DANS LA SALLE DE BAINS FAÇON BOUDOIR, ON TIENT SALON EN TOUTE INTIMITÉ
AUTOUR DE LA BAIGNOIRE en fonte aux pieds griffes de lion repeinte en noir, une table travailleuse et un cadre Napoléon III chinés. Tapis de bain en chanvre issu d’anciens sacs à grain de meunier (Baucis & Philémon).
le bonheur se trouve dans les choses simples de la vie de tous les jours… à condition de savoir les regarder », telle est la devise de Corinne, surtout depuis qu’elle a emménagé, en 1995, dans cette grande maison de ville située à quelques kilomètres de La-Tour-du-Pin. Une demeure bourgeoise de la fin du XIXe entourée d’un parc dont la façade austère ne laisse rien soupçonner de l’univers qui s’y cache. C’est d’abord pour offrir un cocon à leur tribu – leur trois filles, Clara, Margaux et Jeanne – que Corinne et son mari Michel ont craqué pour ses beaux volumes et ses nombreuses pièces adaptées à la vie de famille. Son emplacement au coeur d’un bourg, avec commerces et école à proximité, a fini de les convaincre tout à fait. Après une restauration complète de l’intérieur, mais sans en modifier la distribution, Corinne voit là l’opportunité de s’approprier les lieux et d’en réinventer l’histoire. Une évidence pour cette chineuse de linge ancien et créatrice passionnée d’objets de décoration. Elle suit chaque année un stage de formation dédié à une technique particulière qu’elle met aussitôt en pratique chez elle. Chaque pièce est ainsi revisitée, enrichie par de nouveaux savoir-faire. Le plus récent ? L’art de la peinture en grisaille, appris à l’École d’Art mural de Versailles. « Pour vivre de ce métier, mieux vaut maîtriser plusieurs techniques », reconnaît Corinne. Ainsi, les murs sont habillés de peintures mates ou de badigeons à la chaux teintés de pigments naturels passés à la brosse, le rouge pompéien alterne avec les nuances de gris – tourterelle, mastic, grège… La teinture végétale réveille les créations textiles réalisées à partir de tissus anciens chinés, bruts et unis. La maison est tellement inspirante que Corinne choisit de partager sa passion et ses créations, dès 2007, grâce à son blog Baucis & Philémon. Un clin d’oeil au couple de la mythologie grecque, symbole de l’amour conjugal et de l’hospitalité. Deux ans plus tard, elle ouvre une boutique en ligne. Le succès est rapide : elle se fait remarquer pour ses fameuses couronnes en chanvre qu’elle confectionne pour l’Épiphanie. Une belle alternative à la couronne des rois en papier doré ! À l’image de son blog, la maison de Corinne regorge de trouvailles, mélange objets et mobilier anciens, chinés ou de famille. Les armoires débordent de linge ancien utilisé par plusieurs générations, de tissus monogrammés, de lin brodé… Ses tiroirs sont envahis d’outils de brodeuse et de mercerie qu’elle collectionne en mémoire de sa grand-tante Céline, brodeuse, qui lui a transmis le goût des belles matières. UNE ATMOSPHÈRE HORS DU TEMPS Des puces du canal à Villeurbanne aux vide-greniers de la région en passant par Gervaise, la boutique à l’esprit cabinet de curiosités, située à Saint-Genix-sur-Guiers, de son amie antiquaire Chantal Vautrelle, Corinne chine tous les week-ends, toute l’année. Un véritable rituel : « Je suis attirée par des objets qui ont une âme, chargés d’une histoire forte, qui sont le reflet d’une tranche de vie, comme ces registres notariés ou ces photos anciennes. J’aime aussi les tons un peu fanés, sépia, gris, noir, hors du temps qui apportent un supplément d’âme et sont faciles à travailler », explique-t-elle. Gravures, manuscrits jaunis par le temps… autant de supports pour ses doigts agiles qu’elle détourne en objets de décoration (pièce unique ou série limitée), tasse et champignon en papier mâché, abat-jour, carnet ou agenda, qu’elle intègre à son quotidien. Le goût de la mise en scène et de l’accumulation s’illustre dans tous les recoins de la maison : caisses à pommes empilées dans la serre, boîtes à chapeau superposées, collection de globes de mariée Napoléon III… la maison vibre de poésie. Son jardin secret ? L’ancienne orangerie devenue une vraie pièce à vivre où Corinne trouve aussi refuge pour rêver, ajuster ses créations, préparer ses peintures ou badigeons avec tous les pigments à portée de main.