BALADE DE CHARME
dans les Corbières, surveillées depuis des siècles par les châteaux cathares
Quéribus, SENTINELLE DU VIDE
Campé à 728 m, le plus célèbre des châteaux cathares a belle allure. Tutoyant le ciel sur son rocher pelé, il affiche sa volée d’escaliers, son donjon construit au XIe siècle, et rappelle qu’il fut l’une des pièces maîtresses du dispositif défensif français mis en place en 1258 pour veiller sur la ligne frontalière. Fier et rebelle, ce château-là fut l’un des derniers bastions à tomber aux mains des Croisés. Sa silhouette est magique, son passé impressionnant. Depuis ses salles cachant un corps de logis, une citerne ou les traces d’une cheminée résonne l’histoire de la Croisade contre les Albigeois. Ouvertes sur un paysage s’étirant jusqu’à la Méditerranée, ses fenêtres donnent à rêver. Droit devant, un rapace plane dans les airs. Au loin, la plaine du Roussillon. En contrebas, le village de Cucugnan, celui-là même qui inspira Alphonse Daudet et dont le curé fut incarné par Fernandel et Fernand Sardou. Un décor d’une puissance évidente et qui justifie à lui seul la demande que ces châteaux soient classés par l’Unesco.
Peyrepertuse, VAISSEAU AMIRAL
Silhouette allongée, Peyrepertuse est comme couché en haut d’une falaise calcaire. Épousant parfaitement les ondulations du relief, ce château a l’allure d’un vaisseau de pierre. Le long des flancs de son piton couleur garrigue, les marches s’enchaînent vers la forteresse médiévale. Comme si elle voulait défier le vide, elle aligne ses 2 km de remparts et ses 3 enceintes. À l’intérieur, une salle aux voûtes gothiques impose le silence. Peyrepertuse… dans le secret de son histoire qui vit passer les garnisons, le château s’agrippe à la falaise comme un roi à sa couronne. À ses pieds, le village de Duilhac se joue des plis calcaires et se noie dans un océan de vignes. Avec ses toits de tuiles ocre et ses ruelles pleines de charme, il distille des parfums médiévaux. Il faut s’y perdre avec délice, découvrir sa « Fontaine des Amours », son ancien moulin à huile, sa porte en plein cintre et les vestiges de ses murailles.
Puilaurens, LE BON CRƒNEAU
Un étonnant château. Comme sur un dessin d’enfant au tracé parfait, ses créneaux s’étirent entre ciel et terre. Coiffant le mont Ardu à 697 m, Puilaurens est l’une des forteresses royales les mieux conservées et un haut lieu de légendes. Entre Languedoc et Catalogne, il émerge de la sombre forêt des Fanges, hier exploitée par Colbert pour ses hauts sapins. Aujourd’hui, pour y accéder, il faut emprunter un sentier qui serpente entre les nombreuses chicanes élevées pour barrer le chemin des assaillants.
Tout là-haut, la tour de la Dame Blanche semble imprenable. Une fois arrivé, une vue splendide attend les courageux qui verront apparaître le Canigou d’un côté et les contreforts des Corbières de l’autre. En contrebas, le village de Lapradelle-Puilaurens a gardé ses maisons en pierres et ses balades rafraîchissantes, dont celle au coeur des gorges de la Pierre Lys. Dans les tourbillons de l’Aude, au creux d’un défilé de falaises de 300 m de haut !