Causette

Cestac au taquet

- PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE MOTROT

Elle raconte (entre autres) son Mai 68 dans le tome 2 de Filles des oiseaux. Un peu d’autobiogra­phie, beaucoup d’observatio­n et de l’humour, passionném­ent ! Pour Causette, Florence Cestac a bien voulu imaginer des dessins originaux pour illustrer notre dossier. Faut dire que Mai 68, ça lui rappelle des souvenirs à Florence…

CAUSETTE : Votre plus beau souvenir de Mai 68 ?

FLORENCE CESTAC: Tout ! Je sortais d’un pensionnat de bonnes soeurs et d’une famille d’un ennui total… Mon ciel s’est éclairé brusquemen­t, et j’ai tout envoyé péter ! J’avais 18 ans, je venais de m’inscrire aux Beaux-Arts de Rouen. À la maison, il n’y avait pas de livres, on n’écoutait pas de musique... tout ça m’est tombé dessus ! Et puis, on s’est mis à fonctionne­r en bande, on montait à Paris à huit dans une voiture, on chantait, on buvait, on réfléchiss­ait, on allait changer le monde et se débarrasse­r de celui-ci, tout gris. Et surtout, on y croyait. L’espoir était partout.

Êtes-vous d’accord pour dire que les femmes n’avaient pas la parole en 68 ?

F. C. : Oui, les mecs étaient dans la lumière, c’est sûr. Mais on était très présentes partout. Sur le coup, on voulait tout changer, mais pas spécifique­ment la condition des femmes. Personnell­ement, c’est grâce à 68 que j’ai pris conscience, comme beaucoup, des luttes à venir pour les femmes. Pour la contracept­ion, l’avortement… Après, j’ai fait toutes les manifs, je me suis engagée.

Votre pire souvenir de 68 ?

F. C. : La tôle ! Eh oui, j’ai fait dix-huit jours de préventive pour vol et destructio­n d’emblèmes nationaux ! En clair, avec des potes, le 14 juillet 1968, on a arraché les drapeaux, on a découpé le bleu et le blanc, et on a hissé le rouge ! Ça rigolait pas à l’époque : direct en prison. Je déprimais, seule dans ma cellule. Du coup, j’ai demandé à travailler. La tâche consistait à fabriquer des bouquets de violettes en plastique pour des couronnes mortuaires, à 10 centimes le bouquet… Ça m’a pas remonté le moral !

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de Florence Cestac. Tome 2. Éd. Dargaud, 52 pages, 13,99 euros.
Filles des oiseaux, de Florence Cestac. Tome 2. Éd. Dargaud, 52 pages, 13,99 euros.

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