Campagne Decoration

L’ART D’ASSEOIR SON STYLE

- PAR ISABELLE CHABEUR / PHOTOS SÉBASTIEN SIRAUDEAU

AVEC SON ÉPOUSE CÉLINE, PIERRE GÉNIN, GÉRANT DE LUM’ART, ÉCLAIRE D’UN GENRE

NOUVEAU UN CHÂTEAU DÉBUT XIXE.

LE GRAND SALON mélange les genres. Style Régence et anglais pour les meubles de famille. Tableau hollandais du XVIIe. Fauteuil grège à pied-de-lion (Toiles de Mayenne). Tapis et coussins (Caravane). Liseuse et lampes (Lum’Art). Vases en papier mâché repeint (Serax). Carafes «Cactus» (Hilton McConnico pour Daum). Sac à bûches (Leroy Merlin).

MADAME EST SERVIE… argenterie de famille, porcelaine peinte par Céline

et verres en cristal (Daum).

DES MURS D’UN ROSE POUDRÉ donnent au petit salon des allures de boudoir. Fauteuils anglais en loupe d’orme. Tapis et coussin (Caravane).

un concert d’oiseaux s’échappe de la forêt qui borde l’étroite route en lacets. À quelques virages du village de Marcel Proust, Céline et Pierre semblent avoir retrouvé le temps perdu. Libérée de ses lourdes chaînes, la grille de leur château s’ouvre sur une épaisse moquette, d’un vert tendre. Des arbres centenaire­s veillent sur la propriété. Il décore, elle jardine. Chacun son paysage. À notre arrivée, c’est l’effervesce­nce. Le couple peaufine les derniers préparatif­s du mariage de leur fils. La date approche à vitesse grand V. En jean et chemise, Céline, sécateur en poche, balaie sa mèche du revers de la main. Et s’excuse presque de nous recevoir chaussée de bottes en caoutchouc. Dans un large sourire, elle nous entraîne à l’orangerie, son jardin secret, un mélange d’essences florales au parfum enivrant. Ici, elle taille, coupe, élague, nettoie, s’adonne au bouturage. Les allées, les massifs, le potager, le verger seront débroussai­llés. Tout doit être impeccable pour le grand jour. À l’intérieur du château, Pierre, gérant de la société Lum’Art, fait les cent pas. Cet ancien de Dior et de la cristaller­ie Daum décore de grands hôtels. De pièce en pièce, le parquet craque sous le poids de ses mocassins cirés en cuir noir. Il réfléchit, hésite, change un fauteuil de place, réajuste un abat-jour, s’interroge sur le plus déco de tel ou tel objet. À propos des travaux, Pierre se souvient : « Le fil conducteur de la réhabilita­tion a été de respecter voire de retrouver l’ensemble des éléments de l’architectu­re et de la décoration initiale pour offrir à la maison le confort et la fonctionna­lité d’une maison à vivre. Simple sur le papier… moins dans la pratique ! » Pierre s’attache à parler restaurati­on et non rénovation aux différents corps de métiers qui ont animé le chantier durant les sept mois de travaux. Lum’Art est labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV). Aussi, il a tenu à privilégie­r le savoir-faire et la recherche de l’excellence dans le choix des entreprene­urs.

ENSEMBLE, C’EST TOUT

« Nous avons fait appel à des artisans locaux avec lesquels je travaille depuis plus de vingt ans » souligne Pierre. Parmi eux, Didier Dejoie (Courville-sur-Eure) pour la couverture. Davantage artiste qu’artisan. Il travaille et transmet son savoir-faire sur plusieurs chantiers des monuments historique­s. Pour la maçonnerie, il y a aussi Laurent Cassonnet (Ymonville) dont la compétence s’étend de la constructi­on d’une balustrade en dentelle de brique inspirée d’une gravure XIXe à la restaurati­on d’une vasque en pierre dans le parc. Enfin, Éric Gréau et Hervé Nadot (Voves) ont eux aussi fait des étincelles. En un temps record, le duo de la société Egelec a su repenser la réfection de toute l’électricit­é du château. Dans certaines pièces, l’installati­on remontait au début du XXe siècle. « La difficulté a été de respecter l’architectu­re, les boiseries, les trumeaux… » racontent-ils. Ensemble, ils ont travaillé à la remise en teinte de la maison avec une palette de tonalités mates et subtiles, qui décline par petites touches du pastel et des couleurs soutenues. Chaque pièce est revisitée au pinceau sans jamais dénaturer l’esprit des lieux. Le rouge vif orangé de la cuisine réveille les tommettes. La douceur du vert d’eau de la salle à manger révèle la noblesse des meubles anciens. Le rose poudré d’un petit salon éclate comme un bouton de rose. On attend les mariés. Que la fête commence.

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