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Par Catherine Cornille – Photos Patrick Sordoillet
Leur passion, c’est la pierre ! Après le départ de leurs trois enfants, Lydie et Christophe Gay souhaitaient quitter leur maison du Grésivaudan, dans l’Oisans, pour se lancer dans une nouvelle aventure. Ils cherchaient une propriété en Aquitaine. C’est en Occitanie que leur fils Étienne repère une bastide et convainc ses parents de la visiter. Le château de Ronel, avec ses 800 mètres carrés habitables, communs, écuries et parc de 8 hectares, les fait immédiatement rêver. Ils découvrent le Tarn, ses abbayes et ses cités médiévales comme Lautrec, Cordes-sur-Ciel ou encore Albi, « la petite Florence ». En 2005, Lydie et Christophe font l’acquisition de cette demeure historique : elle est alors habitée par des agriculteurs qui avaient bétonné la cour et vivaient dans quelques pièces sans confort.
UNE RÉNOVATION GUIDÉE PAR LA NATURE DES LIEUX
La réhabilitation se fait avec des artisans d’exception, dans le respect des contraintes écologiques, en utilisant des matériaux naturels et sains – bois, murs de pierre et chaux mêlées…
Christophe gère toute la maîtrise d’oeuvre, avec une volonté d’énergie durable et de conception bioclimatique. Une éthique qui se retrouve également dans le potager, cultivé en bio, et même jusqu’à la piscine, purifiée par un écosystème. Malheureusement, après huit années de travaux, la foudre met le feu à la charpente et endommage tout l’étage… Mais rien ne décourage le couple, qui décide alors de convertir le château en chambres d’hôtes de caractère. « Tout ce que nous avons pu faire par nous-mêmes, nous l’avons fait. » La devise de Christophe ? « Quelqu’un qui travaille bien avec ses mains est bien dans sa tête. » En plus de son métier de psychothérapeute, Lydie consacre beaucoup de temps à l’aménagement intérieur. Cette passionnée de décoration, qui écume les antiquaires de la région, a tenu à redonner charme et lustre à cette bâtisse, dans un esprit maison de famille où cohabitent meubles anciens et objets insolites. La belle galerie qui dessert les pièces du haut leur a donné la possibilité d’aménager cinq chambres indépendantes avec leur salle de bains. Idéal pour s’offrir un séjour au vert.
Une baignade à l’abri des regards. Cette piscine filtrée et purifiée grâce à son écosystème vivant de plantes se compose d’un bassin de nage, d’un bassin d’agrément recouvert d’iris et de nénuphars ainsi que d’un bassin de filtration où s’épanouissent vingt-cinq végétaux aquatiques. Hôtes et propriétaires des lieux viennent s’y détendre à l’ombre des canisses.
Une élégante cour à la française mène à l’entrée. Rectangles de pelouse et cyprès de Florence y sont agencés avec symétrie, dominés par la sobre bastide enduite d’ocre pâle. Les anciennes écuries ont conservé leurs portes arrondies en bois d’origine.
Dans le vaste hall de réception (à gauche), la lourde porte en chêne et les carreaux en terre cuite du sol sont d’époque, tout comme le pilier de soutènement en fer transformé en portemanteau.
Une collation est servie dans la cour devant les écuries (à droite), sous l’oeil intéressé de Chapka, l’un des dix chats de la maisonnée.
Le grand salon de réception, avec ses 3,50 mètres de hauteur sous plafond et sa cheminée en marbre noir d’origine, a des allures aristocratiques. Cette demeure familiale appartenant jadis au colonel des hussards Jérôme Justin de Bonne a pu renaître avec du mobilier et des objets chinés dans la région. Bouquet Le Jardin du Rudel (Albi).
Art de la composition dans le salon de la suite « Adélaïde d’Orléans ». Console chinée à la brocante du Castelviel – la foire à la brocante d’Albi –, sablée puis patinée par Lydie. Ex-voto sous verre, Maisons du Monde; dans le vase Médicis, bouquet Le Jardin de Rudel. Au mur, des reproductions d’oeuvres de Thomas Gainsborough, Joshua Reynolds et Antoine van Dyck trouvées sur un vide-greniers, avec leurs cadres Napoléon III.
Dans l’ancienne chapelle, la spacieuse chambre « Maria Virginia » (nom découvert sur une brique) se veut apaisante avec son dais de lit en lin blanc confectionné par Lydie et brodé par sa maman. La parure de lit turquoise Harmony anime ce décor imprégné des codes religieux – banc d’église, prie-Dieu et iconographie sacrée.
Fraîcheur grisée dans la salle de bains de la suite « Adélaïde d’Orléans ». Le carrelage en grès cérame façon carreaux de ciment « Terra » (Marca Corona) vient d’Italie. La consolelavabo a été réalisée à partir d’une table ancienne, surmontée d’un plateau en chêne huilé.
Dans ce petit salonbistrot, pièce ouverte aux hôtes, on vient déguster des assiettes gourmandes typiques du Tarn, avec des produits du potager et de la basse-cour du château. Guéridons Côté Table; bergères Louis XVI chinées.