Algues vertes : un enjeu sanitaire majeur en Bretagne
Véritable problème de santé publique, la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes est au coeur des préoccupations écologiques et économiques de la région. Après un premier plan de lutte mené par l’État, des effets positifs se font sentir, mais le fléau n’est toujours pas éradiqué.
u printemps 2017, le littoral breton a connu son pire début de saison des « marées vertes » depuis 2009 avec des échouages massifs et précoces d’algues. Entre 1997 et 2014, les collectivités ont ramassé chaque année entre 25 000 et 87 000 mètres cubes de ces plantes aquatiques sur les plages. L’impact financier de l’entretien annuel du littoral dépasse le milliard d’euros, affectant le tourisme côtier. Si le territoire nord-breton est particulièrement touché (cf. carte), les algues vertes s’échouent plus largement sur les côtes normande et charentaise. Une fois déposées sur le littoral, et en état de putréfaction, elles constituent non seulement une nuisance paysagère et nauséabonde, mais surtout un enjeu de santé publique du fait de leur forte toxicité résultant de l’émission d’hydrogène sulfuré, dont les quantités dépassent le seuil de mortalité. Plusieurs décès ont ainsi été constatés depuis 1989. Différentes études ont été menées par l’État pour connaître les causes de la prolifération de ces algues, dont le problème sanitaire a été identifié dès les années 1970. En 2012, un rapport officiel confirmait l’implication des activités humaines, notamment de l’agriculture intensive, dans leur prolifération, avec les rejets d’azote, de phosphore et de nitrate (1). En 2015, les ministères de l’Écologie et de l’Agriculture ont dressé le bilan du premier plan de lutte contre les algues vertes déployé entre 2010 et 2015 (2). Ce programme de 117 millions d’euros prévoyait une action de sécurisation et de gestion des risques, une action curative en améliorant le ramassage des algues et leur traitement, et une action préventive pour limiter les flux d’azote, essentiellement agricoles. Comme en 2012, les auteurs du rapport insistent sur l’implication de l’agriculture intensive et les différents rejets dans les eaux continentales, lesquelles s’écoulent vers l’océan. D’autres paramètres climatiques et géologiques conditionnent également l’importance du phénomène : une géographie propice avec des baies fermées, une température de l’eau et un éclairement suffisants. Huit baies bretonnes particulièrement souillées ont été concernées par le plan de lutte : la Fresnaye, Saint-Brieuc, la Lieue de Grève, Locquirec, l’Horn-Guillec, Guissény, Douarnenez et Concarneau. Ce périmètre représente 10% des exploitations agricoles et 6% de la population de Bretagne. Alors que ce bilan s’avère plutôt positif, le rapport précisant que 80 % des agriculteurs concernés par le dispositif se sont portés volontaires pour appliquer les recommandations de l’État dans la lutte contre les algues vertes, les pouvoirs publics veulent poursuivre le combat contre l’invasion avec un nouveau programme d’un montant de 60 millions d’euros pour la période 2017-2021.
NOTES
(1) Ministères de l’Écologie et de l’Agriculture, Bilan des connaissances scientifiques sur les causes de prolifération de macroalgues vertes : Application à la situation de la Bretagne et propositions, mars 2012. (2) Ministères de l’Écologie et de l’Agriculture, Évaluation du volet préventif du plan 2010-2015 de lutte contre les algues vertes en Bretagne : Bilan et propositions, mai 2015.