel et mer nous transporte dans une autre époque. D’ailleurs, nombre de films historiques ou de séries sont tournés ici : Game of Thrones y a même son circuit touristique.
Malte, version minérale
Une route étroite, des falaises plongeant dans une mer d’un bleu profond quelque 250 m plus bas, des murets de pierres… Au volant d’une voiture, on n’en mène pas large sur les Dingli Cliffs, au sud-ouest de l’île, mais la vue est spectaculaire et vaut vraiment le détour. Un peu plus loin, on pourra rejoindre la grotte
bleue ; le village de pêcheurs de Marsaxlokk, très animé le dimanche. On peut également filer au nord-ouest sur la plage de Ghajn Tuffieha (en maltais, la prunelle de ses yeux), une belle et rare étendue de sable blond.
LA VILLE NOBLE. À l’intérieur des terres, passés les remparts de Mdina, ce sont des ruelles étroites, de lourdes portes, des murs hauts… et puis la cathédrale, l’autre, celle qui fait le pendant à Saint-Jean de La Valette. On appelle Mdina la Ville du silence, comme si, en ayant perdu son statut de capitale, elle avait refermé les portes de ses palais patriciens et laissé à ses descendants l’intimité d’une cité abandonnée. Pour en avoir une idée, on visite le Palazzo Falzon (10 €), l’une des rares demeures aristocratiques ouvertes au public. Puis on va savourer un délicieux gâteau ou un pastizz à la Fontanella, un salon de thé avec terrasses et vue à 180° (Bastion Street).
LA VALETTE PRATIQUE
PAUSES GOURMANDES. On ne rate pas les pastizzi, feuilletés à la ricotta ou aux petits pois, à déguster en flânant. Envie d’un plat typique et roboratif : on s’offre une ftira (sorte de pizza) chez Ta Nenu (143 St Dominic Street, nenuthebaker.com).
Mais pour de la cuisine moderne, savoureuse et originale, on réserve chez Noni (211 Republic Street, noni.com.mt). LA VISITE FUN. À bord d’une voiture électrique parlante, on se laisse guider. Points de vue, histoire, pauses-café et selfies, le GPS nous mène à l’assaut des Trois Cités. Rolling Geeks, 75 € les 2 h 30 pour 4, port de Birgu, rolling-geeks.com L’ATTRACTION GEEK. Un chevalier en 3D nous fonce dessus dans la reconstitution du siège de 1565 ; on prend son envol avec le faucon maltais pour découvrir les sites préhistoriques et les merveilles de l’île… Le spectacle numérique donne une bonne idée des choses à aller voir. Malta 5D, 9 € et 6 € pour les moins de 14 ans, 7 Old Bakery Street.
LA PAUSE CULTURE. Le Muza, le nouveau musée, qui a investi et entièrement restauré l’Auberge d’Italie (siège des chevaliers italiens du XVIe siècle), propose une expérience culturelle nouvelle. On peut le traverser, picorer ou s’immerger dans l’art. Ouverture prévue courant juin alors que la saison culturelle va battre son plein tout l’été. muza.heritagemalta.org et l’agenda du programme culturel sur lavalette2018.fr OÙ DORMIR ? Au coeur de la vieille ville, paradoxalement, c’est ici que les nuits sont plus calmes. Le 66 Saint Paul’s est un boutique hôtel installé dans une vieille demeure de La Valette. Murs blonds, patio intérieur, petite piscine et vue sur le port pour les chambres des étages les plus élevés. A partir de 145 € la ch. double, petits dŽj. compris. 66saintpaulsmalta.com
Gozo, l’île écolo
Lorsque l’on embarque sur le ferry pour l’île de Gozo, on suit le flot de Maltais qui s’égayent prestement sur le bateau. Ce n’est que quelques minutes plus tard que l’on se rend compte que l’on n’a pas payé notre passage. Cela se fera au retour, pour une modique somme. Gozo est, dit-on, le potager de Malte, et à voir les fermes qui ponctuent son doux paysage et proposent à la vente de délicieuses confitures, une pâte de tomates au goût puissant, de l’huile d’olive et du miel, on resterait bien dans ce paradis gourmand. Il y a aussi de belles randonnées à faire pour ceux qui passent quelques jours sur l’île. Pour les autres, il n’y a pas une minute à perdre. La citadelle Victoria, qui domine la plaine, vaut le détour pour sa vue. En route vers les mystérieux temples mégalithiques de Ggantija, on longe des salines, le sel de Gozo est réputé. La petite incursion dans les temps préhistoriques délie l’imagination, on reste rêveur devant la finesse des objets retrouvés sur ces sites exceptionnels. Avant d’aller plonger dans les eaux turquoises de Comino, à 10 min en Ferry de Gozo…
PRATIQUE
FERRY. Pour Gozo, 4,65 €, gozochannel.com Pour Comino et son lagon, 10 €, cominoferryservice.com IL EST FRAIS MON POISSON. Chez Ta’ Philip, on est sûr de la qualité de son assiette, à Mgaar, non loin du ferry. taphilip.com
EMPLETTES. On s’arrête en bord de route chez Ta’ Mena. La petite baraque ne paye pas de mine mais on y trouve la délicieuse Kunserva Helwa
(pâte de tomates maturées au soleil) et d’autres bocaux gourmands. tamena-gozo.com OÙ DORMIR ? The Duke, un hôtel avec vue sur la citadelle de Victoria, ouvert depuis un an. A partir de 85 €, Republic Street, Gozo. thedukehotelgozo.com Y ALLER. Air Malta propose des vols directs de Paris-Orly vers Malte, à partir de 98 € l’AR. airmalta.com
À LIRE. Le très complet et tout récent Géo Guide Malte, 15,50 €. EN SAVOIR PLUS. visitmalta.com/fr