MÉDECINE DOUCE.
La douleur résiste aux médocs ? Heureusement, des alternatives existent
Mal de dos : stop aux antidouleur, frayons avec le diable !
Si on est tentée de se ruer sur les anti-inflammatoires pour calmer la douleur, ceux-ci ne feraient pas mieux qu’un placebo pour atténuer une lombalgie aiguë ou chronique. C’est le verdict d’une méta-analyse sur plus de 6 000 personnes1, qui souligne que ces médicaments soulagent seulement 1 personne sur 6 et, ce, au bout de 15 jours (c’est long quand on souffre !). En revanche, le risque de problèmes gastrointestinaux, pouvant aller jusqu’à l’hémorragie du tube digestif, est multiplié par 2,5. Alors, on se replie sur le paracétamol ? Non, répond une autre étude, car il est peu efficace sur ce type de douleur et n’écourte même pas la convalescence2.
L’alternative naturelle : l’exercice (marche, yoga, Pilates…), indispensable en prévention et pour se remettre d’aplomb. En cas de crise, on mise sur l’harpagophytum (aussi appelé griffe du diable). Cette plante renferme de l’harpagoside, une molécule aux effets anti-inflammatoires et antidouleur rhumatismale prouvés. Une consommation quotidienne de 50 à 100 mg d’harpagoside, sous forme de gélules, aiderait à stopper le mal de dos sans effets secondaires3. En complément, on file chez l’ostéopathe ou le chiropracteur. Dans un rapport de 2013, l’Académie nationale de médecine reconnaît et approuve l’intérêt de ces thérapies manuelles sur les douleurs aiguës du dos et des cervicales. 1/ « Annals of Rheumatic Diseases » (2017). 2/ « The Lancet » (2015). 3/ « Revue Cochrane » (2013)
Maux de tête chroniques, l’acupuncture les éloigne
Depuis la découverte des triptans (des médicaments spécifiques de la migraine), de nombreux malades gèrent mieux les crises. Mais chez certains migraineux, ils n’apportent pas satisfaction. Et chez d’autres, c’est au contraire l’abus de médicaments qui provoque des céphalées chroniques. « La meilleure stratégie reste donc de prévenir au maximum les épisodes de migraines pour réduire les traitements chimiques, ce que permettent certaines thérapies complémentaires », insiste le Pr Julien Nizard, chef du service Douleur, soins palliatifs et de support au CHU de Nantes.
L’alternative naturelle : on la trouve du côté de la médecine chinoise. « L’acupuncture est au moins aussi efficace que le traitement médicamenteux prophylactique (c’est-à-dire en prévention), voire plus efficace, et entraîne moins d’effets indésirables », peut-on lire dans un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale4. Les études sont suffisamment convaincantes pour que les experts recommandent cette thérapie à leurs patients, même s’il n’existe pas de séance « standard » : « Le traitement n’est pas figé, le choix des points à stimuler, la durée du suivi dépendent de l’état du patient ainsi que du praticien », précise le Pr Nizard. 4/ Evaluation de la sécurité et de l’efficacité de l’acupuncture, 2014
Moins d’antibios grâce aux huiles essentielles
À force d’utiliser des antibios pour un oui ou pour un non, on se retrouve face à des microbes résistants aux traitements et dont on n’arrive plus à se débarrasser. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette résistance constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. Si l’on n’inverse pas la tendance, le risque est grand de se retrouver d’ici peu avec des infections courantes et des petites blessures qui redeviendront mortelles faute de traitement efficace.
L’alternative qui marche : on ne zappe pas les antibios quand ils s’avèrent indispensables, mais on les combine aux huiles essentielles5. Si ces dernières devraient permettre, à terme, de réduire les doses, elles ont un autre avantage : leur structure moléculaire est bien trop complexe pour être décryptée et déjouée par les bactéries. Même si on en prend souvent, il n’y a donc aucune résistance. En attendant les gélules qui combinent ces deux thérapeutiques, on essaye, par exemple, l’huile essentielle de tea tree pour enrayer les infections urinaires ou celle de niaouli pour les pépins au niveau des voies respiratoires (angine, sinusite, bronchite…). Demandez conseil au pharmacien pour bien les utiliser. 5/ « The Open Microbiology Journal », 2014
Jambes lourdes : rien ne vaut l’extrait de pin
L’efficacité des veinotoniques, ces médicaments destinés à stimuler le retour veineux, laisse à désirer. À tel point que la plupart d’entre eux ont été dé-remboursés ces dernières années, parfois au grand dam des patients qui continuent à les utiliser. Mais pour lutter contre les gambettes gonflées et douloureuses, les bas de contention et les plantes semblent le meilleur choix.
L’alternative qui marche : le Pycnogénol ® , un extrait breveté d’écorce de pin maritime originaire de Gascogne (cocorico), qu’on trouve en gélules. Si les preuves de son intérêt pour les problèmes de circulation sanguine restent discutables, elles sont quand même intéressantes : une étude italienne a montré que cet extrait était capable de limiter l’oedème et d’améliorer la circulation de l’oxygène, avec des résultats supérieurs à celui d’un médicament veinotonique (Daflon ® ) 6. 6/ « Clinical and Applied Thrombosis/Hemostatis », 2006
Pour passer une bonne nuit, pas besoin de somnifères
Les autorités de santé tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur notre consommation excessive d’hypnotiques (benzodiazépines et apparentés, type Stilnox, Imovane…) pour dormir. Au-delà de 4 semaines, ils créent une dépendance physique et psychique, sont de moins en moins performants et peuvent entraîner problèmes de mémoire et de concentration.
L’alternative naturelle : « Les thérapies
comportementales cognitives ont une efficacité scientifiquement prouvée sur les insomnies. Il existe des protocoles validés par des études qui garantissent les résultats », précise le Dr Jérôme Palazzolo, psychiatre et professeur de psychologie clinique et médicale7. Selon la Haute Autorité de santé, c’est même la première solution que doivent recommander les médecins face à un patient insomniaque (sans cause physique). En pratique, on commence par réviser notre hygiène de vie (heures de lever et coucher, consommation d’excitants…), avant de s’attaquer aux peurs liées au sommeil (« si je ne dors pas, je ne vais pas assurer au boulot », « je ne vais pas arriver à me lever demain », « je risque de ne jamais me réveiller »...). « On apprend à mettre de la distance, à examiner ces pensées avec un regard critique grâce à des exercices pratiques et on s’initie à des techniques de relaxation », poursuit le psychiatre. Un travail qui demande généralement une dizaine de séances, réparties sur plusieurs mois. 7/ Auteur de « Stop à l’anxiété sans médicaments », éd. Leduc.s
LES THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES ENTRENT À LA FAC
Votre médecin vous rit au nez lorsque vous lui parlez d’auriculothérapie ? Il est dubitatif quand vous lui affirmez que des granules vous aident à dormir ? Pour en finir avec cette situation, une trentaine d’universitaires de diverses disciplines (médecine, psycho…) se sont réunis au sein du Collège universitaire des médecines intégratives et complémentaires (CUMIC). Leur but : faire un état des lieux des pratiques existantes en France, afin de proposer aux futurs médecins une formation de base aux thérapies complémentaires. Une sorte de culture générale des médecines douces, fondée sur la recherche scientifique, qui devrait permettre d’échanger en toute sérénité. Et d’être mieux soigné !
La méditation rivalise avec les antidépresseurs
Les antidépresseurs font régulièrement la une des médias, soit parce qu’ils sont accusés de ne pas être assez efficaces, soit à cause de leurs nombreux effets secondaires. C’est vrai, ils ne sont pas parfaits. « Mais ils restent indispensables pour soigner les dépressions sévères, explique le Dr Palazzolo, en revanche dans les formes légères de la maladie, il y a parfois d’autres solutions, tout comme pour prévenir les récidives. » L’alternative qui marche : la méditation de pleine conscience, et plus particulièrement la MBCT (Meditation
Based Cognitive Therapy, un dérivé de la MBSR, centrée sur le traitement de la dépression). Selon une métaanalyse récente, elle fait baisser le risque de rechute, même plus d’un an après la maladie, et son efficacité semble supérieure aux traitements classiques8. Autre bonne nouvelle : cette méthode apparaît d’autant plus bénéfique que la dépression a été sévère9. 8/ « JAMA Psychiatry » (2016) 9/ « Health Technology Assesment
Bye-bye douleurs et ballonnements grâce à l’hypnose
Malheureusement, à l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement pharmacologique qui soulage le syndrome de l’intestin irritable. Il faut se contenter de traiter au coup par coup les problèmes fonctionnels (diarrhée ou constipation, par exemple). L’alternative qui marche : l’hypnose. C’est en tout cas la conclusion des chercheurs qui ont passé en revue la littérature scientifique sur le sujet10. Et, bonus, après avoir suivi quelques séances avec un pro, on peut retrouver les bienfaits de cette technique à la maison grâce à des exercices d’autohypnose. 10/ « Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose », Inserm (2015)