Avantages

On est toutes et tous fous de food… Mais pourquoi on ne pense qu’à ça ?

BLOGS CULINAIRES, PHOTOS DE PETITS PLATS SUR LES RÉSEAUX, CHEFS STARIFIÉS SERVIS SUR PLATEAUX TÉLÉ : NOS ASSIETTES DEVIENNENT UN TERRAIN DE JEU, DE DISCUSSION­S ET D’EXHIBITION INFINI... TOUS FOUS DE FOOD !

- par et ISABELLE SOING MARIE LE MAROIS

Pizza arc-en-ciel, « latte » arty, « mockails » sans alcool... à l’ère digitale, la nourriture, comme la mode, a ses tendances et ses ingrédient­s stars. Sur Instagram et Facebook, les hashtags se multiplien­t comme des petits pains tandis que les photos et autres vidéos culinaires nous font baver d’envie. Et ça cartonne : « Celui qui regarde n’a qu’une envie : y plonger les doigts, y coller sa langue et prendre cette nourriture en bouche », décrypte Nathalie Helal, journalist­e en radio et télé, spécialisé­e en gastronomi­e (lire encadré

« 3 questions à… »). Mises en scènes soigneusem­ent étudiées, photos retouchées, filtrées, éclairées… Ces textures appétissan­tes, avec gros plans explicites sur des coulées de chocolat ou des burgers super alléchants, ont d’ailleurs popularisé le terme « food porn(ography) », forgé par la journalist­e britanniqu­e Ros Coward. Dans son livre Female Desires, elle évoquait déjà, en 1984, le plaisir quasi orgasmique de la cuisine, suggéré dans les magazines.

Vade retro, tentations

Jouer avec sa nourriture devient d’ailleurs l’ultime transgress­ion de nos principes d’éducation : ainsi, le « Fruit art » nous invite à sculpter nos fruits et légumes tandis que le « Food Jenga » nous propose d’empiler chips, biscuits et autres gourmandis­es façon Kapla. N’importe quoi ? Peut-être, mais avouons-le, nous ne sommes pas les dernières à suivre ces tendances. La nourriture reste notre sujet de prédilecti­on : selon Instagram, le hashtag #Food a été posté plus de 200 millions de fois depuis la création de la plateforme en 2010. Le compte Facebook de Larousse, où s’affichent saveurs d’ailleurs et recettes de terroir revisitées au Thermomix , comptabili­se 30 millions de pages vues par mois. L’alimentati­on est d’ailleurs dans le top 3 des recherches sur le Web, après le sport et les voyages* et 39 % des 18-35 ans y donnent leur avis sur les marques et les produits*. Mais elle est aussi un sujet d’inquiétude : l’origine de nos aliments, leur mode de production… nous préoccupen­t de plus en plus. Comme le dit l’un des quatre héros de la BD numérique d’anticipati­on**,

imaginée par la chaire ANCA (Aliment Nutrition Comporteme­nt Alimentair­e) et AgroTech,

« Avant, on bouffait, maintenant, on mange... » Tous toqués ? Dégainer son smartphone pour photograph­ier son assiette (près de 50 % des 18-24 ans partagent ces clichés sur les réseaux) est devenu une pratique si courante que certains restaurate­urs l’interdisen­t. Qu’à cela ne tienne, si on ne peut plus shooter ses légumes rôtis en paix, on embauchera de jeunes chefs qui se déplacent à domicile (on fait son casting sur labelleass­iette.fr). Ou on festoiera au Pitchfork Music ou au Vegan Pop Smmmile Festival***, où la nourriture compte autant que les concerts, avec ateliers culinaires et tables rondes pour manger sainement : adieu saucisse-frites, vive les burgers végétarien­s ! Manger nous obsède, c’est sûr, et bien manger peut-être plus encore. Et même en vacances : pour 61 % des sondés d’une étude menée par le site de voyage booking.com, la bonne chère reste un critère décisif dans le choix de leur destinatio­n. Et ce n’est pas un hasard si la Malaisie, ses spécialité­s métissées et ses marchés de rues où on prépare les plats devant vous, arrive en tête du classement.

J’ai monté un collectif de chefs bistronoma­des

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