RÉVEIL SUR UN VOLCAN QUI DORT
LA BEAUTÉ DE LA NATURE À L’ÉTAT BRUT. LA CHALEUR D’UNE FLAMBÉE AUTOUR DU CANTOU. LAISSEZ DERRIÈRE VOUS LE SUPERFLU POUR VOUS NOURRIR D’ÉMOTIONS PURES.
en hiver, le Cantal est un hymne à la nature à l’état brut. «Dans les Alpes, il y a un côté papier glacé où la neige scintillante est glamour. Ici, c’est tout l’inverse. La force des éléments nous ramène un peu à l’origine du monde.» Laurence et Daniel ont quitté le Mont-Blanc pour le pays des volcans où ils ont transformé une ancienne ferme du XVIIe siècle près de Chavagnac en écolodge, baptisé Instants d’Absolu. Sur le plus grand volcan d’Europe, entre steppes sibériennes et forêts finlandaises, nous posons nos valises avec l’impression de fouler «un toit du monde».
Première halte à Aurillac pour remplir son panier de délicieux produits : à la charcuterie De Paoli à la devanture de style néoclassique, à la distillerie Louis Couderc pour sa liqueur de gentiane ou encore à la crémerie centenaire Leroux. Dans cette recherche de plaisir des sens, la boutique de Florence Kusnierek, créatrice de parfums sous la marque Le Jardin de mon grand-père, formée à Versailles, est toute indiquée. Sur son établissement dans le département, elle confie : « Mes attaches affectives et mes inspirations sont là, même si parfois on se sent isolé. Le Cantal a cette force qui vous ramène à l’essentiel.» Dans son échoppe créée en 1995, les parfums solides en forme de cailloux de bois précieux ou de cristaux de fleurs fondent pour délivrer une senteur envoûtante. À Noël, pour sortir des sentiers battus, le seringa et le jasmin des poètes s’invitent à la place des traditionnelles orange-cannelle et sapin. Ce voyage continue via la route des crêtes pour rejoindre le pays de Salers, au nord d’Aurillac. Dans la brume matinale, quelques vaches à la robe acajou et aux cornes en forme de lyre se tiennent immobiles dans les pâturages. La route serpente à travers d’anciennes vallées glaciaires par le col de Légal avec, au loin, le puy Mary, l’un des sommets des monts du Cantal classé Grand Site de France, à 1787 mètres d’altitude.
Dominant la splendide vallée de la Maronne, Salers dort encore. Avec sa rue pavée, ses portes sculptées et ses demeures Renaissance à tourelles en pierre volcanique noire, la cité médiévale, classée parmi les « plus beaux villages de France », bénéficie d’un patrimoine architectural fort en caractère. C’est aussi ici que sont produits les meil- leurs crus fromagers comme le Salers, l’un des plus vieux d’Auvergne. Pour découvrir les secrets de sa fabrication, on visite La Cave de Salers où trônent quelque 1 000 pièces (appelées fourmes) entreposées sur des planches à différents stades d’affinage.
Direction le plateau de Trizac, un territoire balayé par le rude vent du nord, l’écir, et jalonné de burons. Ces petites constructions en pierre, utilisées autrefois pour la fabrication du fromage, témoignent de la vie pastorale locale. Les vachers et les animaux y trouvaient refuge pendant les mois d’estive, de mai à octobre. Restaurés par quelques passionnés, certains vous ouvrent leur porte le temps d’un repas ou d’une nuit. À Trizac, la fermeture des commerces de proximité a forcé certains établissements à jouer la carte du multiservice comme Le Garage où l’on s’arrête pour faire le plein. Derrière la pompe à essence, une devanture insolite cache une bonne table où Dominique propose une cuisine maison à base de produits frais dans un décor vintage qui n’aurait pas déplu à Edward Hopper.
À l’est, la cité médiévale de Murat livre le charme de ses échoppes aux piétons. Et s’offre le luxe de la présence d’une grande maison, À l’Âge de Bronze, tenue par l’antiquaire Valéry Besse. Fondée en 1865 par l’arrière-grand-père Géraud, cette maison à l’odeur de cire et de bois a su garder son esprit familial. Comptoir de bistrot, objets d’art populaire auvergnat... C’est dans un décor de boiseries qu’est présentée une belle sélection de coutellerie artisanale.
Amateurs de grands espaces et de bout du monde, la magie vous attend sur les rives du lac du Pêcher, à Chavagnac. Pour y accéder, arpentez trois kilomètres de route forestière à travers la forêt de la Pinatelle, propice à de belles balades en raquettes. Les adeptes de sports d’hiver rallieront, eux, la station du Lioran, la seule où l’on peut chausser ses skis depuis la gare. Après une journée de glisse, direction le Carladès. Il regorge de bonnes adresses comme La Roussière, au pied du Plomb du Cantal. Cette maison d’hôte, ancienne ferme de 1834 restaurée dans le respect de l’architecture traditionnelle, est idéale pour se fondre dans la nature. Le soir, on s’installe au coin du feu devant le cantou, la grande cheminée auvergnate, autour d’un bon vin chaud.
À Pailherols, c’est à L’Auberge des Montagnes, tenue par la même famille depuis cinq générations, qu’il faut absolument faire étape pour sa légendaire hospitalité. Denise et André, qui est né dans l’une des chambres, sont à pied d’oeuvre pour vous offrir un accueil chaleureux. Leurs jumelles, Coralie et Maryline, et leurs époux s’activent en cuisine et au service. Au menu, des plats de la région revisités par le chef Stéphane Dubois comme la côte de veau aux ravioles fourrées au foie gras. Face à l’auberge, une ferme de détente en vieilles pierres de pays abrite le Spa (Fleurs de Montagnes) où des soins à la fleur de gentiane dissiperont d’éventuelles courbatures. Aux alentours, les balades ne manquent pas : sorties en calèche, en traîneau, piste de ski de fond, etc. Depuis les hauteurs des estives, la vue à 360° sur les monts du Cantal et l’Aubrac est inoubliable… Grisant.