Bulles de clowns et gaufres au maroilles
On ne les aura pas volées, celles-là. Quelques journées au vert ou au bleu pour oublier toutes ces vagues bleu marine qu’on n’arrête pas de prendre en pleine poire. Vivement les grenades autobronzantes. On n’est plus à ça près, hein, nous qui avançons à poil, au quotidien, avec juste deux poignées de varech pour garder notre dignité. Mais j’ai confiance en nous, parce que c’est notre quotidien depuis bien longtemps. Nous avançons malgré les bancs de requins qui sans cesse cherchent à nous grignoter les pieds. Cet été comme cette année, nous continuerons à nous accrocher au rocher de la démocratie comme les moules sentimentales que nous sommes, attirées par les étoiles, les voiles, et puis les gaufres au maroilles... Pardon. On ne s’en détachera que pour aller vers le monde d’après, cette arche que nous imaginons tous les jours un peu plus, entre deux brasses coulées, ce monde qui flottera sans se noyer. Viable, responsable, collaboratif et connecté. Solidaire comme une barrière de corail. Cet avenir en gestation, les clowns tristes qui décident pour nous ne le comprendront jamais. Vas-y Johnny, fais-moi mal... jusqu’à la remise en question du droit de manifester. À force de nous la faire à l’envers, à l’endroit, à l’envers, ils commencent à avoir la tête qui sent les pieds. Je finis l’année scolaire tête-bêche avec l’actualité. Ça tombe bien, c’est mon numéro 69. Hasard du calendrier...
Cet été comme tout au long de l’année, nous aurons le rire qui soigne, car nous sommes de celles et de ceux qui font, de celles et de ceux qui s’engagent sans la ramener. Vous savez quoi, pendant ce temps-là, ma clown de petite soeur, comme quelques autres, a commencé la formation du Rire médecin. Pour ça, je lui tire mon bob bien bas. Et vous re-savez quoi ? Dans sa promo, il y a même une rescapée du Bataclan... Vous imaginez ? Survivre à un massacre, puis courir dans un hôpital fabriquer des bulles de rire pour des enfants malades, sans dec, il faut le faire... Mes chères lectrices, vous multipliez les bulles, jour après jour, et faites ainsi mon oxygène. Alors, en mono-, bi- ou tri-kini, en string ou même à oilpé : infirmières, employées, profs, femmes au foyer, assistantes sociales, mères célibataires, étudiantes, entrepreneuses, bullez donc un peu, vous ne l’avez sacrément pas volé. Nous sommes des moules sentimentales, cette communauté est notre rocher.