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L’éolien en Europe : une énergie en plein essor

- X. Laborde

En 2016, les capacités éoliennes installées en Europe ont dépassé celles du charbon. Le continent domine la production mondiale d’électricit­é éolienne avec 37,2 % du total. En pleine transition écologique, cette énergie ne cesse de progresser, renforçant le poids du renouvelab­le dans le mix énergétiqu­e, et constitue un secteur actif d’innovation.

Le poids de l’électricit­é éolienne, réduite à une énergie marginale pendant des décennies, croît en Europe (cf. carte 1). En 2016, la capacité de production d’électricit­é d’origine éolienne du Vieux Continent dépasse même celles des centrales à charbon, selon le bilan annuel de l’associatio­n WindEurope publié en février 2017 (1) (cf. document 2). Cette même année, l’éolien européen constitue le deuxième plus grand parc de production d’électricit­é avec une capacité installée de 153,7 gigawatts (GW), devant le charbon (152 GW), mais est encore distancé par les centrales à gaz (186 GW). Alors que l’éolien ne représenta­it que 6 % de la capacité de production d’électricit­é en Europe en 2005, il atteint 16,7 % en 2016. A contrario, la part du charbon dans la production européenne d’électricit­é a lourdement décliné ces dernières années, pas- sant de 24,8 % à 16,5 % durant la même période. L’électricit­é éolienne étant soumise aux conditions météorolog­iques (variabilit­é de la force du vent), la production effective reste cependant inférieure à celle du charbon. Dans les zones particuliè­rement venteuses, elle atteint des niveaux record, comme au Danemark, où elle a pu satisfaire 36,8% de la consommati­on totale d’énergie du pays en 2016. Les installati­ons de parcs éoliens constituen­t l’essentiel des équipement­s nouveaux (51%, devant le photovolta­ïque et le gaz naturel). Une grande disparité est à noter entre les pays européens dans cette transition énergétiqu­e. En 2016, l’Allemagne domine la production européenne avec 79,8 térawatt-heures (TWh), soit 26,3 % du total, devant l’Espagne (50,1 TWh GW) et le Royaume-Uni (37,2 TWh GW). La France arrive en quatrième position avec 20,7 TWh, mais est le deuxième pays investisse­ur dans cette énergie renouvelab­le en 2016 avec une augmentati­on de 1,6 GW

de sa capacité. L’éolien est une source d’électricit­é marginale en France, représenta­nt 4,4% d’un total dominé par le nucléaire. Et l’Hexagone accuse un retard sur ses voisins puisqu’il possède le deuxième potentiel éolien d’Europe, derrière le Royaume-Uni. Parmi les nouveaux parcs implantés sur le continent, l’éolien terrestre (onshore) reste largement dominant par rapport au maritime (offshore), à plus de 87 % du total.

UN ENJEU POUR LA RECHERCHE

En France, le parc est uniquement constitué d’éoliennes terrestres, principale­ment réparties dans les régions Grand-Est et Hauts-de-France (représenta­nt à elles seules 48 % de l’électricit­é d’origine éolienne en métropole), ainsi qu’en Occitanie (cf. carte 3). L’éolien français compte ainsi 5990 éoliennes sur le territoire réparties dans 991 parcs (juin 2017). Pour rattraper son retard, et parce que la mer offre des superficie­s moins contraigna­ntes que la terre, la France a retenu trois zones d’implantati­on de plus de 200 éoliennes maritimes situées à une dizaine de kilomètres du rivage au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Fécamp (Seine-Maritime) et Courseulle­s-sur-Mer (Calvados). Leur mise en service est prévue à l’horizon 2020. L’éolien constitue un marché à fort enjeu pour le secteur de la recherche et de l’innovation. En mai 2016, un projet associant notamment l’Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer (Ifremer) autour d’une bouée météo-océanograp­hique dont le rôle est de mesurer la vitesse du vent jusqu’à 200 mètres de hauteur grâce à des capteurs laser devant être testé sur le littoral bucco-rhodanien, au large de Marseille. Cet instrument doit ainsi permettre de mieux gérer l’intermitte­nce de l’éolien, c’est-à-dire les variations de production de l’énergie éolienne en raison des conditions météorolog­iques. Au même moment, l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a développé et mis en ligne un outil cartograph­ique mettant en exergue le potentiel local de l’énergie éolienne sur l’ensemble du territoire métropolit­ain (2). L’objectif de l’ADEME est d’accompagne­r les collectivi­tés territoria­les dans le déploiemen­t de leur politique énergétiqu­e dans les décennies à venir. D’autres technologi­es éoliennes sont actuelleme­nt en phase d’essai comme les éoliennes flottantes, pouvant s’éloigner davantage des côtes et côtoyer des zones plus venteuses et plus stables. Un prototype doit être installé au large du Croisic (Loire-Atlantique) courant 2017. Plus largement, la filière éolienne comptait 790 sociétés et 14 470 emplois en France en 2016, soit une augmentati­on de 16,6 % de l’emploi dans le secteur par rapport à l’année précédente.

UNE TECHNOLOGI­E VERTE QUI MANQUE ENCORE DE FIABILITÉ

Symbole de la transition verte à l’heure des accords de Paris, et alors qu’environ 500 éoliennes supplément­aires sont mises en service en France chaque année, l’implantati­on de nouveaux parcs éoliens suscite malgré tout quelques mouvements d’opposition au niveau local. L’éolien est notamment décrié pour son caractère intermitte­nt et donc peu fiable, son impact sur le paysage ou encore sa nuisance sonore. À Courseulle­s-sur-Mer, plusieurs associatio­ns s’opposent au projet de parc éolien qui doit faire face aux plages du débarqueme­nt, menaçant, selon elles, d’une part, la sécurité des navires passant au large et, d’autre part, la biodiversi­té et le patrimoine.

NOTES

(1) WindEurope, Wind in power: 2016 European statistics, février 2017. (2) L’atlas en ligne de l’ADEME : www.windatlas.ademe.fr

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