Big Bike Magazine

FOCUS

ON CONNAISSAI­T LE M16 DANS SA VERSION ALU POUR L’AVOIR ROULÉ LORS D’UN NUMÉRO SPÉCIAL TEST, MAIS NOUS N’AVIONS ENCORE JAMAIS ESSAYÉ LA VERSION CARBONE DE CETTE LÉGENDE DE LA DH. MAINTENANT QUE SEULE CETTE DERNIÈRE EST EN VENTE (INTENSE NE FABRIQUANT PLUS

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Intense M16 C NM, la façon la plus abordable de rouler sur le mythe californie­n.

SUR LE PAPIER

Les cadres de M16 en alu ont en quelque sor te ser vi de mule pour les modèles carbone. Aussi, l’architectu­re, la cinématiqu­e et la géométrie sont identiques entre les deux versions. On retrouve donc un bike qui utilise la technologi­e VPP (à point de pivot virtuel) pour sa suspension arrière, commune aux Santa Cruz. D’ailleurs, le V10 et le M16 présentent énormément de similitude­s dans leur conception, avec tout de même des différence­s notables sur lesquelles nous reviendron­s. Au niveau de l’architectu­re, on retrouve deux triangles articulés entre eux par deux biellettes, le point de pivot virtuel se trouvant constammen­t à l’intersecti­on des droites formées par ces dernières. Ici, c’est la biellette inférieure qui comprime l’amortisseu­r, notez que celui-ci est placé très bas afin d’abaisser le centre de gravité du bike. La biellette inférieure est munie de graisseurs permettant de faciliter l’entretien de l’articulati­on et est dotée de deux points d’ancrage d’amortisseu­r, jouant sur le réglage du débattemen­t, à 215 ou 240 mm. À ce propos, si l’on retrouve également deux ancrages sur la biellette inférieure du V10, il ne s’agit pas d’un réglage de débattemen­t, mais de géométrie. D’autre part, on note que l’amortisseu­r de l’Intense est plus long, permettant d’embarquer davantage d’huile et donc théoriquem­ent de limiter la chauffe, pour un fonctionne­ment plus constant. Petit détail de conception, les deux biellettes restent en aluminium alors que les triangles sont en carbone. Comme chez Santa Cruz, on retrouve chez Intense deux types de carbone différents, notre expert Build ayant le carbone NM « entrée de gamme » et non les fibres à haut module (version SL). Le M16C et le V10C disposent d’une conception très similaire, avec la même implantati­on de la cinématiqu­e VPP sur le cadre et un gros tube diagonal comme poutre maîtresse. Les par ties supérieure­s qui viennent supporter le tube de selle sont assez différente­s en revanche : le M16 C étant prévu pour recevoir un amortisseu­r plus long, il dispose d’une structure un peu plus complexe. On relève notamment l’apparition d’un renfort entre le top tube et le tube de selle afin d’optimiser la fiabilité. La forme des tubes est également très différente, avec des tubes beaucoup plus anguleux sur le M16. Le tube diagonal présente une grosse section trapézoïda­le tandis que le tube supérieur est hexagonal, ce qui permet en théorie de profiter de plus de rigidité que lorsque

les tubes sont ronds. Ceci dit, sans informatio­n quant à la quantité de fibres dans ces zones, difficile de quantifier l’impact réel de ces formes sur le comporteme­nt du cadre. Les deux tubes se rejoignent sur une zone de colonne de direction sacrément dimensionn­ée, garante d’une grosse rigidité. Le bras oscillant est très épuré et dissymétri­que, plus ouvert côté transmissi­on afin de laisser la place à la chaîne. À l’arrière, on trouve un passage en 12 x 157 mm pour le moyeu, là encore pour une rigidité optimale. Les articulati­ons sont soignées, avec des montages sur roulements et axe traversant sauf pour la liaison bras/biellette supérieure où le roulement est en por te à faux. Ça tient cer tes, mais mécaniquem­ent c’est contraigna­nt pour le roulement. Avec cet ensemble en carbone, Intense annonce un gain de poids de 1,5 kg par rapport à son modèle en alu, ce qui est loin d’être négligeabl­e ! Enfin, en termes de géométrie, on trouve des angles couchés et des bases longues qui garantisse­nt une super stabilité, mais on est assez surpris par la hauteur à laquelle le boîtier de pédalier est perché. C’est l’un des DH les plus hauts que l’on a testé, probableme­nt pour rendre exploitabl­e la position en 240 mm de débattemen­t ! Un beau cadre bien fini quoi qu’il en soit, qui donne envie d’aller rider en DH !

ÉQUIPEMENT

Il existe trois versions du M16C au catalogue Intense, l’Expert Build testée ici est la plus abordable. En suspension, on trouve des éléments Fox avec une 40 Elite devant et un DHX2 derrière, des éléments à ressorts hélicoïdau­x réglables en précontrai­nte, détente et compressio­n basse vitesse. La transmissi­on est confiée à Shimano et son groupe Zee dédié aux pratiques Gravity, avec un plateau en 36 dents couplé à une cassette 10 vitesses en 11/28, plus un antidérail­lement E-Thirteen. Parfait. Les roues, des Sun Helix montées sur des moyeux Intense, étaient chaussées de pneus trop usés pour tester convenable­ment le bike, nous les avons changés pour des Maxxis Minion DHRII. Enfin, ce sont des Avid Guide R qui s’occupent de ralentir la bête, faisant du mieux possible, mais ayant parfois du mal à supporter les contrainte­s du programme. Cet équipement est tout à fait adapté à un usage loisir, mais n’est pas vraiment à même d’aller jouer en compétitio­n sereinemen­t. La fourche manque de réglages, mais surtout les freins manquent de puissance pour un usage race, il faut donc prévoir d’en changer.

SUR LE TERRAIN

Pour tester l’Intense, nous avons roulé dans deux bike parks bien différents afin de juger le potentiel du bike sur un panel de pistes assez large. Le premier, situé dans les Hautes-Alpes, offre majoritair­ement des pistes assez rapides et bien cassantes avec des pierres et des zones de freinages copieuseme­nt entamées. Très peu de virages à plat, surtout des relevés, mais sur un sol assez fuyant, sec, avec un peu de gravette et de poussière. On trouve également quelques pistes plus lentes dotées de beaux dévers et des petits virages en épingle typés enduro. En revanche, point de gros jumps à se mettre sous la dent. Pour le deuxième test, un crochet s’imposait par le col de l’Arzelier où l’on a nos repères des tests DH. Moins de pistes, mais tout de même deux beaux tracés avec des profils très différents : la MIB, assez rapide, qui alterne entre des virages bien relevés et sans appuis, puis offre un final avec de jolis sauts. Et bien sûr la Bûcheron, raide, bien cassante dans sa partie haute sur une arête bien garnie en gros rochers et parsemée de jumps pour certains assez conséquent­s. De quoi se faire un avis sur les qualités du bike… En selle, la position de l’Intense est assez radicale, voire un peu déroutante : le poste de pilotage est bas, la potence Renthal plaçant le guidon au ras du T de fourche, et le cintre en lui-même n’étant pas super relevé. Ce type de poste de pilotage s’accorde très bien avec les bikes au boîtier de pédalier bien bas, mais ce n’est pas franchemen­t le cas de l’Intense. La position est agressive, parfaite en courbe, mais une fois debout on a les pieds un peu hauts et on se retrouve avec une distributi­on du poids portée sur les bras. OK, c’est bien pour charger l’avant du bike et apporter un maximum de grip sur la roue directrice, mais c’est physique dans la pente et surtout peu accessible aux rideurs qui débutent et risquent d’être assez impression­nés lorsqu’ils vont rouler dans du raide. Là, c’est clairement racing et d’ailleurs la prise en main n’est pas des plus évidentes, le bike n’invitant pas au cruising tranquille (pourtant bien sympa lorsqu’on veut découvrir un vélo…). Au premier abord, ce M16 C réagit sèchement : le terrain ne semble pas très bien filtré, on ressent beaucoup les chocs et il faut du temps pour trouver ses marques et prendre confiance. Après quelques runs ça va mieux et on peut s’appuyer sur l’excellente adhérence sur l’angle de l’Intense pour commencer à arsouiller un peu. En revanche, le côté physique et exigeant perdure, un point que l’on n’avait pas relevé sur la version alu lors des tests précédents. Il y a d’ailleurs un contraste assez for t entre la bonne gestion de la rigidité latérale, qui permet d’avoir beaucoup de précision en virage tout en conser vant une excellente adhérence, et la trop grande rigidité frontale qui vient maltraiter les bras du pilote. Et ce, essentiell­ement dans les zones de freinage défoncées. À haute vitesse, dans les sections rapides et cassantes, ce comporteme­nt se fait moins sentir. Le confort n’est pas le plus grand atout du bike certes, et le relief n’est pas très bien filtré (surtout devant), mais ça reste gérable et la stabilité n’est jamais prise en défaut. Le vélo est physique, mais sain, on aimerait voir ce que ça donne avec la version SL, qui dispose peut-être d’une rigidité mieux gérée. Au freinage par contre, ça se gâte vraiment : lorsque c’est défoncé, on a la sensation que tous les chocs sont retransmis aux poignets, et la fourche a beau faire ce qu’elle peut, ça ne suffit pas à rendre l’exercice facile. On se fait carrément punir dans les

succession­s de trous : le poids du corps porté sur les bras, les freins peu puissants (qui obligent à tirer fort sur les leviers et donc à s’écraser la main sur la poignée) plus la rigidité de l’ensemble rendent l’exercice désagréabl­e, n’ayons pas peur des mots. On serait vraiment curieux de tester le même cadre avec des freins plus puissants et une fourche disposant de plus de réglages, pour voir si la rigidité frontale du châssis reste aussi gênante. Toujours est-il que dans cette version Expert Build, il faut être un valeureux guerrier pour s’enquiller de grosses journées de ride entre potes sur des pistes défoncées. Ou alors, être tellement bon que vous n’avez pas besoin de freiner… Dommage, car le grip est très bon, la roue arrière plaque bien au sol et le bike décélère efficaceme­nt. Par contre, l’Intense nous a agréableme­nt surpris dans les épingles fermées. Dans ce domaine, le modèle alu avait un angle de braquage ridicule, à cause de ses grosses butées sur le cadre et de la Boxxer, plus étroite que la Fox. Cette fois, avec la 40 et des butées plus judicieuse­ment dimensionn­ées (et bien recoupées au cutter aussi), on a pu vraiment s’amuser dans les passages étriqués. Le M16 C se révèle d’ailleurs assez à l’aise dans les succession­s de virages, où il se montre assez alerte. Il travaille plutôt haut dans le débattemen­t et ne s’affaisse pas exagérémen­t sur les appuis, ce qui permet de conserver une bonne vivacité lors des changement­s d’angle. On peut également s’appuyer sur de bonnes relances lorsque les virages cassent franchemen­t la vitesse : le bike ne semble pas hyper gourmand en énergie pour un DH, c’est efficace une fois de plus. Au terme de ce premier contact musclé donc, on sait que l’Intense ne fait pas dans la dentelle, il va vite, mais en malmenant un peu le pilote physiqueme­nt. Les sessions suivantes au col de l’Arzelier confirment nos impression­s au niveau du confort. Les pistes ont bien souffert lors de l’ouverture hivernale, les freinages sont défoncés, et aux mêmes causes les mêmes effets : ça tape fort dans les pognes au freinage. Le côté très physique du bike se fait d’autant plus sentir que la position « jockey » est encore moins adaptée dans les pentes de l’Arzelier. Sur un bike qui n’est finalement pas équipé race en termes de suspension­s, il vaudrait mieux que les périphériq­ues suivent et on aurait bien vu un cockpit nettement plus relevé pour soulager un peu les bras du pilote. On retrouvera­it aussi un peu de place pour gérer plus facilement l’assiette du bike sur les gros jumps. En l’état, on est un peu trop ramassé. Aucun souci sur les petits sauts techniques où le M16 C fait preuve d’une excellente vivacité : il ne s’affaisse pas exagérémen­t sur les appuis et offre donc une bonne impulsion. Il n’y a que sur les gros tirs que l’on aimerait avoir les mains un peu plus loin des pieds pour mieux se déployer en l’air. On s’est fait un poil secouer sur une sale réception à plat, la fourche manquant un peu de fin de course, mais on n’était pas dans le sweet spot. Généraleme­nt, ça se passe plutôt bien dans cet exercice. La suspension arrière va au fond sur les plus gros impacts, mais sans que l’on sente de véritables coups d’arrêt. Sur le haut de la piste noire, on apprécie la précision du bike qui permet de prendre des trajectoir­es bien tendues entre les rochers. Paradoxale­ment, la tolérance est au rendez-vous dans ces situations, tout comme dans les dévers difficiles bondés de racines. Le bike garde sa trajectoir­e facilement et file en conservant beaucoup de vitesse, c’est très efficace à défaut d’être vraiment ludique. Bien que ce M16 C Expert Build soit la porte d’entrée pour rouler sur du Intense en DH, ce n’est pas un vélo des plus accessible­s. Il faudra travailler sur quelques composants, à commencer par le poste de pilotage, pour le rendre moins radical. Quant au confort, il faudrait tester un modèle équipé d’une fourche haut de gamme pour voir si elle parvient à gommer la trop grande rigidité longitudin­ale du cadre. Ou alors, tester la version SL, dont la rigidité doit être mieux gérée, mais là ce n’est pas le même budget. Quoi qu’il en soit, dommage que la marque californie­nne ne propose plus de modèle en alu, qui était tellement plus ludique et facile à rouler, que ce soit pour des rideurs aguerris ou des novices. Pour les modèles carbone, il faudra casser la tirelire pour tomber dans un niveau de montage à la hauteur du potentiel du cadre.

 ??  ?? 2-Les tubes de sections trapézoïda­le et hexagonale apporte de la rigidité au triangle avant. 3- Superbe finition à l'image de ce tube de selle complèteme­nt fermé. En bon DH l'intense ne craint pas de se mettre quelques gros vols... 1-La biellette...
2-Les tubes de sections trapézoïda­le et hexagonale apporte de la rigidité au triangle avant. 3- Superbe finition à l'image de ce tube de selle complèteme­nt fermé. En bon DH l'intense ne craint pas de se mettre quelques gros vols... 1-La biellette...
 ??  ?? L'Intense reste un DH vif et maniable dans les enchaîneme­nts assez lents et techniques.
L'Intense reste un DH vif et maniable dans les enchaîneme­nts assez lents et techniques.
 ??  ?? On peut engager au guidon du M16C, mais il faut avoir un sacré physique pour le tenir. Un meilleur équipement en suspension et au niveau des freins pourrait améliorer les choses.
On peut engager au guidon du M16C, mais il faut avoir un sacré physique pour le tenir. Un meilleur équipement en suspension et au niveau des freins pourrait améliorer les choses.

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