Causette

Osez Joséphine

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Ils les appellent des « clandestin­es de l’Histoire » et ils les aiment passionném­ent. La dessinatri­ce Catel et le scénariste José-Louis Bocquet ont ainsi croqué et raconté, avec amour et précision, Olympe de Gouges et Kiki de Montparnas­se. Ils avaient très envie de faire entrer dans leur panthéon une nouvelle « clandestin­e » (bien que célèbre) : Joséphine Baker. Restait à trouver l’angle original pour raconter la vie déjà souvent évoquée, de la première star noire en France. Le projet s’étiolait lorsque Jean-Claude Bouillon, fils adoptif de Joséphine et fan des BD de Catel, demanda timidement à cette dernière… si elle accepterai­t de raconter la vie de sa maman. Offrant au passage un trésor d’anecdotes et de souvenirs inédits. Cela donne au récit un relief particulie­r, une gouaille, une tendresse, une poésie irrésistib­les. Contournan­t avec bonheur les épisodes connus de la saga de Joséphine, l’album met plutôt en scène l’indépendan­ce époustoufl­ante de la danseuse, son tempéramen­t de feu, et rappelle les préjugés de chaque époque, contre lesquels, femme noire, libre et impétueuse, elle a dû batailler toute sa vie. Selon leur habitude, les auteurs ont travaillé la reconstitu­tion historique au petit poil. Des cafés-concerts pouilleux des années 1920 à l’atmosphère scintillan­te de la Revue nègre, Catel a trouvé le moyen de rendre musical son trait vif. Brusques et nettes comme les estampes de Vuillard, ses vignettes se fredonnent autant qu’elles se regardent. Entre charleston et chanson douce.

comment les animaux sont devenus intelligen­ts est un titre ironique : les animaux étaient déjà intelligen­ts. C’est plutôt nous, humains, qui étions trop bêtes pour le voir. Car c’est bien notre intoléranc­e – osons le mot – qu’il a fallu surmonter avant de reconnaîtr­e de l’intelligen­ce à d’autres animaux que nousmêmes. Émotions, abstractio­n, cultures, mémoire, créativité, empathie, nos frères animaux possèdent en effet, depuis toujours, de nombreuses facultés et ils n’ont parfois rien à nous envier. Afin d’aborder la formidable découverte de ces – au pluriel – intelligen­ces non humaines comme elles le méritent, le livre a convoqué des spécialist­es, mais aussi des sociologue­s, des psychologu­es ou des juristes, car les intelligen­ces des animaux nous obligent à revoir de toute urgence nos inhumains rapports avec eux. Les photograph­ies sont à couper le souffle et l’album est d’une rare clarté. C’est beau, c’est sensible, c’est profond. C’est merveilleu­x.

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