La cour des miracles
Il y a un an, ma voisine Hermeline m’apprenait qu’elle était scolarisée au Lycée autogéré de Paris, le LAP. Je n’en avais jamais entendu parler et cela a aussitôt excité ma curiosité. Cela existe un lycée public totalement géré par les profs et les élèves ? Sans proviseur ni surveillants ? Sans notes ni cours obligatoires ? Pour réaliser un travail photographique avec Hermeline comme guide, je passe devant une commission d’accueil chargée de relayer ma demande auprès d’un groupe de base (GB) qui me donne rendez-vous à la prochaine assemblée générale, où tous les élèves seront réunis. Un vote a lieu. Car tout est voté au LAP : le budget de l’année, les projets, les nouveaux élèves acceptés dans l’établissement... Depuis six mois, j’apprends à connaître les « lapiens ». Sur 240 élèves, une grande majorité d’entre eux ne trouvaient pas leur place au collège. Ici, ils apprennent à reprendre confiance en eux dans un fonctionnement collectif où l’autonomie est la règle. Ils font même le ménage, la cuisine et la vaisselle !
Et les études, alors ? Pour certains, le LAP est une bouée de sauvetage. Pour d’autres, difficile d’évoluer dans un cadre aussi souple. Le lycée autogéré est bel et bien un laboratoire qui fête en ce mois de juin ses trente-cinq ans d’existence. À ce jour, plus de 6 000 jeunes y ont appris le sens de l’autogestion !