« On vit la coloc en famille »
STÉPHANIE & STÉPHANIE
Stéphanie* et sa fille Lou. « Quand mon propriétaire a mis fin à mon bail, je ne me voyais pas reprendre un 60 m2 seule, avec ma fille en garde alternée, j’avais envie de mouvement. J’ai posté une annonce sur les réseaux sociaux : « Recherche maison avec jardin et, pourquoi pas, colocation. » Et Stéphanie a répondu. Ma seule appréhension, c’était de dormir dans le salon (il n’y avait qu’une seule chambre libre et je voulais qu’elle revienne à ma fille). Mais finalement, ça ne me pèse pas. Je vis cette coloc comme une expérience, pas une fin en soi. Si ça ne se passe pas comme prévu, ce n’est pas grave, en attendant, ça me donne de l’énergie. »
Stéphanie** et sa fille Mila. « On s’est lancées progressivement dans cette aventure : on a fait des tests, on s’est rencontrées d’abord en tête à tête, puis avec nos filles, Mila et Lou, et le chat. Je voulais m’assurer que ma fille était OK. On a fait une réunion pour confier nos attentes et nos besoins. Ma fille craignait de ne pas pouvoir inviter ses amis, par exemple. Finalement, les règles s’établissent sans y penser. On a de la chance, on a le même style de vie, la même bienveillance. J’aime cette ambiance mères-filles, le fait de rentrer chez moi et de pouvoir raconter ma journée… ou pas, car on sait respecter aussi le silence de l’autre. Et cette expérience m’inspire : je participe à un projet collectif dans l’Hérault, entre maison de famille et lieu de reconnexion à soi ».
* Accompagnatrice et créatrice d’évènements liés à la transition, facebook.com/sensomuta ** Lanceuse de projets dans l’innovation sociale et associée au magazine So Good, sogoodstories.com, couple-moteur.com
JULIE « Je vis en habitat participatif * depuis 4 ans avec mes fils »
« Nous partageons avec les autres foyers une grande terrasse, une salle équipée d’une cuisine, une buanderie avec dix machines à laver, une bibliothèque, un coin enfant, trois chambres d’amis, un potager, un poulailler, un composteur et un jardin style place du village. Ces aménagements, nous les avons décidés ensemble lors de réunions mensuelles. Chaque voix compte et si un résident refuse une décision, elle est retravaillée jusqu’à son adoption. À part le projet d’une box Wifi, toutes les propositions ont été actées : répartition du ménage de l’immeuble, montant de la cagnotte mensuelle… Nous choisissons ensemble les plantes, faisons du yoga sur la terrasse, organisons des ateliers – cuisine, meubles recyclés... J’ai rejoint le projet pour sa dimension écologique, bien sûr, mais aussi pour ses valeurs : partage, bienveillance et authenticité. Il y a une réelle entraide entre nous. Moi qui élève seule mes fils, c’est précieux ! Les mamies gardent les enfants malades quand les parents travaillent, une prof de maths à la retraite donne des cours de soutien, les bricoleurs dépannent et ceux qui ont une voiture la prêtent. On a un groupe WhatsApp très actif ! On fait même des achats groupés pour les légumes bio locaux ou les sacs de farine de 25 kg. Il existe bien sûr des points d’accrochage, mais on en discute. D’ailleurs, on a prévu un atelier sur la communication bienveillante. Mes fils ? Avant d’emménager, ils m’ont traitée d’utopiste, maintenant ils sont à fond. Mon grand de 22 ans est bien content de partager une pizza en bas avec ceux qui sont là. Et celui de 15 ans d’emprunter une canne à pêche à un copain. Certains voisins sont devenus des amis, d’autres partagent juste mes valeurs. Mais j’ai un lien de confiance fort avec tous. »
* Au MasCobado, habitat participatif et bioclimatique de 23 foyers (49 habitants de 6 à 82 ans), à Montpellier. mascobado.org