NOTRE PART DU GÂTEAU
Maison de la chantilly, boutique à éclairs, cheese-cakes, madeleines, meringues, tartes tropéziennes... Hyper tendance, les pâtisseries monoproduit ne font que perpétuer notre quête millénaire de douceurs, raconte l’historienne Maguelonne Toussaint-Samat, dans un délicieux petit livre, Le sexe des g‰teaux
(éd. de l’Epure). Premier bec sucré vegan de l’humanité ? Abraham. Pour honorer des hôtes de passage, il charge Sarah de cuire un gâteau sans oeuf – les nomades de Canaan n’ayant pas de basse-cour au Néolithique – à base de farine levée, imbibé de sirop de dattes. Dégusté au temps des pharaons, il existe encore ! Les Egyptiens n’avaient pas moins de 15 mots pour différencier pains et gâteaux d’orge, d’épeautre ou de blé, aromatisés au carvi, fenouil, pavot, sucrés de miel, caroube, figue... Champions de la pâtisserie, les Grecs inventent un four performant et y enfournent 80 sortes de gâteaux : au fromage blanc et au miel, flans au lait, même des gaufres. On leur doit les premières pâtisseries coquines, moulées sur le sein d’Aphrodite, ou des gâteaux-triangles fendus, recouverts de graines de sésame, suggérant le sexe féminin, en l’honneur de la déesse-mère Demeter. Chargées des gâteaux sacrés dans l’Antiquité, les femmes se voient interdire l’accès aux professions de boulanger (on disait alors « talmelier ») et de pâtissier au Moyen Age. Mais c’est grâce à Catherine de Médicis, fan de brioche et de frangipane, et à Anne et Marie-Thérèse de France, cacao-addicts, que la pâtisserie française prendra son envol...