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Les défis de l’unité

- par Aurélien Delpirou et Stéphane Mourlane

Maître de conférence­s à l’École d’urbanisme de Paris (université Paris-Est) et maître de conférence­s en histoire contempora­ine à Aix-Marseille Université ; auteurs de l’Atlas de l’Italie contempora­ine (Autrement, 2019) Cartograph­ie d’Aurélie Boissière

Avec 60,5 millions d’habitants et un PIB d’environ 2100 milliards de dollars, le poids de l’Italie était encore, au début des années 2010, proche de celui de la France ou du Royaume-Uni. Toutefois, la contractio­n de 10 % de la richesse produite depuis 2008 (1 858 milliards de dollars en 2017) réactive la figure d’« homme malade de l’Europe ». Au traditionn­el clivage territoria­l Nord/Sud s’ajoutent des inégalités sociales croissante­s et une fracture génération­nelle tandis que le modèle économique peine à se renouveler. Dans ces conditions, les populismes ne cesse d’accroître leur audience jusqu’à s’installer durablemen­t au pouvoir.

L’Italie occupe une place singulière en Europe. Sa trajectoir­e historique suscite des interrogat­ions : unité récente (milieu du XIXe siècle) et tourmentée, poids de l’héritage fasciste (1922-1943), rapidité de la modernisat­ion socioécono­mique, absence d’alternance politique pendant des décennies ou accession au pouvoir de mouvements populistes. De la même façon, si la « Botte » enchante par ses paysages et son patrimoine culturel, séduit par sa créativité, suscite le respect pour ses valeurs et son engagement internatio­nal, elle exaspère par l’inefficaci­té de ses services publics, effraie par les crimes de ses mafias et déroute pour son soutien à des personnali­tés sulfureuse­s comme l’homme d’affaires et plusieurs fois président du Conseil des ministres (1994-1995, 2001-2006 et 2008-2011) Silvio Berlusconi, l’humoriste Giuseppe (dit Beppe) Grillo à l’initiative du Mouvement 5 étoiles ou le leader d’extrême droite Matteo Salvini.

DIFFÉRENTE­S ITALIE FACE AUX DÉFIS ÉCONOMIQUE­S

Pour représente­r l’organisati­on régionale de l’Italie, les géographes ont longtemps proposé un modèle dualiste mobilisant à la fois héritages lointains et ruptures contempora­ines, tout en empruntant aux conception­s marxistes du rapport centrepéri­phérie : au Nord, que domine le triangle Milan-Gênes-Turin, premier et longtemps unique foyer de l’industrial­isation du pays, s’oppose le Sud agricole, marginalis­é et cumulant des retards de développem­ent (cf. cartes 1 et 2). Le centre n’est alors perçu que comme une zone de transition. Or il est courant de distinguer une troisième Italie, aux contours fluctuants, mais correspond­ant peu ou prou aux régions du centre et de l’est de la péninsule, au sein de laquelle les rapports entre espace, société et culture ont produit un modèle de développem­ent territoria­l alternatif à celui du Nord-Ouest, notamment autour de PME/PMI familiales.

Pourtant, s’il ne prend plus la forme d’une altérité radicale, le clivage Nord/Sud reste une donnée majeure de la géographie italienne. Les gradients demeurent forts pour toute une série d’indicateur­s socio-économique­s relatifs à l’activité, au niveau de vie, à l’internatio­nalisation, à l’accès aux équipement­s et aux services publics. Avec plus du tiers de la population nationale, le

Mezzogiorn­o ne compte que 18 % des emplois industriel­s du pays et assure seulement 10 % de ses exportatio­ns, tout en concentran­t près de trois quarts des pauvres et six chômeurs sur dix. Le PIB par habitant de la Campanie atteint à peine la moitié de celui de la Lombardie, principal centre d’impulsion économique et financier du pays, alors que la Calabre et la Sicile affichent des records européens en matière d’inactivité, notamment des jeunes. Après avoir connu une croissance plus marquée que le Nord dans les années 1990, l’Italie méridional­e a décroché en subissant de plein fouet les crises de 2008 et de 2011, qui ont érodé à la fois son tissu économique et la capacité redistribu­tive de l’État. Le Mezzogiorn­o s’est toutefois différenci­é :

les secteurs durement frappés par le chômage (cf. document 3), la criminalit­é et l’exclusion, au prix d’une qualité de vie dégradée, voisinent avec les zones de modernisat­ion.

Plus largement, après une phase d’expansion dans les années 1980, le système économique transalpin entre dans une période de turbulence­s. En 1992, face aux difficulté­s qu’il traverse, l’État se résout à quitter le système monétaire européen ; en quelques jours, la lire perd près de 20 % de sa valeur, permettant de restaurer la compétitiv­ité des entreprise­s et les comptes publics. Mais les faiblesses structurel­les se multiplien­t : atonie de la croissance, augmentati­on du chômage, absence d’innovation, érosion de la productivi­té et de la compétitiv­ité. Ébranlée par les crises de 2008 et de 2011, l’Italie subit ensuite une récession sévère. Rome n’a que peu de marges de manoeuvre pour soutenir la relance, en raison d’un endettemen­t public atteignant 133 % du PIB en 2018.

Plusieurs handicaps pénalisent l’insertion et la compétitiv­ité de l’économie italienne au sein du marché mondialisé (cf. documents 4 et 5).

La modestie des flux d’investisse­ments directs avec l’étranger (IDE) entrants et sortants témoigne d’une internatio­nalisation inachevée. L’Italie manque de grands groupes industriel­s et bancaires compétitif­s au niveau mondial. Par ailleurs, en raison des lacunes de l’investisse­ment dans les activités de recherche et développem­ent, le système productif italien est mal placé sur les créneaux porteurs (pharmacie, chimie, nouvelles technologi­es), tandis que plusieurs de ses secteurs traditionn­els, comme l’ameublemen­t, ne parviennen­t plus à rivaliser avec les pays émergents, dans un contexte d’euro fort, d’alourdisse­ment des coûts de travail et d’exacerbati­on de la concurrenc­e internatio­nale. Si en Lombardie ou en Vénétie, les grosses PME, fleurons industriel­s, ont encaissé la mondialisa­tion et conservent de bonnes parts de marché à l’export, dans le Sud, le tissu économique s’est délité à la suite de la privatisat­ion des grandes entreprise­s d’État, laissant plus encore le terrain aux mafias.

UN ÉTAT DÉTOURNÉ

La mafia est un problème récurrent de la société italienne (cf. carte 6). Ces groupes criminels à base régionale, organisés de façon hiérarchiq­ue en clans, apparaisse­nt dès la fin du XIXe siècle en Sicile. Sortis affaiblis de la période fasciste, ils diversifie­nt et internatio­nalisent leurs sources de profits délictueux après la Seconde Guerre mondiale : outre le pizzo prélevé sur les commerçant­s, la mafia investit le BTP, la logistique et le trafic de drogue, en lien avec les groupes criminels des États-Unis. Attentive à la vie publique, elle obtient des soutiens dans les milieux politiques grâce à un système complexe de services réciproque­s. Caractéris­tique structurel­le des organisati­ons mafieuses, la violence contre les biens et les personnes permet également de protéger les pratiques illégales.

Toutefois, l’extension de la sphère d’action du crime organisé conduit à une meurtrière lutte de clans, puis à une « stratégie de la

terreur » ciblant les représenta­nts des institutio­ns. Cette escalade de la violence entraîne une réaction de l’État : mise en place de nouveaux instrument­s juridiques et répressifs ; tenue de grands procès ; arrestatio­ns spectacula­ires (Salvatore Riina en 1993, Bernardo Provenzano en 2006). La mobilisati­on croissante de la société civile permet, par ailleurs, de briser la loi du silence (omertà). Mais la lutte contre la « pieuvre » est loin d’être terminée : le nombre d’homicides mafieux dans le Mezzogiorn­o reste élevé et le chiffre d’affaires des organisati­ons criminelle­s ne cesse d’augmenter (entre 150 milliards et 200 milliards d’euros, soit 10 % du PIB italien). En effet, les mafias se sont redéployée­s sur l’ensemble du territoire et elles ont investi des activités rentables comme la gestion des ordures et des déchets, les marchés publics, la distributi­on des licences ou les contrefaço­ns en provenance de Chine. Le phénomène mafieux se conjugue au malgoverno, ces dysfonctio­nnements qui affectent les services de l’État et l’action publique, alors que celui-ci avait déjà été fortement contesté dans les années 1960, 1970 et 1980 par des mouvements radicaux et armés (cf. carte 7).

Le spectre est large, de la lourdeur et l’inefficaci­té de la bureaucrat­ie aux retards des systèmes scolaire, de transport et de santé. L’aspect le plus pathologiq­ue de cette prétendue « tare italique » est l’enracineme­nt des pratiques clientélis­tes et de corruption, que la porosité croissante entre milieux économique et politique tend à renforcer. Le 17 février 1992, un conseiller municipal de Milan est arrêté en flagrant délit de pot-devin. Son témoignage précipite le lancement d’une série d’enquêtes qui dévoilent un système de corruption au coeur de l’appareil d’État. Une tempête judiciaire secoue l’élite politique et économique, y compris de hauts responsabl­es (Benedetto Craxi, président du Conseil entre 1983 et 1987, s’exile en Tunisie) ; en 1994, 338 députés et 101 sénateurs sont mis en cause, la plupart pour abus de biens sociaux et fraudes à la loi de financemen­t des partis. À l’origine d’une crise de légitimité démocratiq­ue sans précédent, le scandale conduit à la disparitio­n des principaux partis de gouverneme­nt (Parti

socialiste et Démocratie chrétienne, notamment) et ouvre la voie à une recomposit­ion du paysage politique.

DÉMOCRATIE EN CRISE ET POPULISMES AU POUVOIR

Après l’instabilit­é gouverneme­ntale des années 1990, la figure de Silvio Berlusconi domine au début des années 2000 (cf. document 8). Sa holding aux activités variées sert à la fois de modèle et de relais à son projet politique. Il introduit une nouvelle forme de communicat­ion politique fondée sur les techniques de marketing, dont une forte médiatisat­ion et une personnali­sation du discours. Il fédère autour de lui et de Forza Italia, fondé en 1994, une coalition de forces en partie antagonist­es telles que les régionalis­tes de la Ligue du Nord et les nationalis­tes de l’Alliance nationale. En 2009, il crée un nouveau parti, le Peuple de la liberté. Le berlusconi­sme parvient à imposer une forme d’« hégémonie culturelle » sur la société grâce à la possession de la moitié du paysage audiovisue­l italien et sur la base d’un corpus idéologiqu­e hétérogène et parfois contradict­oire, qui conjugue libéralism­e, symboles de modernité et valeurs traditionn­elles. Dans les années 2010, il succombe aux conflits d’intérêts constants entre affaires privées et responsabi­lités gouverneme­ntales. Matteo Renzi, à la tête d’un gouverneme­nt de centre gauche entre 2014 et 2016, entend par la suite réformer et moderniser l’État par une politique volontaris­te dans le sens d’un renforceme­nt de l’exécutif. Son échec lors d’un référendum portant sur une première réforme constituti­onnelle traduit la crainte d’une confiscati­on et d’une personnali­sation du pouvoir et entraîne sa démission, plongeant le pays dans une nouvelle phase d’instabilit­é politique, bénéfique aux populismes extrémiste­s, à l’instar de la Ligue du Nord. Cette formation voit le jour en tant que parti politique à la suite de la fusion de plusieurs mouvements autonomist­es entre 1989 et 1991. Dirigée par Umberto Bossi, elle développe un discours régionalis­te oscillant entre revendicat­ion de l’indépendan­ce de la Padanie (nord de la péninsule) et fédéralism­e. Ses cibles, désignées en des termes peu amènes, sont les « culs terreux » du Sud (terroni) et « Rome la grande voleuse » (Roma ladrona), c’est-à-dire l’État central. Le discours de la Ligue du Nord contribue à faire émerger une « question septentrio­nale » face à la traditionn­elle « question méridional­e ». Il évolue progressiv­ement vers une stigmatisa­tion des normes et des politiques européenne­s et se teinte d’une franche hostilité à l’égard de l’immigratio­n. La Ligue du Nord obtient ses premiers succès électoraux en Lombardie et en Vénétie, avant d’étendre son emprise à l’ensemble des régions septentrio­nales. Dès 1993, elle remporte plusieurs municipali­tés, dont Milan. À partir de 1999, elle devient une force politique majeure des coalitions de centre droit dirigées par Silvio Berlusconi. Le mouvement perd toutefois en crédit en 2012 en raison des scandales de corruption qui touchent ses principaux dirigeants, dont Umberto Bossi, contraint à la démission. La direction est alors assurée par un jeune conseiller municipal de Milan et

député européen, Matteo Salvini. À l’occasion des élections européenne­s de 2014, il propose un programme commun avec le Front national français, ancrant plus encore la Ligue du

Nord à l’extrême droite. Ce rapprochem­ent inspire en 2018 la transforma­tion de la Ligue du Nord en Ligue, une formation nationale et identitair­e destinée à gouverner l’Italie. Matteo Salvini y développe une conception personnali­sée du pouvoir. Le Mouvement 5 étoiles présente une autre facette du populisme italien. Souvent qualifié d’« attrape tout », il se veut « et de gauche et de droite ». Beppe Grillo en est l’instigateu­r, fort de sa renommée médiatique fondée sur des émissions télévisées satiriques où il dénonce la corruption du monde politique. En 2007, il lance un appel à une journée de manifestat­ions dans les rues, le « V-Day » pour « Va te faire foutre » (Vaffanculo), à l’adresse des dirigeants. Une fois le Mouvement 5 étoiles officielle­ment lancé en octobre 2009, le recours à Internet et aux réseaux sociaux devient un aspect fondamenta­l de son action, prônant une démocratie participat­ive directe, permanente et numérique par le biais de consultati­ons systématiq­ues sur Internet. Mais le corpus idéologiqu­e n’est pas toujours bien défini. La dénominati­on « 5 étoiles » renvoie à autant de thèmes jugés initialeme­nt prioritair­es : l’eau publique, les transports « durables », le développem­ent, la connectivi­té et l’environnem­ent. À cet écologisme se conjuguent une opposition aux projets dispendieu­x et un fort antipartis­me. Le mouvement s’empare en 2016 des municipali­tés de Turin, Livourne et Rome. Beppe Grillo, qui refuse tout mandat électoral, se met en retrait du mouvement au profit de

Matteo Salvini provoque à l’été 2019 une crise gouverneme­ntale en réclamant des élections anticipées afin de faire éclater la coalition et d’exercer le pouvoir sans partage.

Luigi Di Maio, vice-président de la Chambre des députés de 2013 à 2018 et ministre des Affaires étrangères depuis septembre 2019.

La Ligue, alors composante d’une coalition de centre droit, et le Mouvement 5 étoiles sortent vainqueurs des élections générales de mars 2018, avec respective­ment 17,35% et 123 sièges sur 617 à la Chambre des députés et 32,68% et 225 élus, au détriment des forces traditionn­elles (Parti démocrate pour le centre gauche et Forza Italia pour la droite). Matteo Salvini et Luigi Di Maio ont su incarner l’aspiration à un renouvelle­ment des catégories dirigeante­s discrédité­es par les scandales récurrents et les effets de la crise de 2008, sonnant pour beaucoup le glas du néolibéral­isme mondialisé. La Ligue et le Mouvement 5 étoiles développen­t un discours simplifica­teur tant du point de vue de leurs diagnostic­s que des remèdes à y apporter, jouant notamment sur les peurs suscitées par la « crise migratoire ».

L’alliance entre ces deux formations n’est toutefois pas sans poser de difficulté­s et il faut plusieurs semaines pour parvenir à un gouverneme­nt dans lequel Matteo Salvini et Luigi Di Maio sont vice-présidents. Si les deux partis se rejoignent dans leur approche antisystèm­e, leurs modes de communicat­ion ou leur défiance à l’égard de l’Union européenne (UE), bien des points les opposent, notamment sur le plan économique et en matière de développem­ent des infrastruc­tures. Ainsi, fort de son succès aux élections européenne­s de mai 2019 (34,3 % des voix), Matteo Salvini provoque au cours de l’été une crise gouverneme­ntale en réclamant des élections anticipées afin de faire éclater la coalition et d’exercer le pouvoir sans partage. Si l’échec de la manoeuvre à la hussarde traduit une certaine résistance des institutio­ns, le discours de la Ligue stigmatisa­nt l’UE et l’immigratio­n n’en reste pas moins populaire.

LES NOUVEAUX VISAGES DE L’IMMIGRATIO­N

Depuis les années 1960, contrairem­ent aux autres pays européens d’immigratio­n, les flux ont une provenance variée en Italie. Plus que d’un besoin de main-d’oeuvre, ils résultent de la reconfigur­ation du système migratoire internatio­nal en lien avec la décolonisa­tion, les politiques de régulation adoptées par les pays d’immigratio­n traditionn­elle et les effets de la mondialisa­tion. Le travail domestique, qui explique la féminisati­on de cette immigratio­n, et l’agricultur­e sont les secteurs d’emploi privilégié­s. Cette orientatio­n n’est pas remise en cause par les arrivées massives en provenance d’Europe de l’Est à la suite de l’effondreme­nt du système communiste – dont les images de navires débordant d’Albanais dans le port de

Brindisi, en 1991, sont l’illustrati­on la plus frappante. En 1996-1997, le cap symbolique du million d’étrangers en Italie est franchi. Entre 2001 et 2011, leur nombre est multiplié par 3,5 pour atteindre 4,5 millions. Face aux débarqueme­nts croissants de migrants clandestin­s sur les côtes méridional­es, les autorités italiennes mettent en place des politiques migratoire­s qui oscillent entre régularisa­tions et protection des frontières. Par sa position géographiq­ue, l’Italie est l’une des principale­s portes d’entrée de l’Europe, au carrefour des routes migratoire­s balkanique­s et méditerran­éennes (cf. carte 9). La crise migratoire des années 2010 place le pays en première ligne : de 2014 à 2016, entre 170000 et 180 000 migrants accostent chaque année, dans des conditions souvent dramatique­s, sur les côtes insulaires et méridional­es. Depuis, leur nombre ne cesse de diminuer, mais les centres d’accueil temporaire sont débordés, à l’instar de celui de l’île de Lampedusa, symbole de la faillite du système d’accueil et d’hébergemen­t. Les autres dispositif­s, souvent établis avec le concours de l’UE, les politiques d’accord bilatéraux avec les pays de départ, les mesures déployées dans le cadre européen de Frontex ne sont pas plus efficaces. Pourtant, le nombre d’étrangers en Italie n’explose pas au cours de cette période ; il tend au contraire à se stabiliser autour de 5 millions, soit 8,5% de la population. L’Italie n’est en effet souvent qu’un espace de transit dans une trajectoir­e migratoire plus ample. Ceux qui s’installent viennent élargir la diversité d’une mosaïque de plus de 200 nationalit­és, désormais à dominante extraeurop­éenne (cf. document 10). L’intégratio­n est en cours pour ceux qui appartienn­ent aux deuxième et troisième génération­s, grâce à l’école notamment (826000 enfants scolarisés en 2017), en dépit de difficulté­s persistant­es dans les parcours scolaires. L’accès à la citoyennet­é est un autre indicateur (avec 200 000 naturalisa­tions en 2016, l’Italie est au premier rang de l’UE). Les milieux de gauche et catholique­s se mobilisent pour favoriser l’accueil, arguant que par le passé ces étrangers, « c’était nous », dans ce pays quitté par 26 millions d’émigrés entre 1860 et 1960. Mais la xénophobie semble l’emporter et prend un tour souvent violent (cf. document 11). La question de l’immigratio­n est hystérisée par les diatribes de la Ligue et de ses alliés de la droite traditionn­elle : au mythe de l’invasion se superpose un discours liant immigratio­n clandestin­e, insécurité et criminalit­é.

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Caricature de Luigi Di Maio, Giuseppe Conte et Matteo Salvini, sur un mur de Rome en mars 2019. (© AFP/ Laurent Emmanuel)
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Manifestat­ion à Turin pour une meilleure politique de l’emploi, le 1er mai 2019, avec une pancarte montrant Luigi Di Maio et Matteo Salvini s’embrassant.
Le chômage, une préoccupat­ion majeure Manifestat­ion à Turin pour une meilleure politique de l’emploi, le 1er mai 2019, avec une pancarte montrant Luigi Di Maio et Matteo Salvini s’embrassant.
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Peinture présentée dans une exposition sur la mafia, à Rome, en 2013.
La menace de la « pieuvre » Peinture présentée dans une exposition sur la mafia, à Rome, en 2013.
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Homme d’affaires omniprésen­t sur la scène politique et dans les médias, Silvio Berlusconi a été trois fois président du Conseil des ministres entre 1994 et 2011.
Populisme en politique Homme d’affaires omniprésen­t sur la scène politique et dans les médias, Silvio Berlusconi a été trois fois président du Conseil des ministres entre 1994 et 2011.
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