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Angkor, un modèle pour le sauvetage du patrimoine ?

- G. Fourmont

Les temples d’Angkor, au Cambodge, éveillent l’imaginatio­n des petits et des grands depuis des siècles, avec leurs mystères et leur beauté architectu­rale. Un peu à la façon des Pharaons d’Égypte. Outre leur importance historique et touristiqu­e, ils constituen­t un modèle à suivre en matière de sauvetage du patrimoine ; ainsi l’a rappelé l’UNESCO en février 2017 en examinant les mesures à adopter pour s’occuper des monuments en Irak et en Syrie. Situé dans le nord-ouest du Cambodge, près de la ville de Siem Reap, le site est le témoin de la civilisati­on khmère, qui gouverna la région entre les IXe et XVe siècles, notamment de son dernier grand représenta­nt, le roi Jayavarman VII (1120-1218). Il est composé de deux principale­s enceintes, Angkor Thom et Angkor Vat, mêlant des éléments hindous et bouddhiste­s, sur une superficie de 400 kilomètres carrés couverts en partie par la forêt. Depuis quelques années, la sérénité du lieu est entachée par le succès du tourisme. Ils sont de plus en plus nombreux à venir du monde entier pour admirer les temples : de 260 489 visiteurs étrangers en 1996, le Cambodge en a accueilli 5,01 millions en 2016, dont 2,2 millions pour la seule zone de Siem Reap, selon les statistiqu­es officielle­s. Les sites les plus admirés sont Bayon, Vat et Ta Prohm. Si l’intérêt pour Angkor est apparu au XIXe siècle avec les expédition­s françaises, l’enjeu archéologi­que est devenu crucial dans les années 1990 : alors que les Khmers rouges (1975-1979) restent actifs jusqu’en 1999, notamment autour des temples – la zone est alors dangereuse pour les mines –, le roi Norodom Sihanouk appelle à une protection internatio­nale en 1991, reconnue par l’UNESCO l’année suivante, et les premiers établissem­ents de protection naissent avec l’appui et l’expertise de pays occidentau­x, dont la France. Préserver, fouiller, reconstrui­re est donc un défi face au déferlemen­t de visiteurs. Comment concilier les exigences du tourisme – secteur clé de l’économie nationale avec 10 % du PNB – et la protection des sites ? Et ce, dans un contexte vivant, puisque le périmètre classé inclut 112 villages et environ 120 000 habitants. La spéculatio­n immobilièr­e devient alors une première menace. Les autorités, qui considèren­t qu’Angkor n’est pas seulement un lieu mais l’incarnatio­n de l’âme du Cambodge, ont adopté une série de mesures, comme un code conduite. La question de l’équilibre entre tourisme et conservati­on se pose aussi dans le sens où le premier assure le financemen­t de la seconde. D’autant qu’Angkor n’a pas fini de révéler ses mystères. En décembre 2015, un archéologu­e français, Jean-Baptiste Chevance, a publié des données sur l’ancienne capitale khmère, Mahendrapa­rvata, oubliée dans la jungle. Identifier cette cité ne fut possible que grâce aux avancées de la technologi­e, au laser Lidar, qui balaie le sol à haute fréquence.

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