Édito
Dans notre beau pays, il est de sens commun d’avoir partout de l’eau en ouvrant un simple robinet. Celle-ci n’est pas toujours très bonne, selon les régions, mais elle est saine et nous permet de subvenir à nos besoins quotidiens. Au pire, il nous est toujours possible d’aller au supermarché le plus proche pour acheter quelques bouteilles d’eau minérale ou de source à un prix dérisoire. Un luxe ! Car l’eau n’est pas la ressource du monde la mieux partagée, bien au contraire. Quelque 800 millions de personnes sont aujourd’hui privées d’eau potable. Et dans moins de quinze ans (en 2030 exactement), la planète devra faire face à un déficit hydrique de 40 % si nous ne changeons pas nos modes de consommation, alerte L’ONU.
L’« or bleu » est en effet un « point chaud » de la géopolitique mondiale : liée au changement climatique, à l’agriculture, à la sécurité alimentaire et à l’énergie, elle illustre les grandes problématiques contemporaines concernant le développement, la lutte contre la pauvreté ou encore la protection de l’environnement. Sa pénurie engendre des conflits, souvent armés, sur de nombreux territoires. Quelques exemples chiffrés : selon les Nations unies, le « stress hydrique » (c’est-à-dire la pénurie d’eau) commence quand la disponibilité est inférieure à 1 700 mètres cubes par personne et par an. Certains pays arabes, comme l’égypte, la Libye ou l’arabie saoudite, sont dans une situation préoccupante, avec moins de 500 mètres cubes par personne et par an. La seule évocation du royaume des Al-saoud rappelle que le problème ne touche pas seulement les pays pauvres. On pense également aux États-unis, où la Californie fait face à de nombreuses périodes de sécheresse et d’incendies, comme en octobre 2017. Dans des régions riches en céréales, le manque d’eau a une conséquence immédiate : l’augmentation des prix des produits de base, tel le pain, ce qui peut entraîner des troubles sociaux.
Il est ainsi urgent de penser à de nouvelles modalités de gestion des ressources hydriques disponibles. Car la tendance va s’accentuer : d’ici à 2050, la demande devrait augmenter de 55 % sous la pression d’un accroissement de la population mondiale et de la consommation en eau (individuelle, industrielle ou agricole). Parmi les solutions envisagées, certains experts s’intéressent aux eaux usées, dont le traitement pourrait contribuer à résoudre les pénuries à venir. Un immense défi auquel Carto consacre un dossier spécial dans ce numéro.