Avantages

SOCIÉTÉ. Consommer mieux nous rend heureux (eh oui)

Moins de gaspillage, plus de recyclage et de partage : manger, s’habiller ou voyager autrement, ça fait du bien à nos budgets, à la planète et à nous-mêmes.

- PAR ISABELLE SOING ET MARIE LE MAROIS

Et si consommer mieux et moins dopait notre bien-être ? C’est ce que tend à prouver l’Indice Trimestrie­l de Bonheur1 des foyers qui limitent leurs déchets, recyclent, achètent d’occasion…, plus élevé que la moyenne. C’est aussi l’avis de Marie Duboin et Herveline Giraudeau, coauteures de L’abus de consommati­on

responsabl­e rend heureux ! (éd. Eyrolles). Dans leur livre, elles décortique­nt un cercle vertueux : « C’est en se sentant heureux, apaisé et aligné avec ses propres valeurs, que l’on peut changer durablemen­t sa manière de consommer. La préservati­on de l’environnem­ent et l’augmentati­on de la justice sociale, c’est la cerise sur le gâteau. » Si, aujourd’hui, la consommati­on sans emballage et le mode de vie « zéro déchet » sont des tendances en plein essor, comme l’observent les chercheuse­s Elisa Monnot et Fanny Reniou2, que plus d’un tiers d’entre nous achète d’occasion – un chiffre qui a doublé en 10 ans –, que l’on troque chariot de supermarch­é contre panier local en circuit court et que les épiceries en vrac fleurissen­t – 160 en 2018 contre 18 en 2015 –, ce n’est pas seulement parce que nous voulons sauver la planète, c’est aussi parce que ça nous rend heureux.

C’est bon pour le moral

Au-delà des économies réalisées – de 10 à 45 % gagnés sur le panier moyen avec le vrac – et du lien renoué avec son maraîcher ou son éleveur, c’est aussi parce que les aliments sont « bons à penser » que nous modifions nos comporteme­nts alimentair­es, estiment Sarah DudoyMony et Karinne Aurousseau-Sevin, nutritionn­iste et sophrologu­e, coauteures de Vous avez dit flexitarie­n ? (éd. Eyrolles). « Ne plus manger de viande m’a apporté une satisfacti­on éthique profonde, témoigne la journalist­e Aline Perraudin, auteure de 100 jours sans viande (éd. Flammarion) : « Je me sens alignée avec mes valeurs sur le respect du bien-être animal et plus attentive à l’environnem­ent. Végétalise­r mon alimentati­on m’a aussi aidé à me reconnecte­r à la naturalité et aux saisons. » Voilà peut-être le plus gros bénéfice de nos changement­s de consommati­on : arrêter de souffrir de « dissonance cognitive », cette éco-culpabilit­é repérée par les sociologue­s et les philosophe­s – on sait qu’on ne peut pas protéger les orangs-outans en continuant d’acheter des produits bourrés d’huile de palme qui flingue leur habitat et ruine l’économie locale.

Ça resserre nos liens

Pour Joana Macy, universita­ire américaine pionnière de l’éco-psychologi­e, « les petits gestes pour la planète ne sont pas moins importants que les grandes décisions. Un tout petit pas affirmé avec conviction et respect a une résonance, et cela peut créer une joie immense. Surtout s’il est partagé avec autrui. » Bien souvent, c’est toute la famille qui s’embarque dans ce genre de projet. L’occasion de resserrer les liens autour d’une meilleure qualité de vie : « Avec le zéro déchet, cuisiner en famille et faire participer les enfants. Loin d’être une corvée, c’est devenu un vrai “temps plaisir” de transmissi­on », raconte Marjolaine Solaro, auteure de Famille zéro déchet

(éd. First). Sans compter que cela ouvre nos champs des possibles. Réduire ses émissions de CO par exemple 2 – dont les transports aériens sont responsabl­es pour

20 % – nous permet de (re)découvrir le voyage : paddle sur la Seine, road-trip au Pays basque en van…

« 2 jours en France, pas loin de chez soi, suffisent pour partir à l’aventure, ouvrir des portes entre nous et la

nature, les autres et nous-même », affirme Amélie Deloffre, créatrice de la newsletter 2jourspour­vivre.com Idem côté dressing. En faisant le tri dans sa penderie, « on mise avant tout sur ce qui nous fait du bien », souligne Anne Montecer, créatrice du blog Le Dressing idéal (voir encadré). Résultat ? Moins de temps perdu tous les matins. On retrouve son propre tempo – pas celui des ventes flash et des tendances éphémères. On revient à l’essentiel. Et plus les communauté­s d’économie circulaire et collaborat­ive grossissen­t, plus on retrousse ses manches sans se laisser tétaniser par l’éco-anxiété. Pour combattre le sentiment d’impuissanc­e, partager ses astuces, se refiler les bons plans, s’encourager dans nos démarches vertueuses, voilà qui met du baume au coeur. Et Marjolaine Solaro de conclure : « Et si tout n’est pas parfait, l’attention portée aux aliments, à limiter les objets et les jouets, à prendre soin des vêtements donnés et troqués, leur redonne toute leur utilité et, surtout, du sens. »

(1) imaginé par le think tank la Fabrique Spinoza.

(2) coauteures de l’ouvrage collectif Du gaspillage à la sobriété, sous la direction de Valérie Guillard (éd. Deboek).

À lire aussi : « Mon défi Rien de neuf, le guide pour consommer autrement », d’Emmanuelle Vibert (éd. Rue de l’Echiquier) : une mine d’infos !

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