RAYANE MCIRDI
BLOCKBUSTER
Série de sérigraphies. Projet en collaboration avec Yves-Marie Durand de l’École des beaux-arts.
Causette : En mai 2018, vous travaillez sur quoi ?
Rayane Mcirdi : Sur une série de sérigraphies, intitulée Blockbuster. Je bosse beaucoup sur le cinéma américain. J’ai lu un essai de Laura Odello* sur ce genre de films, où elle rappelle qu’à la base le mot « blockbuster » veut dire explosif. C’était une période où, justement, je dessinais beaucoup d’explosions. Mais le dessin ne me satisfaisait pas. Le prof de sérigraphie Yves-Marie Durand m’a proposé de travailler là-dessus, avec une technique classique, mais en remplaçant l’encre par de la colle. Je recouvre ensuite la colle de poudre à canon, que j’ai achetée à un chasseur.
Y a-t-il une trace de Mai 68 dans votre travail ?
R. M. : Oui, dans la mesure où il y a un sens politique, comme c’était le cas à l’époque. Au moment où je réalisais ma série, il y a eu les attentats de Charlie. J’ai été frappé de voir que la fuite des frères Kouachi avait été montée sur BFMTV avec des musiques de film. C’était un mélange hollywoodien glauque, une intrusion de la fiction très malvenue. J’ai travaillé sur cette dimension et pour mes sérigraphies, j’ai choisi des photos de vraies explosions, des photos de guerres et d’attentats.
* Blockbuster. Philosophie et cinéma, de Laura Odello. Éd. Les Prairies ordinaires.