La “société civile” selon Macron
Drôle d’appel que celui reçu, fin septembre, à la rédaction de Causette de la part d’une certaine Ségolène Redon, du mouvement En marche ! Une invitation à « se rencontrer pour [nous] présenter [leurs] actions et travailler ensemble » . Un journal n’a pas vocation à travailler main dans la main avec un organe politique, mais, piquées de curiosité, on accepte le rendez-vous.
On n’a pas été déçues du voyage : sous couvert de promouvoir les projets d’un « mouvement issu de la société civile distinct du parti politique La République en marche ! », la jeune femme a tenté de nous vendre des initiatives bien corrélées à la politique du gouvernement. Au programme : une « plateforme de formation citoyenne en ligne » pour « mieux comprendre le fonctionnement de nos institutions » , en commençant par « le vote du budget de l’État » (un superoutil pédagogique pour faire avaler la baisse drastique des contrats aidés ou celle des crédits aux collectivités territoriales) ; la création d’un « tremplin talents » pour aider les créations d’entreprises innovantes (la « start-up nation » chère à Macron lance sa Star Ac) ; la mise en place de « facilitateurs locaux » inspirés « par ce qu’a fait Barack Obama à Chicago », pour « faire le lien, dans des zones difficiles, entre les populations et les acteurs locaux » (c’est marrant, vu d’ici, on dirait plutôt un truc inspiré de la médiation cathodique de Pascal le grand frère).
Le dialogue avec les représentantes d’En marche ! a tourné court au bout d’une demi-heure gênante, nous suspicieuses, elles embarrassées par notre manque d’enthousiasme. « Il faut bien distinguer le parti politique du mouvement citoyen », rabâchentelles, un peu vexées qu’on ait du mal à les croire. « Mais, au fait, avec quel argent financez-vous tous ces projets ? – Avec des dons et l’argent de la présidentielle et des législatives. » Plus de questions, votre honneur.