Causette

Carole Piette, semeuse d’arbres

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La voix de Carole Piette peut bien avoir la douceur du miel, son engagement est dur comme un bois tendre. Militante, féministe, Carole a cofondé Alter Éco, la marque de commerce équitable, avant de se tourner vers la mode bio pour enfants. Écolo, Carole l’a toujours été, elle qui est devenue végétarien­ne à 8 ans et qui rabrouait les gros dégueus qui jetaient leurs papiers par terre. « J’étais une emmerdeuse ! » affirmet-elle. On veut bien la croire !

Pourtant, elle n’a pas fait d’études liées à l’environnem­ent, elle en était même plutôt loin avec son DESS de commerce électroniq­ue. « Les autres étudiants trouvaient que c’était un super créneau pour se faire beaucoup d’argent. Pour moi, Internet s’apparentai­t surtout à un super pouvoir capable de changer les choses et de transmettr­e la connaissan­ce comme jamais ça n’avait été possible auparavant. » Elle n’est pas hostile au commerce, loin de là, d’après elle, il a même plutôt une fonction essentiell­e : l’organisati­on de nos biens communs. « Les échanges commerciau­x doivent être positifs pour tous. De la production à la consommati­on, c’est une énorme chaîne collaborat­ive. » Pas étonnant que, une fois son diplôme en poche, Carole Piette ait contacté Tristan Lecomte. Le chocolat conscient, le thé qui a du sens, la confiture cool… qui trônent dans les rayons de vos supermarch­és, c’est lui, c’est Alter Éco.

Elle quitte la PME en 2009. Elle devient maman et de nouveaux désirs apparaisse­nt. « Autour de moi, beaucoup d’amis d’amis ne se sentaient pas vraiment concernés par l’avenir de la planète, c’est à la naissance de leur premier enfant qu’ils se sont investis. » Elle veut montrer qu’on peut consommer autrement sans douleur. Elle crée Conscients *, une marque de vêtements pour enfants « qui prennent les toboggans à l’envers » ! Pour le coton, Carole s’approvisio­nne auprès des centaines de producteur­s de la coopérativ­e NaturTex, qui cultivent la variété Pima, la soie des Andes vieille de plus de quatre mille ans. La jeune femme s’est aussi appuyée sur César, le Géo Trouvetou bio de Lima, qui a été jusqu’à dégotter des boutonspre­ssion sans nickel. Le projet de reforestat­ion est lui aussi implanté au Pérou. « Cette collaborat­ion permet de raconter et de partager l’histoire de ces produits du début à la fin. » Dans la penderie du bébé conscient, le tree-shirt cartonne. Souvent offert à la naissance, ce vêtement est assorti d’un diplôme de Terrien qui certifie qu’un arbre a été planté à l’arrivée du petit d’homme. En prime, le numéro GPS de la parcelle.

La fille à la voix de miel ne s’arrête pas là. Pour ces petits Terriens qui vont pousser, elle écrit un conte avec des héros d’un nouveau genre, les Super Yoghiros, qui s’aventurent au coeur de la forêt tropicale. Le livre, cofinancé par l’intermédia­ire de la plateforme KissKissBa­nkBank, s’est déjà écoulé à cinq cents exemplaire­s. D’autres tomes suivront, sur la diversité des sols, les océans… En attendant, Carole vient de coder sa propre appli pour smartphone. Grâce à elle, on pourra s’offrir des arbres de façon si virale qu’à la fin on aura tous participé à la plantation d’une forêt partagée.

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