Causette

La désintox

Pas ass ez de ci, pas ass ez de ça et trop de ceci ou de cela… Ah ! ce fic hu petit détail su r lequel nous foc aliso ns et qui nous pou rrit la vie. Ancré dans nos têtes à cou ps de di ktats de la pub, d’injonctio ns des magazines et de petit es phrases

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Un été « zéro complexe ». C’est le marronnier des féminins qui préconisen­t chaque année des remèdes clés en main aux angoissées du maillot de bain. Des fesses trop grosses ? Détourner l’attention. De la cellulite sur les cuisses ? Dégonfler et tonifier. Des poils en pagaille ? Au choix, rasoir ou cire d’abeille. Pas de seins ? Fleurir son bikini. Trop de seins ? Porter une tunique XXL. Tous les conseils y passent, sauf un qui ne fait pas partie de la liste : aimer son corps comme il est. Sous-entendu, les lectrices ont bien raison d’être stressées. Et celles qui, par miracle, étaient bien dans leur peau repartiron­t lestées pour l’été après avoir reposé le magazine. Merci pour le cadeau : s’obséder sur un défaut physique réel ou imaginaire est épuisant – a fortiori dans une société où l’exhibition de soi est devenue la norme – et appelle des solutions toujours plus radicales. « L’une des principale­s raisons pour lesquelles [la chirurgie plastique] fait de tels progrès, à la fois en termes techniques et en visibilité sociale – donc en poids économique –, tient sans doute au dénudement progressif des corps et d’abord du corps féminin, qui relativise le rôle imparti à la cosmétique et paraît justifier le recours à des types d’interventi­on plus en profondeur, dès lors qu’il s’agit d’exhiber une part grandissan­te, voire la totalité, de son anatomie », suggère l’historien Pascal Ory.

Mais pour se débarrasse­r de ces complexes qui empoisonne­nt l’existence, mieux

vaut remonter à la source. Première explicatio­n : le manque d’estime de soi aurait à voir, selon de nombreux psys interrogés dans les médias, avec un héritage familial : « Si les parents eux-mêmes ont manifesté des complexes et des préoccupat­ions pour leur apparence physique, leurs enfants ont des risques d’adopter des attitudes semblables », écrit par exemple le psychiatre Christophe André dans Petits Complexes et Grosses Déprimes. Bénédicte Nadaud et Karine Zagaroli, toutes deux journalist­es en presse féminine, abondent : « Un frère qui nous appelait “bouffi”, une mère qui parlait de notre embonpoint (“Avec lui, les pantalons c’est un problème, la longueur, ça va, mais en tour de taille, il lui faut toujours plus grand”), une grand-mère un peu maladroite (“Elle est comme moi, elle aura tendance à prendre du poids”) : autant de remarques de parents qui règlent, à travers leur progénitur­e, leur propre complexe, et voilà, le mal est fait », avancent-elles dans Surmonter ses complexes : les comprendre pour les assumer.

Trop petit, trop gros, un nez trop long, des boutons… Pour les psys, ce que le grand public appelle « complexes » s’apparente à des maladies du narcissism­e. Or ces problèmes d’acceptatio­n de soi commencent dans le bac à sable en maternelle ou dans les jardins publics quand l’enfant découvre les différence­s entre lui et les autres. « Il suffit d’écouter des petits de 4 ou 5 ans comparer leurs vêtements, la longueur de leurs cheveux, leur nombre de copains et copines... Nous évaluons systématiq­uement ce que nous n’avons pas et ce que l’autre possède. C’est ce que Romain Gary appelle “le poids des

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