La police hors la loi ?
Début mai, Le Monde publiait un article recensant « ce que la police peut et ne peut pas faire pendant une manifestation ». Par exemple, « les grenades de “désencerclement” […] qui projettent des billes de caoutchouc en explosant peuvent blesser gravement en cas d’utilisation inappropriée […]. [Les forces de l’ordre] doivent les lancer au sol. » En réalité, lesdites grenades – dont les balles brûlantes et les gaz lacrymogènes sont précédés d’une grosse détonation sonore – sont parfois envoyées « en cloche » par les CRS et non au sol. Au risque de toucher des visages, des bras et de faire de vraies blessures. Et c’est loin d’être le seul accroc à la règle que Causette a pu observer lors des manifs contre la loi travail.
Autre exemple : normalement, « dès qu’un attroupement est dispersé, le délit qu’il représentait n’est plus constitué et le recours à la force n’est plus justifié ». Le 10 mai, à Paris, après deux heures de rassemblement devant l’Assemblée nationale, les manifestants sont encouragés à se disperser par la rue de Solférino. « Partez par là », indique un CRS. Ils se retrouvent alors encerclés par des cordons de CRS, puis chargés et gazés, sans possibilité de se disperser. Là encore, la loi n’est pas respectée. Enfin, le 12 mai, vers les Invalides, plusieurs manifestants se voient confisquer leur sérum physiologique – liquide inoffensif à instiller dans les yeux pour apaiser les effets urticants du gaz lacrymogène. À Lyon et à Nantes, des voix s’élèvent pour dénoncer la même chose. L’ordre, que les préfectures de police nient en bloc, n’est nullement justifiable au regard de la loi. Ils ont des dérogations, au ministère de l’Intérieur ?