À L’ÉCOLE DU CHARME
QUAND CE COUPLE DE STYLISTES PARISIENS SE MET AU VERT EN FAMILLE, PAS QUESTION DE LAISSER EN FRICHE LA DÉCORATION INTÉRIEURE. ICI, CHAQUE RECOIN EST TRAVAILLÉ.
il faut rouler à travers champs pour atteindre le hameau de Bois-Frais, non loin de La Ferté-Gaucher. Nichée au coeur d’un vaste jardin se cache une ferme du XVIIe siècle dont on ne distingue qu’une large crête de tuiles anciennes parmi les frondaisons. Tout autour, prés et pâturages, qui prennent la couleur des blés et des coquelicots l’été et se couvrent de neige l’hiver. Ces abords bucoliques ont bien sûr séduit Philippe et Clara, Parisiens en quête d’une maison de campagne. Mais leurs exigences ne s’arrêtaient pas là. Tous deux stylistes reconnus, parents de trois enfants, n’avaient pas de temps à consacrer à la restauration d’une maison ancienne et décrépite. Ce dont ils rêvaient, c’était d’un havre de paix raffiné et confortable qui n’aurait rien à envier à une maison de ville. Ce jourlà, la demeure qu’ils découvrent comble leur désir : vaste et aérée, elle a déjà été rénovée de fond en comble dans un esprit contemporain, certes dépourvu du charme souhaité mais non de fonctionnalité. Une véritable page blanche pour nos deux stylistes, qui vont pouvoir d’emblée créer leur univers. OEUVRE COLLECTIVE Les idées créatives se pressent déjà au portillon… Pour marquer ce nouveau territoire, Philippe propose alors une activité ludique à sa progéniture : il déroule une grande toile de lin au sol afin que le trio de bambins, peinture blanche sous les pieds, y pose ses premiers pas. Cette oeuvre picturale et familiale prend place au-dessus de la cheminée monumentale du salon. On la baptise « En marche vers l’avenir ». Tout un programme! Les volumes du rez-dechaussée sont immenses : entrée, salon, salle à manger et cuisine se succèdent harmonieusement. Afin de mettre en valeur la sobriété d’un mobilier gustavien aux tons clairs, les pièces sont assombries par des demi-teintes feutrées, choisies aussi pour magnifier, le soir venu, un éclairage aux chandelles. « J’ai toujours rêvé de vivre à la bougie », confie Philippe. Chaque pièce possède un coin où s’isoler, composé avec charme, à l’image du duo de bergères du salon ou du secrétaire postal qui sont autant d’invitations au recueillement et à la rêverie. L’espace est jalonné de trouvailles poétiques : plumier et sa plume d’autruche, bagages et cadres ouvragés auréolant bougeoirs et manuscrits, ainsi que Vierge en bois animent cet univers teinté d’une nostalgie propice à la quiétude. Mais avant toute chose, c’est la nature qu’on est venu trouver ici, une nature dont la beauté changeante s’encadre dans chacune des fenêtres. Devant toutes, Philippe a disposé un chandelier, comme s’il s’agissait d’un tableau. UNE SOPHISTICATION TOUTE EN SUBTILITÉ À l’étage, chambres et salles de bains sont spacieuses, mais peu meublées pour rester faciles à vivre. Cela n’exclut pas une discrète sophistication qui se remarque dans les déclinaisons de beige et de rose poudré (plus soutenu pour les textiles) et dans le choix de lustres à pampilles, suspendus aux poutres même, pour plus de théâtralité. Philippe et Clara se rendent deux fois par an au Grillon Voyageur, une brocante originale à Sézanne dont ils ramènent de quoi décorer leur intérieur. «C’est un moment précieux et magique, disent-ils en choeur, où la maison de deux passionnés s’ouvre au public et propose ses trouvailles dans des atmosphères uniques et ô combien inspirantes ! » On en a ici la preuve.