La Communauté Famille décomposée
Thomas Vinterberg revient à ses premières amours cinématographiques : filmer le malaise et la tension. Dans La Communauté, le réalisateur de Festen n’autopsie plus une famille subclaquante, mais bien une communauté post-soixante-huitarde, et c’est aussi fascinant. Il dissèque toujours de l’humain bien complexe, avec reniement, trahison et égotisme en roue libre. L’histoire commence joyeusement, avec la constitution de ce petit groupe disparate, convié à vivre ensemble dans une maison splendide. Elle appartient à Erik, qui vient d’en hériter. Sa femme, Anna, quadragénaire, est tentée par cette aventure exaltante : partager les frais de la demeure avec un groupe d’amis, tenter une autre vie. C’est elle qui souffrira de l’expérience, son mari appliquant jusqu’au bout les règles du partage avec une jeune femme, exaltante elle aussi. Écrit avec Tobias Lindholm (excellent coscénariste de La Chasse, du même Vinterberg), le récit de La Communauté est à la fois fourmillant de situations, portraits, scènes marquantes, mais aussi du constat implacable du délitement d’un couple. Trine Dyrholm, qui interprète Anna, a obtenu pour ce rôle l’Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale 2016. C’est peu de dire qu’elle le mérite. Chanteuse – premier album à 14 ans – puis comédienne multirécompensée au Danemark, Trine Dyrholm est tout simplement époustouflante. Elle porte le film et lui donne une dimension tragique, universelle. Déjà présente dans la distribution de Festen, elle sait jouer avec précision la partition subtile de Vinterberg. Elle est, sans conteste, l’un des piliers de La Communauté… des grandes actrices.
En route pour L.A. !
Cette ville tellement cool que l’on y danse et chante dans les embouteillages, avant de déclarer sa flamme à son amoureux du haut d’un belvédère étoilé. La La Land, signé Damien Chazelle (encensé pour Whiplash, son long métrage précédent), est exactement le genre d’ouvrage qui peut réchauffer vos soirées d’hiver. Et récolter une pluie d’oscars le mois prochain. Un hommage impeccable aux comédies musicales de l’âge d’or d’Hollywood, celles des légendaires Fred Astaire et Stanley Donen. Avec également – cocorico – un clin d’oeil à Jacques Demy, l’enchanteur, lors de la séquence d’ouverture. Un poil trop impeccable peut-être : lui manquent une petite folie et quelques grands écarts. Reste que cette romance douce-amère et jazzy dégage un charme irrésistible. Raccord avec celui du couple formé par Ryan Gosling et Emma Stone. Parfaits.