À la découverte des pépites du cap Corse
CETTE PÉNINSULE EN FORME D’INDEX POINTÉ VERS LE CONTINENT FORME UN MONDE À PART. LE TEMPS D’UNE ÉCHAPPÉE SAUVAGE, ENTRE MER ET MONTAGNE, ELLE ENIVRE DE SES TRÉSORS INATTENDUS.
On dirait un village de poupées, ou l’oeuvre d’un aquarelliste inspiré. Le port de Centuri, à l’extrême nord-ouest du cap Corse, est un enchantement. Face aux quais où s’entassent les filets de pêche aux nattes colorées, les pointus amarrés perpétuent la tradition cap-corsine de la pêche à la langouste. En retrait, une enfilade de restaurants, avec leurs terrasses qui illuminent le port en fin de journée, régalent les gourmands avec des pâtes à la langouste, le plat signature local. Mention spéciale au Vieux Moulin, un établissement familial qui fait l’unanimité pour la fraîcheur de ses produits. Vers l’intérieur des terres, on aperçoit des hameaux tapis dans les ondulations de la montagne, comme autant de grappes de couleur qui tranchent sur le vert bronze du maquis. Certains dissimulent des bijoux d’architecture, notamment des « maisons d’Américains », de belles demeures inspirées des résidences coloniales d’Amérique du Sud, édifiées au xixe siècle par des Cap-Corsins ayant fait fortune dans le Nouveau Monde.
De Centuri, la D80, la route littorale qui épouse les contours de la péninsule, pique vers le sud en chaloupant d’une vallée à une autre, à s’en donner le tournis. Cet extraordinaire balcon sur la mer prodigue des panoramas somptueux. À Morsiglia, les imposantes tours fortifiées et le domaine viticole de Pietri méritent une halte. À Pino, il faut ouvrir l’oeil pour ne pas manquer la route secondaire qui dévale jusqu’à la discrète marine de Scalo, en contrebas de la départementale. Quelle récompense ! Un air de bout du monde flotte sur ce petit paradis oublié, où des bâtisses de pierre aux toits de lauze enserrent une baie de galets. D’autres marines au charme intimiste ponctuent le trait de côte en direction du sud. Celle de Giottani, baignée d’une eau translucide, vaut le détour pour son cadre apaisant. Aucune infrastructure touristique, hormis une indémodable paillote familiale.
Tout au long de ses 80 km de côtes, le cap Corse ne dévoile ses secrets qu’aux âmes curieuses qui savent prendre le temps.