L’Arabie saoudite regarde vers l’Asie
L’Asie est devenue l’horizon indispensable de la diplomatie saoudienne. De fin février à mi-mars 2017, le roi Salman (depuis 2015) s’est rendu en Malaisie, en Indonésie, au Brunei, au Japon et en Chine. Car pour préparer la fin du tout pétrole (le baril est durablement en dessous du point d’équilibre budgétaire de 80 dollars), le royaume estime indispensable de mettre en place un partenariat stratégique avec l’Asie, d’où proviennent déjà 39 % de ses importations en 2016. Investir 13 milliards de dollars dans des raffineries en Malaisie ou en Indonésie risque de ne pas entraîner de rentrées réciproques. Il s’agit plutôt de sécurisation de la part de marché et d’influence religieuse avec des discussions concernant l’éducation islamique et les pèlerins. En revanche, Riyad a déjà investi 45 milliards de dollars dans la société japonaise SoftBank, et les Saoudiens s’attendent à des investissements nippons et chinois dans des secteurs comme la gestion logistique, les infrastructures et les hautes technologies.
SÉCURISER LES REVENUS
de celle-ci s’annonce comme une opération financière de grande envergure dont le montant pourrait atteindre 100 milliards de dollars. C’est d’ailleurs à Pékin que se trouve le siège régional d’Aramco : les deux pays ont déjà des raffineries exploitées en commun. Mais Riyad a demandé à la République populaire de l’aider à réduire sa dépendance au pétrole en renforçant le rôle du secteur privé saoudien. L’objectif est aussi de transformer le royaume en hub compétitif pour le transport de marchandises et les services, un peu à la façon de ses voisins émiratis Dubaï et Abou Dhabi. En Malaisie, L’idée sous-jacente de cette tournée du roi est aussi de lutter contre le retour de l’Iran sur le marché pétrolier asiatique. Selon Téhéran, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et le Japon ont importé 1,8 million de barils par jour durant le premier trimestre 2017, soit une augmentation de 40 % par rapport à la même période de l’année précédente. Ce voyage visait donc à sécuriser les livraisons de brut saoudien, notamment en République populaire, dont l’Arabie saoudite est le premier fournisseur depuis 2014. Dans son ensemble, l’Asie absorbe 68 % des ventes de pétrole saoudien, et sur les 1,4 million de barils par jour nouvellement consommés en 2017, un million le sont en Asie. Enfin, Riyad souhaite attirer les investisseurs asiatiques dans la perspective d’une ouverture du capital de la société saoudienne Aramco ; la vente de 5% des parts la délégation saoudienne a signé des contrats dans les domaines de la construction, de l’aéronautique et de l’alimentation halal. C’est en commençant à penser à l’après-pétrole que les Saoudiens se sont rappelé l’importance de la géographie… Ils souhaitent ainsi participer au projet de nouvelle route de la soie du président chinois Xi Jinping (depuis 2013). Ou comment l’Arabie saoudite pourrait aider la Chine à connecter l’Asie, le Moyen-Orient et l’Europe à travers la construction d’un réseau d’infrastructures (ports, rail, routes) permettant une accélération
du commerce.