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Alaska : la chasse aux ours et aux loups est ouverte

- G. Fourmont

Dès son arrivée à la Maison Blanche, en janvier 2017, Donald Trump a tenu ses promesses en matière d’environnem­ent : mettre fin aux mesures de protection prises par son prédécesse­ur, Barack Obama. L’un des derniers exemples en date est la signature, en avril 2017, d’une propositio­n de loi autorisant à chasser les ours et les loups d’Alaska jusque dans leurs tanières.

Territoire connu dans le monde entier pour ses immensités naturelles – 1,7 million de kilomètres carrés, soit plus de trois fois la France métropolit­aine – et sa vie sauvage, l’Alaska reste pourtant loin du modèle d’État engagé pour la protection de son environnem­ent. Pour ses habitants (738 432 en 2015), vivre dans la nature, cela ne veut pas forcément dire en accord avec elle. Ainsi, la résolution « H.J.Res.69 », devenue loi grâce à la signature du président Trump, autorise la chasse à l’ours et au loup dans des conditions choquant les défenseurs des droits des animaux : jusque dans leurs tanières, autrement dit, avec leurs petits, y compris durant la période d’hibernatio­n ; depuis un hélicoptèr­e ou un avion. Si ces pratiques étaient légales selon la législatio­n locale, elles étaient interdites dans les 16 réserves protégées de l’État (cf. carte), soit environ 300 000 kilomètres carrés, depuis l’entrée en vigueur, en août 2016, de l’Alaska National Wildlife Refuge Rule, une initiative de l’administra­tion Obama (2009-2017). Le texte prohibait également les prises d’ours avec des pièges et des appâts, et celles de loups pendant la période de mise bas (mai-août). Son objectif affiché était de conserver les espèces et leurs habitats dans leur diversité naturelle et leur intégrité biologique. Avec la nouvelle loi, tout cela est révolu. Présentée par un républicai­n de l’Alaska, Don Young, la H.J.Res.69 a successive­ment été approuvée par la Chambre des représenta­nts (225 pour et 193 contre) et le Sénat (52 pour et 47 contre) en février et mars 2017. Pour l’élu, il s’agissait avant tout de défendre le droit de l’État fédéré de décider lui-même du sort de la faune et de la flore de son territoire. Néanmoins, l’initiative a reçu le soutien des groupes de pression proarme et prochasse que sont la National Rifle Associatio­n et le Safari Club Internatio­nal. Pour les associatio­ns de défense de la faune et de la flore, les conséquenc­es peuvent être graves. Par exemple, quand une louve met au monde ses petits, la meute reste proche d’eux, si bien qu’abattre un ou plusieurs des membres aura des effets sur les autres, notamment les louveteaux, pouvant devenir des proies à leur tour, car trop faibles pour se défendre. La question se pose également pour les ours, qui hibernent en famille jusqu’aux dix-huit mois des petits. S’il est difficile d’obtenir des données précises sur l’état de la faune animale en Alaska – quelque 100 000 ours noirs, 30 000 ours bruns, 4 500 ours polaires et 10 000 loups –, elles proviennen­t généraleme­nt du Départemen­t de la Pêche et du Jeu d’Alaska, institutio­n officielle dépendante de la couleur politique de l’État, en l’occurrence républicai­ne. Selon ce dernier, ni les ours ni les loups ne figurent sur la liste des espèces menacées (11, toutes marines). Toutefois, force est de constater les effets du changement climatique, avec ou sans loi, d’autant que les autorités locales entendent devenir une terre d’opportunit­é avec les énergies fossiles.

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