Venise, sa lagune, ses ponts, ses vaporettos… sur les traces du commissaire Brunetti, avec Donna Leon
DEPUIS PRÈS DE 30 ANS, DONNA LEON NOUS BALADE DANS VENISE AVEC POUR GUIDE LE PLUS CHARMANT DES POLICIERS, LE COMMISSAIRE BRUNETTI. ENTRE SON DERNIER ROMAN, LATENTATIONDU PARDON, ET UN LONG ENTRETIEN, L’AUTEURE NOUS A OFFERT UNE VISITE DE LA SÉRÉNISSIME TOUT À FAIT ORIGINALE.
Une ville la nuit
« La riva degli Schiavoni était bondée… Il emprunta la via Garibaldi, surpris d’y trouver une telle foule. Le mois de novembre était-il devenu touristique à son insu ? »
Mais oui, Venise attire tout au long de l’année, il faut avouer que toutes les saisons y sont belles. Même sous la pluie, même lorsque l’acqua alta déborde sur la place San Marco… Donna Leon se plaint : « Le jour, votre vision est toujours arrêtée par les vagues de la foule, il faut l’arpenter la nuit pour en saisir toute la beauté grandiose. » Car la ville est très peu éclairée la nuit, il ne faut pas être froussarde pour se lancer dans sa traversée. Mais son conseil d’aller admirer la place San Marco lorsque les cafés ont rangé leurs terrasses, que les badauds sont rentrés, est juste magique. Comme d’emprunter l’un des vaporettos qui sillonnent le Grand Canal. On se couvre bien et on préfère un bateau avec des sièges à l’avant pour profiter pleinement du spectacle. À ce moment, on pourrait se croire transporté dans un autre siècle, au temps de la splendeur de la Sérénissime.
Carte Vaporetto (à laquelle vous pouvez ajouter des entrées de musées et d’églises), 40 € pour 3 jours, sur veneziaunica.it
En panoramique
« Il était entré pour voir les boutiques, puis il était monté sur la terrasse d’où la ville s’était présentée à lui telle qu’il ne l’avait jamais vue auparavant : 360 degrés débordant de beauté et de perfection. »
Brunetti parle ici du Fondaco dei Tedeschi. Entrepôt, puis bureaux, puis poste et, aujourd’hui, centre commercial de luxe, cet édifice du XVIe siècle n’en est pas à sa première révolution. Mais Venise sait y faire, telle une véritable patrie du commerce et de l’art. Ainsi, la fondation Prada a ouvert une nouvelle antenne à Venise, dans un somptueux palais dont les fenêtres donnent sur le Grand Canal. L’anachronisme entre les installations et les ornements provoque une mise en majesté des oeuvres présentées. La collection Pinault a investi la
Punta della Dogana, à côté de la majestueuse basilique Santa Maria della Salute. La Dogana, avec sa vue sur la lagune et la rive San Marco d’un côté, sur l’île de la Giudecca de l’autre, offre un panorama époustouflant du haut de son belvédère.
La terrasse du Fondaco dei Tedeschi est gratuite, mais elle est uniquement accessible sur réservation sur dfs.com/en/venice/t-fondaco-rooftop-terrace fondazioneprada.org et palazzograssi.it
Se perdre avec légèreté
« Une fois dehors, Brunetti marqua une pause le temps de consulter brièvement le GPS interne que tout bon Vénitien possédait dès la naissance… »
Bouclant un des côtés d’un campo par sa façade de briques, San Lorenzo n’est plus une église, mais un lieu d’exposition. Le bâtiment que Brunetti voit de la fenêtre de son bureau est d’une remarquable austérité. Aucun artifice pour venir parasiter les réflexions du commissaire, aucun balcon ouvragé, aucune couleur vibrante ni même de détails architecturaux ou de sculptures délicates. Rien de ce qui nous émerveille à Venise, si ce n’est le charme d’un quartier peu couru, les Vénitiens qui rentrent chez eux à bord de leurs petits bateaux, un élégant qui traverse un pont (mais l’élégance n’est-elle pas dans l’ADN même de l’Italien ?)… Des petits riens qui incitent à délaisser sa carte et à tenter de s’orienter au jugé. Marcher, se perdre, s’arrêter sur un campo, déguster une glace naturale ou boire un café accompagné d’une tarte aux amandes, moins crémeuse que les nôtres. Tenter de se repérer en s’aidant des clochers. Chaque campo, ou presque, possède son église, son belvédère, son horloge. On les repère de loin, reste à ne pas les confondre et, pour cela, mieux vaut faire confiance aux Vénitiens qui, depuis tout petits, s’amusent à les nommer. Pour déambuler malin : « Cartoville Venise », éd. Gallimard-Loisirs, 8,95 €.
L’heure gourmande
« L’odeur des pâtisseries lui parvint aux narines et il se sentit submergé de gratitude envers le café et le croissant, le sucre, le beurre, la confiture d’abricot… Si le diable exigeait ton âme contre un café et une viennoiserie, qu’est-ce que tu dirais ? »
Le commissaire Brunetti est un vrai gourmand. Au fil de ses enquêtes, il nous entraîne dans des restaurants, de minuscules cafés ou encore des pâtisseries, pour lesquelles il a un faible certain. Donna Leon, elle, avoue avoir appris à apprécier la cuisine à Venise. Avec un sourire, elle évoque sa mère, Irlandaise, pour qui cuisiner consistait à ouvrir une conserve, à verser le tout dans une casserole avec beaucoup de beurre et à attendre… que ça ne ressemble plus à rien. Les saveurs délicates de la cuisine italienne ont réveillé son palais et elle valide chaque adresse évoquée dans les enquêtes de Brunetti.
Rosa Salva, un café célèbre pour ses pâtisseries. Donna Leon, qui vécut longtemps dans ce quartier, aime y venir petit déjeuner ou siroter un café, déguster une glace au café… Place Santi Giovanni e Paolo.
Rizzardini. Les deux vitrines de ce bar-pâtisserie regorgent de gâteaux et de tartelettes. C’est aussi un café minuscule où prendre l’aperitivo, debout, accoudé au bar, comme un client du quartier. Campiello dei Meloni.
Al Covo, une bonne adresse que l’on se passe entre amis. Ce restaurant est pris d’assaut, il faut donc impérativement réserver pour y dîner. À l’heure du déjeuner, il est plus facile d’y trouver une table au débotté et l’addition sera plus légère. Calle de la Pescaria.
La Porta d’Acqua. Il faut passer tous les restaurants à touristes du Rialto pour arriver à cette adresse de qualité. On y sert des pâtes aux fruits de mer à tomber. Des bons vins et de doux desserts complètent un repas généreux qui vaut son prix (env. 50 €). Riva del Vin, San Polo.
De la ville au roman
Le commissaire Guido Brunetti résout, certes, des affaires criminelles, mais c’est aussi, et surtout, un mari aimant, un père attentionné et un homme cultivé. Donna Leon avoue avoir choisi délibérément un homme équilibré, avec lequel elle pourrait faire un long chemin, sachant qu’elle poursuivrait son oeuvre d’écrivain avec ce personnage. Il était donc primordial que ce soit un homme bien, une personne dont elle pourrait faire siens les idéaux. Pari réussi, nous nous sommes attachés à ce personnage généreux et fin limier. Son dernier opus nous entraîne une fois de plus dans les méandres de la ville et les strates de la société vénitienne. Mais il se joue au commissariat un nouvel acte qui reste très énigmatique…
De quoi attendre avec impatience la prochaine affaire de notre cher commissaire.
À lire La tentation du pardon, éd. Calmann-Lévy.
PRATIQUE
Pour profiter pleinement d’un week-end à Venise, on en laisse l’organisation à Donatello, le spécialiste de l’Italie. On dort où ? À l’hôtel Indigo Venice Sant’Elena. Installé au centre de la Venise artistique, dans un ancien couvent, cet hôtel offre la tranquillité parfaite loin des quartiers touristiques et de l’effervescence de la ville.
Les Giardini de la Biennale sont tout proches, ainsi que le quartier si typique de Castello. Et l’on n’est qu’à 3 stations des vaporettos de San Marco.
Séjour de 3 jours/2 nuits incluant les vols Paris-Venise A/R sur Air France (avec bagage à main uniquement), la chambre double avec les petits déjeuners, à partir de 715 € par pers. (taxes de séjour à régler sur place). Le détail chicissime : les transferts s’effectuent en bateau privé à l’arrivée et au départ.
Rens. et résa : 01 55 87 85 85 et sur donatello.fr