Causette

Une famille syrienne Péril en la demeure

- A. A.

Une famille syrienne nous plonge dans le quotidien de deux femmes, trois adolescent­s, un enfant, un bébé et un vieil homme, tous piégés dans un appartemen­t assiégé, tandis que la guerre sévit hors champ. Un film intense en forme de parabole implacable, où chaque pièce de ce lieu confiné prend une dimension symbolique…

La porte d’entrée

Elle est barricadée. Seul le bruit des bombes et des hélicoptèr­es en franchit le seuil, telle une menace permanente (gros travail sur le son). Du coup, on comprend vite deux choses. D’une, cette famille syrienne est la dernière à vivre dans l’immeuble. Vulnérable. De deux, celui qui décide d’ouvrir, ou pas, cette porte frontière s’autodésign­e comme le gardien du groupe. Un gardien qui, en l’occurrence, est une gardienne : Oum Yasan, mère courage à la poigne de fer (Hiam Abbass, impeccable).

La salle de bains

C’est ici que l’on vient se rafraîchir, se recoiffer, se donner du courage. C’est ici que l’on parvient, un peu, à s’isoler. C’est ici, en somme, que l’on se ressource, à tout point de vue, quand bien même l’eau est rationnée. Mobile et fluide, la caméra ne cesse d’y revenir, comme en quête d’apaisement…

La cuisine

A priori conviviale, elle va pourtant accueillir l’une des séquences les plus glaçantes du film. C’est là, en effet, qu’Oum Yasan viendra se réfugier avec ses enfants, pendant que la jeune voisine qu’ils avaient recueillie se fera violer, juste à côté, par deux snipers ayant forcé la porte de l’appartemen­t. Une scène longue, éprouvante, d’autant qu’aucun des membres de la famille n’interviend­ra. Mais la métaphore est parlante : la Syrie est abandonnée depuis bien trop longtemps par les grandes puissances, nous dit ainsi, à sa façon, le réalisateu­r belge…

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Au second plan, au centre, Hiam Abbass, impeccable en mère courage.
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