Passion

Le tressage de l’osier à la Vannerie de Villaines, en Touraine

C’est un geste vieux comme le monde ! Grâce au tressage, l’osier se transforme en une infinité de paniers, mais aussi en mobilier. La vannerie, procédé artisanal, a parfois cédé la place au plastique ces dernières années. Mais, à mi-chemin entre Tours et Chinon, le village troglodytique de Villaines-les-Rochers fait de la résistance. Vingt-cinq osiériculteurs vanniers cultivant leurs oseraies et cinquante vanniers y sont pour la plupart regroupés au sein d’une coopérative créée au milieu du xixe siècle par le curé du village, la Vannerie de Villaines.

UN SAVOIR-FAIRE ANCESTRAL

La coopérative a réussi à perpétuer un savoirfaire autrefois courant dans les campagnes grâce à une « niche » très hexagonale : les paniers pour le monde de la boulangerie, qui se sont peu à peu imposés dans les fournils de France. Aujourd’hui, ses productions s’exportent aux quatre coins de la planète, en même temps que les viennoiseries et le pain français auxquels elle ajoute une image d’authenticité. En 1999, date de son cent-cinquantième anniversaire, la Vannerie a obtenu le label Savoir-faire PNR (parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine).

À Villaines-les-Rochers, l’osier est cultivé sur les bords de l’Indre avant d’être stocké dans les caves de tuffeau. Au début de l’hiver, les pousses de saule de l’année sont coupées. Le triage, le séchage et l’écorçage de l’osier demandent ensuite beaucoup de soin. L’habitat troglodytique offrait autrefois les conditions d’humidité idéales pour travailler l’osier : aujourd’hui, on le fait tremper pour le plier à tous les désirs. La souplesse de ce matériau sain, mais aussi écologique et durable, lui permet de s’adapter au passage du temps sans perdre son caractère. Designers et architectes lui trouvent autant de qualités plastiques qu’esthétiques, dans la maison comme au jardin. Car l’osier n’est pas forcément condamné à sécher pour se transformer en panier : il peut aussi être tressé vivant et se muer en haies ou cabanes, qui vivront au rythme des saisons. Indéniablement, il a toutes les vertus requises pour donner à nos intérieurs et extérieurs le supplément d’âme que lui insuffle le tressage des vanniers.

Immuables, les gestes du vannier sont indissociables du charme intemporel de la campagne tourangelle et de ses paysages balzaciens.

L’osier est une jeune pousse de saule de l’année, cultivée en terrain riche et frais – comme les rives de l’Indre, qui coule à proximité de Villainesles-Rochers.

Après la récolte, les rameaux sont pelés avant d’être stockés. On les fait ensuite tremper afin de leur donner la souplesse nécessaire au tressage.

La batte, outil indispensable du vannier. Elle sert à tasser et à serrer les brins d’osier entre les montants et à donner la forme voulue aux grosses sections.

Le poste de travail du vannier est constitué d’un banc sur lequel il s’assoit et d’une planche inclinée, la plane. À la main! Le vannier doit avoir beaucoup de force et d’agilité dans les doigts pour plier les brins d’osier selon la forme voulue. Il choisit avec précision le diamètre du brin en fonction de son ouvrage.

Ci-contre et en haut à droite : autrefois, à chaque usage correspondait une forme particulière. Dans l’atelier, ceux qui sont suspendus au plafond servent de modèles pour les productions futures.

La vannerie permet la création de mobilier léger et résistant aux intempéries. La variété des points de tressage donne beaucoup de personnalité à ces réalisations, écologiques et durables.