Causette

Les sorties cinéma

- Par Ariane Allard Visages, Villages, d’Agnès Varda et JR. Sortie le 28 juin. Les 4 autres films sont tous disponible­s en DVD.

Elle fêtera ses 90 ans l’an prochain, mais rien ne presse ! Pour l’heure, la pimpante Agnès Varda rentre du Festival de Cannes où elle a présenté son nouveau film, Visages, Villages, en sélection officielle. Un documentai­re d’une merveilleu­se liberté, coréalisé avec JR, champion du collage photograph­ique, et qui sort en salles fin juin. L’occasion ou jamais de revenir sur le parcours de cette icône infatigabl­e du 7e art. Via cinq arrêts sur images. Car Varda, c’est quand même ça…

Cléo de 5 à 7 (1962)

C’est peut-être son film le plus célèbre. Il lui collera à jamais l’étiquette de « seule femme réalisatri­ce de la Nouvelle Vague », même si, dès 1955, elle témoignait déjà d’une liberté formelle inédite dans La Pointe courte. Donc bien avant ces brillants jeunes gens ! En tout cas, Cléo de 5 à 7 confirme, dès 1962, la place singulière d’Agnès Varda dans le cinéma français. L’histoire en temps réel, entre 17 heures et 18 h 30 à Paris, des déambulati­ons (fictives) de Cléo, jeune comédienne en attente de résultats d’examens médicaux. Une balade d’une modernité toujours aussi éclatante dans le Paris des années 1960.

Sans toit ni loi (1985)

Lui non plus n’a pas pris une ride. Pour beaucoup de fans de l’éclectique Varda, il fait même figure de chef-d’oeuvre. Cette cinéaste faroucheme­nt indépendan­te (elle crée sa propre société de production dès 1954) filme ici une marginale. Ou plutôt les deux derniers mois d’une vagabonde et révèle par la même occasion Sandrine Bonnaire, à peine 18 ans, extraordin­aire d’opacité, au cinéma français. Mélangeant réel et fiction, façon puzzle, Sans toit ni loi ne juge ni ne cherche à tout expliquer. Un film coup de poing, âpre, tragique et joyeux, résolument tourné vers l’autre. Lion d’or à la Mostra de Venise en 1985.

Jacquot de Nantes (1991)

L’autre, parlons-en ! C’est la deuxième obsession de « la » Varda, outre ses recherches formelles. Dans Jacquot de Nantes, la cinéaste retrace, jusqu’à ce que la mort les sépare (en 1990), l’enfance enchantée de son mari et alter ego Jacques Demy, rencontré en 1958. Dame Agnès a souvent invité ses proches (Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Jim Morrison, Jane Birkin…) dans ses ouvrages, courts ou longs. Voire sa famille (sa fille Rosalie, son fils Mathieu). Jacquot de Nantes, sur Demy l’enchanteur, est sans conteste son film le plus bouleversa­nt.

Les Glaneurs et la Glaneuse (2000)

Armée d’une petite caméra DV (Digital Video), sillonnant la France à la recherche d’objets délaissés, déchets et autres rebuts de notre société de consommati­on, Agnès la curieuse, écolo avant l’heure, dresse ici une série de portraits à hauteur d’hommes et de femmes. Très attachants. Un documentai­re qui, en creux, parle d’elle, mine de rien. Belle élégance d’une cinéaste hantée par la proximité. Et le temps qui passe (elle a alors 72 ans).

Visages, Villages (2017)

La preuve avec cette ultime propositio­n. Facétieuse à bien des niveaux, déjà parce qu’elle lui permet de coréaliser un film pour la première fois de sa vie à 88 ans ! Toujours l’idée du lien et peut-être, désormais, de la transmissi­on (elle voit moins bien). C’est donc au côté du fringant JR, dans son camion photograph­ique, que l’alerte octogénair­e (qui fut une grande photograph­e à ses tout débuts) a entrepris ce parcours aléatoire dans la « France des villages ». Voyages, images, collages, partages : voilà ce qui les réunit, au-delà de leur différence d’âge. Merveilleu­x d’espiègleri­e, Visages, Villages enchaîne ses séquences telle une charade visuelle, chaque halte brassant de nouvelles rencontres, de nouvelles installati­ons et de nouvelles émotions. L’idée étant de rappeler que rien n’est plus important que l’instant présent et l’amitié. Surtout quand l’art permet de les faire durer…

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Agnès Varda et l’artiste JR.
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