Big Bike Magazine

DES TRICKS

ET DES GROS TIRS

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Après deux années de compétitio­n du côté de Virgin, et notamment suite à l’édition 2002, où la grande majorité des meilleurs athlètes DH et freeride ont fait le déplacemen­t dans le désert, 2003 marque un tournant incontourn­able pour la Rampage. C’est la première fois que les tricks vont jouer un rôle prépondéra­nt en big mountain, un courant initié par Darren Berrecloth l’année précédente.

Mais il n’y a pas que l’arrivée des tricks qui va chambouler la Rampage en 2003, puisqu’une autre idée majeure y fait son apparition : les équipes de constructi­on. Josh Bender et Glyn O’brien débarquent avec quelques mecs qui les aident à shaper leur ligne, une vraie révolution dans la façon d’aborder le contest. Et on sait tous les proportion­s que le shape a pris par la suite… Côté riding, ça ne fonctionne pas vraiment pour Bender, qui s’explose sur un drop comme lui seul peut en tenter, par contre O’brien claque un podium, en montant sur la troisième marche. Bien vu. Enfin, Steve Romaniuk apporte une nouvelle méthode pour aborder les jumps, construisa­nt des lips sur les appels pour éviter de simplement dropper en étant obligé de tirer comme un malade sur le guidon. Le Canadien montre à tout le monde comment prendre un peu de hauteur pour passer plus aisément les drops ou les gaps, pour pouvoir trickser plus facilement aussi puisque les riders ne tombent plus comme des pierres depuis les barres désormais. Clin d’oeil de l’histoire, 10 ans plus tard c’est Cam Zink qui claquera le plus gros flip en contest MTB en faisant poser une petite lip sur le mega drop de la Rampage 2013…

LA SEULE VICTOIRE FRANÇAISE À LA RAMPAGE

Après avoir remporté les qualifs et terminé sur la deuxième marche du podium en 2002, Cédric Gracia arrive le couteau entre les dents en 2003. Il a fait ses premières armes avec succès dans le désert, il est temps de concrétise­r. Evidemment, il y a beaucoup de monde pour contester ses envies de victoire, puisqu’on compte un total de 28 riders pour les qualificat­ions. Pour la seule fois de sa carrière, Kyle Strait ne passe pas le cut et doit regarder les finales depuis le bas de la face. Cela n’empêche pas l’américain d’avoir une influence sur le résultat de cette troisième Rampage, puisque c’est lui, avec la légende du ski freeride Seth Morrison, qui va apprendre à CG à faire un backflip. En 2003, personne n’a jamais rentré de flip en freeride big mountain, et encore moins sur la Rampage. Mais ce n’est pas ce fameux tricks qui offre la victoire à Cédric, puisqu’il le réalise lors de son second run, alors qu’il a déjà gagné (et que la production vidéo lui a donné un sac à dos pour qu’il puisse filmer le run en caméra embarquée).

CG a une très belle ligne ponctuée de beaux gaps, il roule vite tout du long et met du style dans tous ses sauts, qu’il replaque sans jamais donner l’impression d’être à la rue. Le Français roule propre et smooth, il a l’air dans son jardin. Arrivé sur la fin de la face, il lui reste un gros écueil à passer : le fameux fin gap, un énorme step down en dévers avec une réception dans un vrai mouchoir de poche, quasi à plat. Sans conteste le saut le

plus technique et le plus engagé depuis le début des Rampage, tenté sans succès l’année précédente par Robbie Bourdon et Lance Canfield. « Arrivé là (vers le fin gap) explique Cédric, je commence à pédaler pour remonter et passer par un autre jump, parce que j’ai envie de finir mon run et de ne pas risquer de tomber. Et puis finalement je fais demi-tour, je regarde le cameraman en faisant une Dirty Sanchez, et je me dis allez c’est parti, j’y vais! Tout le monde s’attendait à ce que je prenne ce saut, mais il était tellement engagé… La réception était minuscule. J’atterris, je casse la selle sur l’impact mais je réussis finalement à rester sur le vélo. Et voilà, je ne le savais pas encore, mais je venais de gagner la Rampage. Putain, c’était vraiment cool! ».

Cédric est un showman dans l’âme, pas question de laisser passer le second run. Il remonte, enfile le sac à dos et fait le spectacle. Ce qui inclut le premier flip à la Rampage, sur un petit appel et sans la moindre réception. Et voilà comment l’une des plus grandes pages de l’histoire du contest s’écrit, avec un rider de coupe du monde de DH (il est second au général au moment de l’event) touche à tout, fan de ski et de MTB freeride. « Je voulais rider à la Rampage comme ce qu’on voyait dans les vidéos de ski, je voulais être le Seth Morrison du bike » déclare CG dans une interview Red Bull. Eh bien on peut dire que le lascar a réussi son coup!

LE CAS STEVE ROMANIUK

2003 est une année où Steve Romaniuk aurait pu monter sur le podium, via son riding ultra-engagé tout au long de l’event. Le Canadien a pris tous les sauts possibles, drops, gaps, step downs (sauf le fin gap…), et rentré des tricks par-dessus le marché, comme son fameux no foot par dessus une barre. Gavé de style, et grâce à ses fameuses lips, Romaniac a fait progresser la vision du riding comme peut être personne encore avant lui, mis à part Robbie Bourdon qui ouvrait la voie des gros sauts à ses homologues. Malheureus­ement pour lui, son run de finale est ruiné par des cameramen souvent bien mal placés qui l’obligent à trouver des solutions de dernière minute. Il réussit tout de même l’exploit de se classer cinquième, mais c’est l’année suivante, lors de la dernière édition de la Rampage sur le « vieux site », que le Canadien va obtenir la rédemption, en montant sur la troisième marche du podium. Cette année-là, il s’envoie le plus gros gap de la face, le fameux Mansize Gap de Josh Bender, en one foot table super tendu.

PLUS VITE, PLUS HAUT, PLUS LOIN, PLUS… DE CRASHS

2004 est synonyme de course à l’armement à la Rampage. Les riders ont des équipes de shapeurs, ils ont compris d’année en année qu’il fallait envoyer sévère pour s’octroyer une place au soleil et n’ont pas l’intention de faire les petits joueurs… La hausse du niveau est impression­nante encore une fois entre cette année-là et la précédente, c’est d’ailleurs la plus grande progressio­n enregistré­e entre deux éditions à cette époque. Il faut dire que le terrain a beaucoup évolué avec des appels et des réceptions bien shapés un peu partout, les lignes sont désormais beaucoup mieux

appréhendé­es (le site n’a pas changé en quatre ans), le matériel est toujours plus performant… Tous ces détails additionné­s permettent aux riders de se lâcher comme jamais auparavant, et si le spectacle de cette quatrième édition est clairement magnifique, en revanche les gros crashs et les blessures sont légion. Tant et si bien que la rumeur d’un arrêt de la compétitio­n après 2004 suite aux trop nombreuses chutes et à la prise de risque insensée des athlètes court encore. Une rumeur que dément Todd Barber : « Nous avons organisé la Rampage sur la même face pendant quatre ans, et avons bien senti qu’il nous fallait un nouveau terrain pour faire avancer les choses. Nous avons donc parcouru le globe après cette quatrième édition, de l’alaska jusqu’en Chine, en passant par le Mexique, sans pouvoir trouver un terrain comparable à celui de l’utah. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre un terme à l’event, ce qui était logique à l’époque. C’était une compétitio­n beaucoup plus simple en termes d’organisati­on qu’elle ne l’est aujourd’hui… ».

LA JEUNESSE AU POUVOIR

2004 marque l’arrivée en force des riders newschool, capables de rouler une face freeride big mountain et d’y rentrer des tricks tout naturellem­ent. Cédric Gracia est privé de finale lors de la dernière séance séance de trainings, victime d’une perforatio­n de la rate (l’intégralit­é de l’histoire sur la Rampage 2004 de Cédric est à retrouver à la fin de ce chapitre, et elle vaut son pesant d’or!). En l’absence du tenant du titre, les fauves se ruent dans l’arène et en premier lieu Kyle Strait, qui a déjà trois éditions à son actif du haut de ses 17 ans. L’américain est taillé pour l’event, avec son bagage de tricks doublé d’un riding solide, et il ne laisse pas passer sa chance cette année-là. Josh Bender a taillé le Mansize Drop, un gap monstrueux pour l’époque sur lequel l’américain s’éjecte en catastroph­e en plein milieu du saut. Il s’en sort miraculeus­ement mais prouve une fois encore qu’il a plus de couilles que de talent. C’est une fois de trop même pour l’organisati­on, qui décidera de ne pas laisser Bender rouler lors du retour de la Rampage en 2008.

Strait lui, sait qu’il peut réussir son coup, et il le fait avec la manière via son tricks signature : un gros suicide bien tendu qui le propulse directemen­t sur la première marche du podium. Déguisé en Teddy Bear…

Un autre jeune rider se fait remarquer au milieu des spécialist­es du freeride : Gee Atherton, pilote de coupe du monde de DH, mais un de ceux qui ne refusent jamais de s’envoyer une bonne séance de dirt et de gros gaps. L’anglais est une preuve supplément­aire du fait que les pilotes de World cup ont leur place dans le désert : il va chercher la seconde place via des runs rapides, smooth et quelques tricks dont un suicide.

Steve Romaniuk est troisième après son one foot table de folie sur le Mansize gap, et on entend pour la première parler d’un certain Cameron Zink, qui tente sans relâche de plaquer un 3.6 depuis une barre. Ça ne passe pas pour Zink cette année, mais à l’image du suicide gagnant de Kyle Strait, ce tricks préfigure très tôt ce qui permettra à Zink de rentrer dans l’histoire de la Rampage (et du mountain bike freeride en général).

 ??  ?? Steve Romaniuk amène les lips sur les appels de sauts à la Rampage et montre ainsi la voie pour les tricks. © DR
Steve Romaniuk amène les lips sur les appels de sauts à la Rampage et montre ainsi la voie pour les tricks. © DR
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 ??  ?? Malgré son statut de pionnier du freeride, Richie Schley n’a jamais réussi à tirer son épingle du jeu à la Rampage. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
Malgré son statut de pionnier du freeride, Richie Schley n’a jamais réussi à tirer son épingle du jeu à la Rampage. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
 ??  ?? Le départ de 2004, droit dans la pente... © Christian Pondella/red Bull Content Pool
Le départ de 2004, droit dans la pente... © Christian Pondella/red Bull Content Pool
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 ??  ?? Glyn O’brien monte sur la troisième marche du podium en 2003. © DR
Glyn O’brien monte sur la troisième marche du podium en 2003. © DR
 ??  ?? Cédric Gracia est le premier rider à rentrer le célèbre Fin Gap, le step down le plus difficile des premières années de la Rampage. Ce jump lui assure la victoire en 2003. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
Cédric Gracia est le premier rider à rentrer le célèbre Fin Gap, le step down le plus difficile des premières années de la Rampage. Ce jump lui assure la victoire en 2003. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
 ??  ?? Michal Marosi, moins en réussite que CG! © DR
Michal Marosi, moins en réussite que CG! © DR
 ?? © Ian Hylands/red Bull Content Pool ?? Le premier backflip de toute l’histoire de la Rampage, signé Cédric Gracia. Le Français a marqué le contest de plus d’une manière...
© Ian Hylands/red Bull Content Pool Le premier backflip de toute l’histoire de la Rampage, signé Cédric Gracia. Le Français a marqué le contest de plus d’une manière...
 ??  ?? Gee Atherton n’a jamais craché sur un peu d’action hors saison, on le voit d’ailleurs s’aligner régulièrem­ent à la Rampage jusqu’à son gros crash en 2012. © DR
Gee Atherton n’a jamais craché sur un peu d’action hors saison, on le voit d’ailleurs s’aligner régulièrem­ent à la Rampage jusqu’à son gros crash en 2012. © DR
 ??  ?? Richard Gasperotti sur la crête de départ. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
Richard Gasperotti sur la crête de départ. © Christian Pondella/red Bull Content Pool

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