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La Californie peut-elle se

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À la suite de la victoire de Donald Trump à l’élection présidenti­elle de 2016, l’idée longtemps marginale d’une possible sécession de la Californie des États-Unis a pris une nouvelle ampleur. Pensé davantage comme une posture de défi envers la nouvelle administra­tion que comme une véritable volonté d’émancipati­on, ce projet permet néanmoins de mettre en lumière les nombreux atouts, mais aussi les faiblesses, de cet État.

Bastion démocrate depuis les années 1990, la Californie a voté à 61,5 % pour Hillary Clinton contre 31,5 % pour le candidat républicai­n en novembre 2016, soit une différence de près de 4,5 millions de voix. Ce décalage avec le résultat national (48 % pour l’ancienne secrétaire d’État de Barack Obama contre 45,9 % pour Donald Trump, néanmoins victorieux grâce au système des grands électeurs) a fait rejaillir les volontés indépendan­tistes de cet État, incarnées par deux mouvements : Yes California et le California National Party, à l’origine de la campagne pour un « Calexit », une sortie de la Californie des États-Unis d’Amérique. Selon un sondage réalisé entre décembre 2016 et janvier 2017, un tiers des Californie­ns interrogés seraient favorables à un retrait pacifique de leur État du reste du pays. Un chiffre en progressio­n par rapport à 2014, quand une enquête similaire indiquait que seulement 20 % des sondés y étaient favorables (1). Le principal argument mis en avant pour justifier ce choix réside dans le poids économique de la Californie. En effet, son PIB, de loin le plus important du pays, s’élève à près de 2 500 milliards de dollars en 2016, soit l’équivalent de 14% de la richesse nationale. Les partisans du « Calexit » aiment d’ailleurs le rappeler : indépendan­te, la Californie serait la sixième puissance économique

mondiale.

DES SECTEURS MONDIALISÉ­S

Sur le plan économique, la Californie dispose de nombreux atouts, et en particulie­r de trois principaux. L’agricultur­e d’abord, qui constitue un secteur d’activité historique­ment important de l’État (cf. carte 2). Les différente­s production­s locales sont incontourn­ables à l’échelle nationale et mondiale puisque la Californie fournit 99 % de la production d’amandes des États-Unis et près de 80 % des exportatio­ns mondiales en 2015. Les vignes californie­nnes de la Napa Valley, qui comptent pour 91% de la production américaine, sont également réputées pour leur qualité, tandis que son vin fait partie des denrées les plus exportées, notamment en Europe, où les ventes ont généré 611 millions de dollars en 2015 (2). Il y a ensuite l’émergence de l’informatiq­ue et de la haute technologi­e, véritable vitrine de la Californie, à l’image de la Silicon Valley, qui compte plus de 40000 entreprise­s, dont certaines sont mondialeme­nt connues comme Facebook, Yahoo, Google ou Apple. Ce secteur n’aurait d’ailleurs pu émerger sans un très haut niveau d’éducation, symbolisé par la présence sur ce territoire des réputées université­s de Berkeley et Stanford. Preuve de l’importance des établissem­ents universita­ires californie­ns : cinq des 20 université­s les mieux classées au monde se situent dans cet État. Enfin, si la région de San Francisco s’est tournée vers l’informatiq­ue, la ville de Los Angeles s’est plutôt spécialisé­e dans l’industrie cinématogr­aphique, symbolisée par la puissante Hollywood, qui contribue au rayonnemen­t américain dans le monde. Celle-ci concentre près de la moitié des emplois directs et indirects dans ce secteur à l’échelle nationale, soit environ 333 000 postes. Selon le Collège des arts et du design, l’industrie audiovisue­lle californie­nne a généré près de 76 milliards de dollars en 2014 (3). La domination de Hollywood sur le cinéma planétaire en matière de recettes est telle que sur les 20 films les plus rentables au box-office mondial, 18 sont américains et ont rapporté presque 26 milliards de dollars. Pourtant, cette réussite apparente du modèle économique californie­n masque des conflits sociaux locaux parfois très forts, notamment entre les pôles urbains dynamiques et des espaces en déclin.

INÉGALITÉS SOCIALES ET TERRITORIA­LES

Le développem­ent économique de l’État se traduit par une concentrat­ion des richesses autour des grands centres urbains tels que Los Angeles, San Francisco ou Sacramento, laissant à la marge toute une partie du territoire californie­n. Le taux de chômage est plus élevé dans les espaces agricoles, pouvant atteindre jusqu’à 19 % dans certains comtés, alors qu’il n’est que de 3 % à San Francisco et de 4,9 % à l’échelle de l’État. De même, on observe une concentrat­ion des hauts revenus dans les comtés proches des grandes villes : alors que le revenu californie­n moyen était de presque 54 000 dollars en 2015, ceux des résidents de Santa Clara, San Mateo ou San Francisco comptaient parmi les plus élevés, culminant parfois à plus de 93 000 dollars.

 ??  ?? 1 Géographie du territoire californie­n Sources : D’après une carte de Blanche Baron, MAPPE : Californie. L’eldorado américain ?, Éditions Ateliers Henry Dougier, mars 2017 Réservoir San Vicente
Réservoir Lower Otay Mer salée Salton MEXIQUE l C 100 km...
1 Géographie du territoire californie­n Sources : D’après une carte de Blanche Baron, MAPPE : Californie. L’eldorado américain ?, Éditions Ateliers Henry Dougier, mars 2017 Réservoir San Vicente Réservoir Lower Otay Mer salée Salton MEXIQUE l C 100 km...
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Vers le canal de Panama Vers Altamont Vers Lakeview Vers Salt Lake City
Sources : D’après une carte de Blanche Baron, MAPPE : Californie. L’eldorado américain ?, Éditions Ateliers Henry...
Vers Coos Bay Vers l’Asie, notamment la Chine Vers Medford Vers le canal de Panama Vers Altamont Vers Lakeview Vers Salt Lake City Sources : D’après une carte de Blanche Baron, MAPPE : Californie. L’eldorado américain ?, Éditions Ateliers Henry...

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