Le document qui tue
L’information est quasiment passée inaperçue. Elle vaut pourtant son pesant d’or tant elle risque de planer sur la prochaine campagne présidentielle. En 2012, Fabrice Arfi et Karl Laske, de Mediapart, dévoilaient l’existence d’une note libyenne datant de 2006. Il y est écrit que le régime libyen s’engage à « appuyer la campagne électorale du candidat aux élections présidentielles, Monsieur Nicolas Sarkozy, pour un montant d’une valeur de cinquante millions d’euros » . Suite à cette publication, Nicolas Sarkozy porte plainte pour faux, recel de faux, usage de faux et diffusion de fausses nouvelles. Le 30 mai dernier, après quatre ans d’instruction, la justice a, bien au contraire, validé l’authenticité de ce document en rendant un non-lieu. Le point avec Fabrice Arfi.
Ce document a une histoire très importante. Au lendemain de sa publication, le 28 avril 2012, Choukri Ghanem, ancien ministre de Kadhafi, est retrouvé mort en Autriche. Il était au coeur des accords financiers passés par la dictature. Quelques jours plus tard, le trésorier occulte de Kadhafi, Bachir Saleh, pourtant recherché par Interpol, est en France. Le directeur du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, organise alors sa fuite. À croire que ce document était une bombe dans les jardins de l’Élysée.
Tout à fait. Mais elle authentifie la preuve de l’existence d’un accord de financement. De plus, nous avons depuis publié de nouveaux témoignages décrivant les montages financiers qui ont permis des versements.
L’affaire libyenne est à la France ce que l’affaire irakienne est aux États-Unis, en matière de « grand mensonge ». N’oublions pas qu’il y a quand même une guerre derrière et des questions qui se posent sur les raisons de cette guerre menée par la France contre la Libye. On ne peut plus exclure que cette dernière, dont Nicolas Sarkozy a été le moteur frénétique, ait été notamment une guerre de blanchiment dans la perspective d’effacer les traces d’une compromission honteuse.