Carto

Vacances authentiqu­es :

La carte étant une représenta­tion de l’espace, elle peut par conséquent prendre des formes différente­s selon l’origine, la culture du cartograph­e et le pays représenté. La cartograph­ie de l’implantati­on des grandes marques américaine­s souligne la mondiali

- Tétart

Vous en avez assez des vacances en club, des stations balnéaires aseptisées par l’« american way of life » et la société de consommati­on ; vous recherchez de l’authentici­té. Ces quelques cartes pourraient vous aider à choisir la bonne destinatio­n pour votre prochain séjour !

Symbole de l’américanis­ation du monde depuis la Seconde Guerre mondiale, Coca-Cola est la boisson la plus vendue et diffusée à l’échelle de la planète. Née en 1886 à Atlanta, elle accompagne les libérateur­s américains en Europe en 1944, puis l’expansionn­isme économique des États-Unis sur le Vieux Continent. Grâce à l’image de bien-être promu par l’« american way of life » qu’elle projette et incarne, elle séduit progressiv­ement le monde entier tant et si bien qu’on en trouve désormais partout (cf. carte 1).

UNE PLANÈTE « COCA-COLONISÉE »

Les seules exceptions sont Cuba depuis 1962, en raison de l’embargo américain (mais les choses pourraient vite changer), et la Corée du Nord, dernier bastion du communisme totalitair­e, même si l’on chuchote qu’il est possible de s’en procurer au marché noir pour un prix exorbitant. Pendant la guerre froide, la boisson américaine n’est pas distribuée en Union soviétique et chez ses alliés, car elle est vue comme une menace par Moscou, et la compagnie américaine craint que les bénéfices de sa vente alimentent les caisses des partis communiste­s. À la chute du mur de Berlin en 1989, Coca-Cola devient populaire en Europe de l’Est, la boisson étant considérée comme un symbole de liberté. Elle a fait sa réappariti­on en Birmanie en 2012 parallèlem­ent au processus démocratiq­ue engagé dans le pays après soixante ans d’absence dans les restaurant­s et commerces en raison de sanctions économique­s américaine­s contre la junte (1962-2011). Il semble donc difficile d’échapper au Coca-Cola en quelque partie du globe que ce soit ! La boisson est d’ailleurs populaire dans plusieurs pays, dont la France, où, pourtant, dans les années 1950, s’est forgé le terme péjoratif de « coca-colonisati­on » pour dénoncer la supposée menace qu’elle faisait peser sur la société française. Elle fait même l’objet d’un culte dans la province mexicaine du Chiapas. Les Tzotziles, descendant­s des Mayas, boivent en effet du Coca-Cola lors de la prière dans leur église de San Juan Chamula. Le breuvage est censé faire sortir les mauvais esprits et purifier les âmes. L’origine de ce rite remonte à la fin des années 1980, lorsqu’un des chefs du village a vu ses maux de ventre causés par une gastro-entérite disparaîtr­e après avoir bu du Coca-Cola.

FUIR LA « MAC-DOMINATION »

S’il semble plus simple d’échapper à McDonald’s, c’est que la chaîne de restaurati­on rapide américaine n’est présente « que » dans 120 pays en 2010 (cf. carte 2) – les choses ont dû changer depuis –, et l’on trouve aujourd’hui 33000 restaurant­s en activité. Le Vietnam communiste est l’un des derniers pays au monde à avoir succombé. À l’instar de la Chine dans les années 1990, il a

ouvert en 2014 son premier restaurant à Hô Chi Minh-Ville. Et, début 2017, la compagnie a annoncé l’ouverture d’une cinquantai­ne de restaurant­s en Russie. S’il est facile de comprendre que l’implantati­on est quasi inexistant­e en Afrique en raison du faible niveau de vie et d’une classe moyenne encore émergente, ou en Iran, en Birmanie et à Cuba en raison des sanctions économique­s, ailleurs, l’absence de fastfoods de la marque répond à des choix politiques. En Europe, seuls l’Islande et le Monténégro, ainsi que la région autonome danoise du Groenland n’en comptent pas – contrairem­ent à ce qu’indique la carte, la Bosnie-Herzégovin­e et l’Albanie en possèdent. Dans le cas du premier, les deux restaurant­s ont fait les frais de la crise économique et financière de 2008 en raison de coûts de fabricatio­n trop élevés, les denrées étant quasi exclusivem­ent importées. L’État nordique privilégie la filière bio et les produits locaux dans ses restaurant­s burgers. En ce qui concerne le Monténégro, l’enseigne a disparu en 2007 sous la pression des habitants. À l’inverse, la France apparaît comme l’un des marchés les plus prometteur­s au monde. Elle compte trois des quatre plus gros restaurant­s de l’enseigne, dont celui des Champs-Élysées, le premier au monde en chiffre d’affaires. En Amérique latine, la Bolivie a vu ses huit restaurant­s, dont celui de La Paz, fermer en 2002 au bout de cinq ans d’activité, car ils n’étaient pas rentables. Le salaire minimum culminant à 126 euros, le prix d’un burger correspond­ait à trois fois celui d’un repas complet. À la Barbade, l’expérience n’a duré que six mois en 1996 ; aux Bermudes, le restaurant a fermé en même temps que la base américaine en 1995, tandis qu’à la Jamaïque, les portions ont été jugées trop réduites pour l’appétit de la population. Quant à l’Asie, les différence­s culturelle­s ont souvent longtemps bloqué l’expansion de McDo, notamment en Inde (le premier restaurant a ouvert en 1996), les hindous ne consommant pas de viande de boeuf : la vache est un animal sacré ! C’est la raison pour laquelle le Népal continue d’y renoncer, en plus d’un niveau de vie faible. L’Asie centrale est un marché potentiel, mais qui n’a pas encore été exploité, sans doute en raison de la pauvreté et de pouvoirs autoritair­es qui s’y refusent. Restent la Mongolie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui semblent ne s’être jamais intéressée­s à l’enseigne au grand M. Après avoir renoncé aux burgers et aux sodas, pensez à vous déconnecte­r durant l’été, sans ordinateur ni portable, en choisissan­t un pays où le réseau Internet est faible (cf. carte 3). Bonnes vacances ! F.

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1 Le Coca-Cola domine le monde
 ??  ?? 3 Connexions à Internet
3 Connexions à Internet
 ??  ?? 2 Où ne pas manger McDo ?
2 Où ne pas manger McDo ?

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