Du souffle
L’histoire n’est
pas nouvelle, hélas. Le cadre, si : nous voilà plongés dans le quotidien chahuté d’un petit village bédouin en Israël, à la frontière de la Jordanie. Làmême où Suleiman, patriarche apparemment magnanime avec sa fille – il lui apprend à conduire –, épouse sans états d’âme, dans la foulée, une seconde femme. Avant d’interdire à Layla, son aînée, de fréquenter un garçon de l’université où elle étudie, activement soutenu par sa première épouse, pourtant humiliée et malheureuse… Familles, coutumes, croyances : Tempête de sable donne à voir les pressions sociales qui, aujourd’hui encore au Moyen-Orient, contraignent femmes… et hommes (dans une moindre mesure). C’est d’ailleurs cette multiplicité de points de vue qui distingue le premier long métrage d’Elite Zexer, la cinéaste israélienne (et juive) ayant pris le temps d’enquêter sur place, dans cette société patriarcale mal connue, avant de tisser son récit dramatique (quoique non dénué d’humour et d’énergie). Nul happy end hollywoodien, de fait : si ces femmes bédouines, fortes bien souvent, parviennent désormais à repousser les limites du système, elles n’en sont pas encore au stade de pouvoir le faire imploser.
Retour aux sources,
là encore. Ben Affleck, beau gosse hollywoodien assez fade, mais réalisateur nettement plus intéressant, s’attaque à l’un des genres fondateurs du cinoche américain : le film de gangsters. Adaptant de nouveau un beau roman de Dennis Lehane après Gone Baby Gone, polar poisseux et palpitant, il opte pour un récit aussi solide que classique. Situé dans les années 1920 et 1930, Live by Night assume ses références et révérences, n’omettant ni les violences de la prohibition à Boston, ni les trafics de contrebande, plus métissés, à Tampa, en Floride, ni les morceaux de bravoure. Un hommage efficace jusque dans sa réalisation qui délaisse les codes contemporains (gros plans et vitesse) pour donner du temps et du champ aux acteurs. Comme autrefois. On aurait bien aimé qu’ils et elles soient un poil plus magnétiques…