Folles de joie De douces dingues
Drôlement bien trouvé, pour une fois, le titre français. Car oui, folles de joie, elles le sont, Beatrice et Donatella ! L’une, mythomane théâtrale, et l’autre, anorexique introvertie, sont patientes de la Villa Biondi, une institution pour femmes atteintes de troubles mentaux. C’est là qu’une amitié spontanée se noue entre ces deux êtres aux antipodes, quoiqu’également chahutés par les hommes et les médocs. Une amitié qui leur donne le goût du large : elles s’évadent, histoire de trouver leur part de bonheur dans cet asile de fous à ciel ouvert qu’est, de toute façon, le monde extérieur. Telles des Thelma et Louise en panne de lithium, en somme…
Un trip d’autant plus tentant qu’il a pour cadre la blonde Toscane. Comment résister, de fait, à leur échappée belle ? Déjà, l’amitié au féminin est peu traitée au cinéma. Encore moins comme une force comique, façon Auguste et clown blanc. Ensuite, l’alternance de rires ( jamais moqueurs) et de larmes (sans pathos excessif) nuit rarement à la santé du spectateur. Enfin, et surtout, Valeria Bruni Tedeschi, dans le rôle de la désespérément enthousiaste Beatrice, est inouïe. Elle porte le film, et nous transporte. Décidément, les diamants sont multifacettes. Celui-là en particulier, qui a la bonne idée de sertir deux histoires en une. La première nous plonge dans le milieu opaque des diamantaires d’Anvers. La seconde nous entraîne dans le sillage d’un jeune homme qui veut venger son père en détruisant sa (riche) famille. Hamlet à l’assaut du Royaume de Belgique ? Pour son premier long-métrage, Arthur Harari est ambitieux ! Mais son thriller mâtiné de tragédie lui donne raison. Hybride par nature (comme le diamant) et par choix (comme le film noir américain, son influence majeure), il mélange habilement un aspect documentaire, brut, avec une stylisation osée, nantie de lumières et de sentiments contrastés. Ultime éclat de ce beau film asymétrique : Niels Schneider étincelle dans le rôle principal.