Sahara occidental : vers la reprise du dialogue ?
Après une année 2016 de crispations, la question du Sahara occidental semble bénéficier d’un contexte plus apaisé depuis début 2017 : le Maroc a réintégré l’Union africaine (UA) en janvier et s’est retiré d’une zone contestée à Guerguerat le mois suivant. Est-ce le début d’un nouveau dialogue sous les auspices de l’ONU ?
Ancienne colonie espagnole (1884-1976), le Sahara occidental est en grande partie sous contrôle du Maroc depuis 1975. Un cessez-le-feu entre les indépendantistes sahraouis du Front populaire de libération de la Saguía el-Hamra et du Río de Oro (Polisario) et les forces marocaines est en place le long d’une « ligne de front » supervisée par les troupes de l’ONU depuis 1991. Les Sahraouis réclament un référendum d’autodétermination alors que Rabat propose une autonomie sous sa souveraineté. Cette « paix » relative entre les deux parties a été sur le point d’être rompue dans le courant du second semestre 2016, particulièrement dans l’extrême sud-ouest du Sahara occidental, dans la région de Guerguerat, près de la frontière mauritanienne (cf. carte). Cette zone contestée est limitée du côté marocain par la section la plus méridionale du « mur de sable » (« Berm »), levée de terre et de sable longue d’environ 2 720 kilomètres érigée entre 1980 et 1987 afin de délimiter matériellement la zone de contrôle du Maroc, de sécuriser la souveraineté du royaume et de prévenir toute incursion sahraouie. De vives tensions sont apparues en août 2016 à la faveur de la construction d’une route goudronnée par l’armée et la police marocaines, prolongeant la RN1 à travers le no man’s land situé entre le « mur de sable » et la frontière mauritanienne afin d’empêcher les incursions des katibas du Polisario et de réduire les activités de contrebande dans cette zone tampon. L’intrusion d’hommes en armes dans un espace de non-droit, mais officiellement démilitarisé, a accru la tension le long de la ligne de front pendant plusieurs mois fin 2016-début 2017, les deux camps n’étant qu’à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, sous les yeux inquiets des observateurs de l’ONU. Face au risque du retour des hostilités, le nouveau secrétaire général des Nations unies, António Guterres (en poste depuis le 1er janvier 2017), a lui-même pris en charge le dossier afin de trouver une solution durable à ce conflit en souhaitant la reprise des discussions entre les deux parties. Le Maroc a ainsi décidé, le 26 février 2017, de se retirer de la zone contestée de Guerguerat. Le Polisario a accepté de faire de même à la fin du mois d’avril. Ce contexte de bonne volonté a permis au Conseil de sécurité de voter la résolution 2351 qui doit relancer les négociations de paix, vingt-six ans après le cessez-le-feu de 1991 et la prorogation de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu’au 30 avril 2018. Sans doute faut-il y voir également un changement de politique de la part du royaume chérifien, le Maroc ayant réintégré, fin janvier 2017, l’UA, qu’elle avait quittée en 1984 à la suite de la reconnaissance et de l’admission de la République arabe sahraouie démocratique dans cette même organisation en 1982. Reste à savoir comment le gouvernement de Rabat va accepter de siéger avec une entité qu’il n’a jamais reconnue.