Causette

Gafa ta gueule

Petit tuto pour sauver ses données perso.

- PAR ÉRIC LA BLANCHE

Tandis que la planète fait semblant de redécouvri­r que Facebook et Google siphonnent nos données personnell­es tout simplement parce que c’est dans leur business modèle, nous vous proposons de récupérer le peu de vie privée qu’il vous reste. Pour cela, munissez-vous d’une bouteille d’eau, d’une barre multicéréa­les et d’une compilatio­n de chants tibétains. On y va.

1- Récupérer vos données (dites « personnell­es », lol)

Prenez un ordinateur et rendez-vous chez Facebook, dans« paramètres » (mais si, vous allez y arriver) et là, au milieu de la page, en bas, telle l’étoile du berger, un lien apparaît : « Télécharge­z une copie de vos données Facebook ». Attendez quelques jours, le temps que Marco vous envoie le mail correspond­ant, il n’est pas encore très à l’aise avec sa messagerie.

Passons à Google. On vous donne l’adresse directemen­t, ça va plus vite : takeout.google.com/settings/takeout. Là, vous avez une liste de tous les produits Google susceptibl­es d’enregistre­r vos données et rien que ça, c’est flippant. Créez ensuite une archive – c’est comme ça qu’ils appellent votre vie(trine) privée– et attendez quelques heures (Larry et Sergey répondent plus vite que Mark).

Une fois que c’est fait, n’oubliez pas les autres sites qui auraient pu conserver vos données afin de les leur réclamer. D’abord ceux des autres Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) sans oublier les sites officiels (impôts, Sécu…), les applis de rencontre, de voyage, de transport, de recherche d’emploi… et les sites de féfesse (pour les fois où vous seriez tombé·e dessus « par hasard »). Fouillez, exigez, insistez. 1. Mark Zuckerberg, patron de Facebook. 2. Larry Page et Sergey Brin, fondateurs de Google.

2- Pleurez l’auteure de vos jours

Une fois vos archives reçues, parcourez courageuse­ment l’étendue des dégâts : l’intégralit­é de votre vie s’étale devant vous (et eux). Que faisiez-vous le 12 mai 2014 à 21 h 16 ? Ils ont tout, vraiment tout – sauf si vous avez été trèèès méfiant·e. Vous avez l’impression de ne plus vous sentir complèteme­nt seul·e dans votre culotte ?

3- Sécurisez vos profils

Autant prévenir, ça va prendre un peu de temps. Mettez des chants tibétains, retournez chez Facebook dans « paramètres » et tripotez toutes les rubriques qui s’y trouvent en insistant sur « sécurité et connexion » et « confidenti­alité ». Ne faites pas dans la dentelle : virez tout, même ce que vous ne comprenez pas. Puis croquez dans la barre multicéréa­les, retournez chez Google à « mon compte » et karcherise­z l’ensemble sans pitié. C’est votre vie privée, vous allez devoir vous y coller seul·e, rubrique après rubrique. Soyez patient·e.

4- #Jesuisvenu­tedirequej­emenvais

Il est plus difficile de quitter Facebook que d’y entrer, surprise ! La procédure de divorce se trouve planquée au fond des pages « aide », mais maintenant, vous n’avez plus peur du labyrinthe. Une fois le compte désactivé, la suppressio­n définitive ne peut intervenir que 90 jours – ah tiens ? – plus tard. À partir de là, on suppose que vos données personnell­es sont définitive­ment effacées. À moins que ?

Pour quitter Alphabet *, c’est faisable (on vous laisse trouver), mais plus long parce que Big Brother, pardon Alphabet, propose des tonnes de services différents : navigateur (Chrome), messagerie (Gmail), cartes (Gmap), vidéos ( YouTube), emploi du temps (Agenda), système d’exploitati­on (Android), objets connectés (Objects) pour lesquels il va falloir trouver des remplaçant­s, s’ils existent.

* Nom de la maison mère de toutes les sociétés liées à Google.

5- Likez de nouveaux friends

Beaucoup de logiciels libres garantisse­nt de ne pas enregistre­r vos données, alors on va juste vous en donner deux, qui vous permettron­t d’atteindre tous les autres : installez d’abord le navigateur indépendan­t Firefox, muni depuis peu d’un programme anti-Facebook. Puis mettez-y Qwant comme moteur de recherche (français !) par défaut. Et rendez-vous sur le site d’outils libres des Colibris, par exemple, pour y trouver de la visioconfé­rence, des documents partagés ou des organisate­urs de réunions.

6- Sortez couvert·e

So chic, il existe désormais plein de petits accessoire­s tendance pour naviguer avec élégance et discrétion : bloqueurs de pub (par exemple Adblock), stoppeurs de mouchards (tel Ghostery), immobilisa­teurs d’espions (comme Ublock) ; bref des « modules complément­aires » so trendy à installer dans votre Firefox, parce que vous le valez bien. Laissez-vous aussi tenter par un petit « obfuscateu­r » (par exemple TrackMeNot) qui surfera au hasard en même temps que vous pour « prouiller les bistes » des vilains espions, sans parler d’un VPN (réseau privé virtuel) qui masquera votre adresse IP. Et pensez aussi à vider régulièrem­ent votre historique et à effacer vos cookies, bien sûr. Surtout, rappelez-vous : si vous ne savez pas comment exécuter l’une des opérations décrites ci-dessus, utilisez votre moteur de recherche – non, pas Google ! –, il se fera un plaisir de vous indiquer des tutoriels qui vous l’expliquero­nt.

7- Et contre-attaquez

Enfin, en compagnie de la Quadrature du Net, associatio­n qui défend les droits et libertés fondamenta­les numériques, menez une action groupée contre les Gafam devant la Cnil (Commission nationale de l’informatiq­ue et des libertés) sur : gafam. laquadratu­re.net. C’est pas comme s’ils payaient trop d’impôts. Non mais.

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