RØROS, L’ÉTOILE DU NORD
Comment ne pas céder aux charmes de cette petite cité norvégienne du bout du monde ? Røros se cache sur un plateau en pente douce, près de la frontière suédoise. Dès que l’hiver pointe son nez, cette cité à l’architecture parfaite, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, se pare d’un somptueux manteau blanc.
Cette petite ville de quelque cinq mille âmes s’offre comme un havre de paix feutré, à découvrir dans le grand blanc. Les flocons se bousculent par milliers sous un ciel cotonneux. Très vite, les rues se couvrent d’un épais manteau glissant. Il peut faire jusqu’à moins trente degrés la nuit ! Ici, on ne circule qu’avec des kicksled (trottinettes des neiges), que l’on soit écolier ou maître d’école… Robin, notre guide, a choisi de vivre dans la cité de ses ancêtres. Ses deux passions : l’histoire et la poterie. Depuis 1985, il cherche à faire renaître de ses cendres un artisanat patrimonial, la céramique. Il laisse sa créativité jouer de son tour pour imaginer, avec de jeunes designers, des pièces contemporaines. Sa ville, il la connaît par coeur et la moindre ruelle se raconte comme dans les pages d’un livre d’histoire que l’on feuilletterait à chaque pas. L’église, grande dame de bois blanche et noire au beau milieu des rues aux façades multicolores, s’impose comme le point de départ de notre déambulation pédestre très « contrôlée » au vue des miroirs de glace qui recouvrent les trottoirs. L’intérieur de l’église est inspiré du baroque italien. Financée par la Compagnie des cuivres, elle était le rendez-vous dominical de toutes les classes sociales, réunies autour de leur pasteur luthérien. Robin s’applique sur le moindre détail, sans omettre de nous préciser fièrement que l’orchestre philharmonique de Berlin y a déjà donné des concerts. Røros est une petite ville « branchée », animée d’un festival de musique, d’un extraordinaire marché paysan tous les ans en février, et d’une très belle démarche sur le développement des produits de terroir avec la coopérative Rørosmat qui, depuis vingt ans, s’emploie à réunir les meilleurs producteurs de la région. Fromages, viande de renne, légumes, pommes de terre, bière locale… de super produits que l’on déguste à la table des restaurants, celui du Vertshuset côté gastronomie contemporaine, ou, d’une manière plus traditionnelle, à la table du charmant Kaffestuggu. Le ciel s’est dégagé, rafraîchissant encore plus l’atmosphère. C’est l’heure du thé, chic ! Nous déposons une à une les couches superposées de nos Damart grand froid, pour nous réchauffer dans les canapés du très déco Thomasgården. L’ambiance vintage nous ravit et comble nos envies de cocooning chaleureux.
Mais la beauté des paysages nous attire à nouveau dehors pour une romantique escapade en calèche. Une belle manière de faire le tour des différents quartiers de la ville, qui s’étale entre les deux rues principales et les alentours de l’ancienne mine de cuivre, transformée en un remarquable musée. Tout au bout du village, Eva et Ordfjell Mejnihreujom, Samis éleveurs de rennes, nous accueillent avec gentillesse. La fille de la maison a revêtu son magnifique costume traditionnel bleu marine et rouge, rebrodé de fleurs, pour nous présenter son renne préféré. Là, dans une maison de bois, la famille sert autour du feu ses produits à base de renne, une viande riche en oméga et antioxydants : charcuterie, viande grillée ou en sauce… La table a été classée comme l’une des meilleures de Norvège. Sur le chemin du retour, Johanna nous attend dans son adorable maison d’hôtes, Solheim Pensjonat, pour nous faire découvrir son monde voué au style des années 70. Un vrai petit bijou d’un autre temps. Enfin, notre ami Robin a aménagé dans son ancienne ferme plusieurs appartements joliment décorés, tout proches de l’église. Des cocons chaleureux qui nous ont permis de découvrir les joies de la neige, des balades en traîneaux, des promenades en raquettes ou en luge. Et de vivre, l’espace de quelques jours, dans une bulle dépaysante, dont l’effet perdure bien au-delà de notre retour.