Chanter pour celles…

Judith, fille d’un roi tyrannique, vit en recluse dans le château depuis sa naissance. Celui qu’elle n’arrive pas à appeler « Papa » terrorise le royaume et espère compenser la tristesse de la vie de sa fille par des cadeaux et des activités en tout genre. Ce dont Judith a besoin, c’est d’ouverture sur le monde et les autres, bien sûr. Elle a soif de vie, elle le sent sans le savoir. Alors, son père enlève les fillettes du royaume les unes après les autres, les offre à sa fille en espérant ainsi lui donner le sourire. Toutes les gamines sont terrorisées, aucune n’interagit avec la princesse. « Le cinquième jour du cinquième mois arriva une fille aux cheveux hirsutes, s’échappant d’un bonnet poilu, vêtue d’un pull, d’un pantalon et de bottes. Différente des autres filles, elle n’était pas effrayée, tout au plus avait-elle l’air étonné. » Elle est donc en mesure de parler et ce qu’elle dit, c’est : « Pourquoi ? » « Comment ? » « Quoi ?!? » Elle veut savoir, comprendre, agir. Elle est forte et… elle chante. Elle chante la révolte, la colère, la vraie vie et plus son chant enfle, rejoint peu à peu par les voix de tout un peuple, plus la fillette gagne en puissance. Ce conte féministe, merveilleusement illustré, valorise le pouvoir de la culture, l’émancipation et la sororité avec beaucoup de finesse et en misant sur la jeunesse. On y croit ? U

Anna qui chante, de Sonia Paoloni et Éloïse Rey. Éd. Biscoto, 18 euros.

À partir de 5 ans.