Devant l’église romane, des diseuses de bonne aventure déplient vos mains comme on entrouvre un livre. « Ma belle, laisse-toi faire, c’est une coutume ici ! » Dans vos paumes se cachent le paradis et l’enfer, le miel et le fiel. Juste à côté, un homme prend sa guitare, tandis qu’une Gitane fait monter son chant vers le ciel. Ainsi soit-il. Ainsi soient-elles. Dans cet ancien village de pêcheurs, ce sont les femmes qui mènent la danse. À l’image des trois Maries qu’on vient prier avec ferveur : MarieMadeleine, Marie Jacobé et Marie Salomé, ainsi que Sara, la patronne noire des Gitans. C’est pour elles qu’on s’agenouille ; c’est à elles qu’on offre sa couronne de communiante en guise d’ex-voto. Dans les boutiques de la rue Victor-Hugo, Suisses et Marseillais s’arrachent des petits bouts de Sara, en version fluo : un coussin rose et vert perroquet ; une assiette et un éventail.