Crime et boniment
Ce gars veut du sang ! Yevgeny Pyatkovsky, sémillant entrepreneur russe de 35 ans, a trouvé l’astuce pour frapper un grand coup (marketing). Jusqu’ici, son domaine, c’était plutôt les nouvelles technologies, mais il s’affaire maintenant à « son nouveau projet qu’il est bien » : une téléréalité no limit, où, proclame-t-il, « tout sera permis. La bagarre, l’alcool, le meurtre, le viol, la cigarette, tout » (et dans cet ordre). Campé dans la taïga sibérienne, ce show en continu sera retransmis en direct sur Internet, grâce à « deux mille caméras », plus celles que devront se trimballer les trente participants. L’enjeu ? Survivre pendant neuf mois – dont quelques-uns à - 40 °C – pour espérer empocher 100 millions de roubles (1,5 million d’euros). Le financement de la chose ? Yevgeny assure à Causette avoir « des investisseurs » sans en dire plus.
À la mi-décembre, quatre cents fadas « pour qui la vie est ennuyeuse », croit-il savoir, avaient déjà candidaté. Si vous avez la flemme de passer les sélections pour pouvoir participer (gratuitement), vous pouvez débourser 10 millions de roubles (environ 157 000 euros) et vous serez enrôlé d’office dans la team. Ça va attirer des « riches qui ont le goût du risque », espère notre outsider russe du divertissement. Et quelques psychopathes ? Dommage pour eux, mais si le jeu voit le jour, le territoire où il se tiendra sera bêtement et tristement soumis à la loi russe, qui ne permet ni le viol ni le meurtre. Mais puisque ses déclarations tonitruantes ont offert une formidable publicité à son projet, Yevgeny enfonce le clou pour Causette : « De la même façon qu’un constructeur de voitures n’est pas responsable si un conducteur écrase un piéton, je ne me sentirai pas coupable si un viol ou un meurtre advient. Mais ça me sera désagréable. » C’est pas une âme morte, ce gogol !