Brocante
Chiner avec… Anne-Catherine Verwaerde, d’« Affaire conclue »
QUEL EST VOTRE RAPPORT AUX OBJETS CHINÉS?
Créatif, car je trouve qu’ils permettent de se trouver un style personnel sans calquer son intérieur sur les pages décoration des magazines. Mais j’ai aussi un rapport particulièrement affectif aux objets chinés. Ma grandmère avait une véritable passion pour les a ntiquités , qu’elle m’a transmise et qui, depuis, ne m’a plus jamais quittée. Quand j’allais avec ma soeur chez elle en vacances dans le Pas-de-Calais, elle nous emmenait dans les brocantes et les salons de collectionneurs. Petite, j’ai également été marquée par la maison de mes arrière-grands-parents, une demeure bourgeoise avec de hauts plafonds, des moulures, des méridiennes et des miroirs Napoléon III. Ce décor, qui était pour moi vraiment magique, fait partie des souvenirs d’enfance qui ont sans doute façonné mes goûts.
ET SI VOUS NE DEVIEZ EN GARDER QU’UN SEUL ?
Un miroir en trois parties style Louis XVI, chiné avec ma grand-mère chez un antiquaire de Boulogne-sur-Mer, à l’occasion de mes 18 ou 20 ans. Il s’agit d’une paire de miroirs triptyques de château, à installer à la verticale… Mais comme nous n’en avions acheté qu’un et que les plafonds de ma petite maison de pêcheur sur la Côte d’Opale sont très bas, je l’ai placé à l’horizontale. Du fait de cette originalité, c’est une pièce très convoitée sur les réseaux sociaux, sur lesquels je partage mes trouvailles et mes pièces favorites. Mais malgré son succès, c’est le seul objet que je ne vendrai jamais, car il a une grande valeur sentimentale.
DES ADRESSES DE BROCANTES FAVORITES ?
Je vis entre Londres, où mon fils est scolarisé, Wimereux, où j’ai ouvert un espace de vente sur
« Je suis très attachée à l’artisanat, qui insuffle une âme et une histoire aux objets. »
rendez-vous, et Paris, pour les tournages : j’ai donc peu de temps pour me rendre sur les foires et les salons spécialisés. Je préfère chiner localement, sur la Côte d’Opale par exemple. Je me rends souvent chez les brocanteurs de Saint-Étienne-au-Mont, une petite commune à une quinzaine de minutes du Touquet. Je visite aussi souvent les salles des ventes et j’ai récemment découvert les brocantes permanentes, un concept qui vient de Scandinavie et se développe en France depuis six mois. Dans un vaste entrepôt en général situé dans une zone commerciale, chaque particulier peut louer 1 m2 de rayonnages ou plus. C’est comme un vide-greniers, mais toute l’année !
À QUOI ÊTES-VOUS SENSIBLE LORSQUE VOUS CHINEZ?
Au charme de l’objet, ce qui est évidemment une notion très personnelle. Actuellement, je suis plus facilement séduite par les pièces féminines, douces, avec des coloris pastel et des notes de rose, mais de manière générale, j’ai une préférence très marquée pour l’authenticité, les matériaux bruts et naturels comme le
Petite-fille de chineuse, Anne-Catherine Verwaerde a fini par revenir à cette passion familiale en s’y consacrant exclusivement.
bois et le rotin. A contrario, je n’aime pas le plastique coloré, synonyme pour moi de pollution. La qualité de façonnage m’est essentielle. Je suis très sensible au coeur apporté par le travail de l’artisan, ainsi qu’à la notion de durabilité. Pour moi, une belle pièce doit pouvoir traverser les décennies.
QUELS SONT, SELON VOUS, LES OBJETS EN VOGUE ACTUELLEMENT?
Chaque génération a ses coups de coeur et ses codes, il y a donc de nombreuses tendances. Je remarque en ce moment un retour de la desserte vintage et des pièces en rotin. Le cannage est également très recherché en brocante. En vogue, les petits objets 1950-1960-1970 en laiton font aussi de l’effet, avec cette touche chaleureuse qu’apporte le doré. Et puis certaines pièces comme le fauteuil « Emmanuelle » ou les céramiques de Vallauris sont si kitsch qu’elles en deviennent pointues. Enfin, les enfilades en teck ou les meubles de métier ne se démoderont jamais, de par leur rareté.
QU’EST-CE QUI VOUS FAIT DIRE QU’IL S’AGIT D’UNE BONNE AFFAIRE ?
Quand le prix est bien négocié par rapport à la valeur perçue de l’objet. Même si, parfois, il faut accepter de payer le prix fort, parce qu’on a très envie d’une pièce désirée depuis longtemps ou introuvable !
DES CONSEILS À DONNER AUX CHINEURS?
Mieux vaut chiner en province pour avoir accès à une marchandise de première main, et se lever le plus tôt possible, comme les professionnels. Munis d’une lampe torche, ils se donnent rendez-vous à 5 heures pour le « déballage ». Mais il est possible de faire des trouvailles à toute heure ! La preuve, les pros font toujours plusieurs fois le tour des vide-greniers. Attention enfin à ne pas se laisser emporter par le coup de coeur au point de ne pas vérifier correctement l’état de l’objet et de passer à côté de la négociation par excès d’enthousiasme affiché. Cela nous arrive encore sur l’émission !
« De nombreuses tendances déco émergent du petit monde très créatif de la brocante. »