Causette

Baptiste Beaulieu : panser la médecine

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Il y a deux Baptiste. L’auteur de trois livres à succès, blogueur, star des réseaux sociaux. Et le médecin qui soigne, en toute délicatess­e et discrétion, dans un petit cabinet toulousain (Haute-Garonne). C’est pour que le premier n’empiète pas trop sur l’autre qu’il a choisi ce joli pseudo : Beaulieu. « J’ai envie qu’on vienne me voir parce que je suis un bon médecin. Pas parce que j’écris des bouquins », assure-t-il. À 31 ans, ce jeune homme au visage poupin n’hésite pas, de temps à autre, à chausser de fausses lunettes pour se vieillir un peu et mieux asseoir sa crédibilit­é auprès de ses patients. Il est, dans la vie, d’une douceur et d’une humanité égales à celles qui ont, sans aucun doute, contribué à faire le succès de son blog, Alors voilà, lancé en 2012. Blog qui donna lieu, dès 2013, à un livre éponyme sur Les 1 001 Vies des urgences. Il est 14 heures à la porte de son cabinet. Et déjà cinq ou six patients l’attendent. Une maman est là avec son bébé, malade. Cela fait plusieurs fois en peu de temps. « Et vous ça va du coup ? » lui demande Baptiste. Car oui, quand le bébé ne va pas, la maman morfle elle aussi. Et elle a le droit de le dire. Toute l’approche de la médecine de Baptiste Beaulieu tient en ce simple exemple. Écouter, se parler, prendre le temps, c’est déjà soigner. « Il ne faut jamais oublier d’expliquer ce qu’on dit et ce qu’on fait aux patients. Pour eux, c’est extrêmemen­t rassurant. Et pour nous, ce n’est pas plus compliqué », rappelle Baptiste, qui essaie aussi de ne jamais « banaliser le mal d’un ou d’une patient-e sous prétexte qu’on a vu des cas bien pires dans la journée ».

“petit théâtre de l’humanité”

Ces réflexions, ces tranches de vie, ces cas pratiques, le quotidien des infirmier-ère-s, des aides-soignante-s, des médecins, mais aussi des patients, il s’emploie, depuis quatre ans, à les relater, d’une plume aussi enlevée que poétique, sur son blog. Baptiste Beaulieu a décidé de le démarrer en pleine grève des internes, au cours de laquelle il réalise, circonspec­t, à quel point sa profession est mal comprise, pour ne pas dire mal considérée. À l’époque, il est lui-même interne au CHU d’Auch (Gers). Il décide donc de décrire « ce petit théâtre de l’humanité qu’est l’hôpital » pour tenter de réconcilie­r soignants et soignés. « Si je ne raconte pas qu’une aide-soignante vient tous les jours plus tôt pour masser le ventre d’un patient juste pour qu’il puisse aller à la selle naturellem­ent plutôt que de lui donner un laxatif, ni qu’une médecin-chef en burnout, prête à se foutre en l’air, n’est pas passée à l’acte, car au moment d’avaler ses cachets, des patients l’ont appelée pour la remercier de son travail, personne ne le saura jamais », insiste Baptiste. Un stage chez un médecin acariâtre, désabusé par l’être humain, le confirme dans cette voie : « Il ne voyait plus le beau ni dans sa

La Ballade de l’enfant gris,

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