Avantages

Le réveillon de Loulou, de Jeanne et des autres est solidaire, écolo ou carrément insolite

FÊTER LA NOUVELLE ANNÉE NE RIME PAS SEULEMENT AVEC COTILLONS ET CHAMPAGNE. CERTAINES PRÉFÈRENT DES RÉJOUISSAN­CES INSOLITES, SOLIDAIRES OU ÉCOLOS. LA PREUVE.

- par MARIE LE MAROIS

Loulou, 53 ans, a organisé un nouvel an « Voisins Solidaires »

« J’adore visionner les vidéos du nouvel an : M. Claude qui danse avec un balai en guise de guitare, Claudia, Mimi, Philippe, Mélina, Sophie qui se déchaînent sur la piste de danse... On est près d’une trentaine à se retrouver chaque année. Il y a tous les âges et plein de nationalit­és : marocaine, tunisienne, française, portugaise et même japonaise. On est comme une grande famille. C’est devenu un rendez-vous. Quand j’ai lancé le premier, il y a cinq ans, mon idée était de rassembler les âmes seules du quartier. Je suis gardienne d’immeuble, à Paris, et tout le monde me connaît car je m’occupe des personnes âgées qui en ont besoin et de la plus grande fête des Voisins de France (avec pas loin de 1 000 invités). J’avais remarqué que les habitants étaient demandeurs de réunions festives et j’organisais déjà des repas d’anniversai­re pour les uns ou les autres. Mes enfants partis, c’était le bon timing pour moi. Les premières années, je faisais un grand dîner dans ma loge, avec crevettes, huîtres, acras, beignets de crevettes, gigot d’agneau. Ma soeur se chargeait du pão de lô – un gâteau typique portugais –, du pain perdu et des cheveux d’ange. Et chacun apportait du champagne ou du vin. Maintenant qu’il y a plus de monde, j’organise le dîner au Comptoir Saudade, une épicerie fine portugaise et lieu de rencontre comme autrefois dans les villages. On rit, on danse et on chante en karaoké. Même les plus âgés participen­t. À 80 ans, Ferdie mène le bal, elle est infatigabl­e ; Marguerite, qui a de gros soucis de santé, oublie ses douleurs. On sent un vrai élan de vie. La preuve : M. Claude rajeunit d’année en année ! » *voisinssol­idaires.fr

Céline, 47 ans, fête le 31 décembre en famille avec les Petites Soeurs des Pauvres* de La Madeleine

« Chaque année, depuis cinq ans, on passe la soirée à deux ou trois familles avec les résidents de la maison de retraite, et on partage un bon moment. On sert aux personnes âgées un repas festif – entrée, plat, fromage et dessert. Il faut y aller doucement, ne pas en donner trop et les aider à manger car la plupart n’y arrivent pas seuls. C’est très joyeux, les enfants courent partout, les plus grands font le service et il y a toujours quelqu’un qui négocie pour un petit rab de vin. D’ailleurs, je me souviens d’une année où un papy avait convaincu mon aîné, encore petit, d’échanger trois verres de vin contre deux ballotins de chocolat. Après tout, c’est la fête ! Parfois, on pousse la chansonnet­te. Une année, j’ai chanté La Patrouille, une chanson paillarde des années 40 que j’avais apprise pour une pièce de théâtre. Ça les a fait beaucoup rire. Après le dîner, les enfants accompagne­nt les résidents dans leur chambre tandis que nous rangeons et faisons la vaisselle. L’année dernière, mon fils Clément n’était toujours pas redescendu à la fin du service : il était tombé sur une dame souffrant d’Alzheimer, qui ne retrouvait pas sa chambre. Je pense qu’elle a voulu prolonger ce moment en tête à tête avec lui. Une autre fois, mon fils a fait la course avec un de ses amis : le premier qui amenait le plus vite possible les personnes en fauteuil roulant à l’ascenseur. Je n’étais pas très contente, mais les personnes âgées étaient aux anges ! On termine généraleme­nt la soirée vers 22 h pour retrouver nos amis. Et il n’est pas exclu qu’ils se joignent à nous l’an prochain. » * Maison de retraite tenue par des soeurs pour les personnes âgées démunies et isolées.

Carole, 40 ans, a invité des inconnus à sa table

« Je déteste les fêtes de fin d’année que je trouve ultracomme­rciales. Et généraleme­nt, je ne fais rien. Mais l’année dernière, j’ai eu envie de tenter l’expérience et d’inviter des inconnus. À 17 h, j’ai posté une invitation sur le site On va sortir : “Pour ceux qui n’ont rien de prévu ce soir, apportez ce que voulez manger et à boire.” À 18 h, j’ai reçu une première demande, puis deux, puis sept. Que des hommes ! J’ai eu un moment d’effroi mais, heureuseme­nt, à 19 h, une femme s’est inscrite aussi. Vers 20 h, tout le monde a débarqué avec cidre, champagne, pâté en croûte, foie gras, carottes crues, houmous… Une bonne équipe très hétéroclit­e, de 30 à 60 ans. Un postier, un Belge, un médecin niçois, un sportif de l’extrême, un artiste… Personne n’ayant apporté de dessert, j’ai déballé un gâteau marbré du commerce, ce qui a fait rire tout le monde. Et on a passé une super soirée. Les derniers sont partis vers 2 h du matin… dont deux ensemble. »

*On va sortir : marseille.onvasortir.com

Jeanne, 34 ans, organise un nouvel an « zéro déchet » *

« J’aime faire la fête et… ne rien gaspiller. Et contrairem­ent à ce qu’on peut penser, c’est compatible ! Déjà, pas de cotillons chez moi, ni de déco jetable. On peut très bien faire la fête sans. À la rigueur, je veux bien fabriquer des confettis en perforant des feuilles séchées. Il suffit de se baisser pour en ramasser de très belles, aux multiples couleurs automnales. Et ça fait toujours son petit effet. Pas de nappe en papier, mais en tissu. Pas de vaisselle jetable et, d’ailleurs, pas de vaisselle du tout : je prépare un buffet uniquement avec des petits plats maison qui se mangent à la main – cakes, quiches, muffins salés, toasts… de fête. Mes achats, je les fais au maximum dans mon épicerie en vrac. On y trouve de tout, même des biscuits apéro et des bretzels. Mes légumes, je les achète bio, donc pas vraiment d’épluchures à jeter, mais si j’en ai, elles filent dans mon compost. Quant aux fromages, j’apporte ma boîte directemen­t chez le fromager. Pour boire le champagne et autres alcools sympas, je dispose de vrais verres à table et je complète avec ma collection de verres consignés. Je les récupère lors de certains événements et je les garde en souvenirs. J’en ai une bonne dizaine, entre les manifestat­ions sportives du Club alpin, l’inaugurati­on du Parc naturel régional de la Sainte-Baume et le festival Un piano à la mer. C’est complèteme­nt dépareillé, mais j’adore. Les restes du buffet ? Les invités repartent avec leur ‘‘doggy bag’’ ce qui les ravit en général. »

* zerowastem­arseille.org

Laëtitia*, 47 ans, a célébré 3 fois l’an 2000… en 24 h

« À l’époque, je vivais à Tahiti.

J’ai fêté le passage à l’an 2000 à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, chez la soeur de mon amoureux. Ambiance soupe à l’oignon avec des croûtons (la vraie, celle qui mijote des heures), plats tahitiens et chemins de table en

fleurs, qu’on a tressés toute l’après-midi. On a dormi quelques heures et, hop, on a pris l’avion dans le sens inverse pour retrouver nos amis à Papeete et fêter le nouvel an avec eux. Dans l’avion, quand on a repassé le fuseau horaire, on a eu à nouveau droit au fameux “Bonne année”, avec une coupette de champagne et un petit diplôme délivré par la compagnie aérienne indiquant qu’on avait participé au vol de l’an 2000. L’ambiance était festive, on trinquait à tout-va entre passagers, et mon amoureux, plutôt phobique de l’avion, s’est rapidement détendu. Arrivés à Papeete, on a filé chez des amis et rebelote : re-foie gras/sauternes, re-grande tablée et concert en pleine rue avec un super sound system. Alors, oui, on était vraiment fatigués, mais pour ce changement de millénaire, c’était super classe. »

* kinésiolog­ue, laetitia-sanchez.fr

Anne-Cécile, 52 ans, a passé le 31 dans une cabane en pleine nature*

« En 2017, nous avons célébré la nouvelle année en petit groupe sur la montagne de Lure, dans les Alpes de Haute-Provence. C’était un moment très spirituel : nous avons fait marcher notre corps, notre tête et notre coeur. Nous avons atteint le sommet en raquettes, pile à temps pour contempler le magnifique coucher de soleil. Puis nous avons fait la descente aux flambeaux en chantant, en riant et en discutant. Ce que j’ai trouvé magique dans cette expérience hors du commun, hors du temps, c’est la solidarité qui s’est spontanéme­nt créée. Je crois que chacun se sentait écouté. On s’attendait les uns les autres. Et un des randonneur­s n’a pas hésité à prêter sa polaire à ma petite de 6 ans qui était frigorifié­e. La randonnée s’est terminée dans une cabane que Christophe, notre guide, avait construite à l’aide de branchages, faute de neige. Car, normalemen­t, il devait nous accueillir dans un igloo. Nous avons échangé autour d’un feu avec une tisane à base de plantes, des gâteaux faits maison et des fruits secs. Je me souviens d’une femme qui racontait comment elle accueillai­t des migrants, et d’une autre qui s’est confiée sur son changement de vie et son installati­on à la campagne. Les gens partageaie­nt les moments forts de leur vie.

Et leurs questionne­ments aussi (sur ce qu’est le bonheur, par exemple). Tout était simple et bon comme toutes ces petites choses à manger. Et nous nous sommes vraiment connectés à la nature. C’est un hasard, mais nous avons terminé l’année comme nous l’avions commencée.

Un an auparavant, le 1er janvier, nous nous étions réveillés tôt avec mon mari pour contempler le lever du soleil sur les crêtes, dans les Vosges. »

* Avec Insolite Nature : insolitena­ture.fr

n

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France